Textile-habillement: Une nouvelle dimension pour la relance du secteur : l’écologie et le social

Dans notre pays, l’industrie du textile-habillement est le premier secteur manufacturier aussi bien par la densité du tissu entrepreneurial avec 2200 entreprises, que par l’ampleur de l’emploi procuré, plus de 200.000 salariés, que par également le volume des recettes procurées par les exportations.
C’est dire l’importance vitale de la santé commerciale et financière du secteur destinée à contribuer encore plus à la croissance du PIB.
Au cours des années 2000, suite au démantèlement de l’accord multifibres, le « textile-habillement a connu une crise grave suite à la concurrence agressive des produits chinois. Cela a nécessité un programme de mise à niveau spécifique mis au point afin que les entreprises tunisiennes montent en gamme, intègrent la conception de collections complètes de prêt-à-porter deux à trois fois par an, ainsi que la créativité au niveau du modélisme-stylisme, jusqu’à l’étiquetage et l’emballage des produits livrés directement chez les distributeurs et points de vente en Europe. On est alors passé de la sous-traitance à la co-traitance. Ce fut un véritable challenge au sens large du terme car il a fallu investir dans les équipements mais aussi dans l’immatériel : formation, marketing, informatisation.
Cela a permis au secteur de remporter des victoires au niveau de la reconquête des marchés extérieurs.
Depuis la crise financière de 2009 en Europe, à laquelle est venue s’agréger le soulèvement démocratique de 2011 dans notre pays, le secteur a de nouveau plongé dans l’instabilité politique et socio-économique avec des revendications et des perturbations sociales qui ont mis à mal la compétitivité de nos produits.
Ce n’est que depuis 2017-2018 que le secteur a repris des couleurs avec une croissance des exportations de 17% selon les propres termes du président de la Fédération du textile-habillement lors de sa dernière apparition publique.
Il faut dire qu’il y a dix ans déjà, une trentaine parmi les plus importants donneurs d’ordre européens et distributeurs qui maîtrisent une bonne partie du marché européen, s’étaient associés pour créer le “SUSTAINABLE Apparel Coalition”, un groupement pour l’habillement durable dans le but de limiter, sinon réduire l’impact écologique et social de la fabrication des vêtements.
En prévision des attentes des consommateurs, les professionnels européens du secteur avaient déjà au début des années 2010 un comportement “écologiquement responsable” embrassant la traçabilité de l’ensemble de la filière.
Cela a engendré en 2012 la mise au point par la SAC de l’indice HIGG : un outil permettant de mesurer l’impact environnemental des produits textiles.
La SAC a établi une batterie de critères et instruments permettant de mesurer la performance des produits textiles en matière de développement durable comme par exemple la consommation en eau et en énergie, la nature et la quantité des produits chimiques utilisés, le taux de pollution, les conditions de travail des ouvriers dans les usines, ainsi que le respect de leurs droits sociaux, normes d’hygiène et de protection sociale.
Les résultats sont consignés dans une base de données et aboutissent  à des notations pour l’ensemble de la filière, y compris les sous-traitants pour la première étape.
Pour la deuxième étape, il y aura création d’un label pour le consommateur destiné à lui permettre d’apprécier le degré de développement durable du vêtement proposé à la vente.
C’est pourquoi la Fédération du textile a organisé récemment un atelier pour sensibiliser ses adhérents à un nouveau challenge à relever pour faire face aux nouveaux impératifs du marché européen de plus en plus sensible aux préoccupations environnementales d’écologie.
Les industriels tunisiens du secteur doivent non seulement s’engager résolument dans cette démarche en adoptant les normes écologiques préconisées par la SAC mais également inciter les pouvoirs publics tunisiens à assumer leur rôle. A savoir concevoir un plan stratégique pour mettre à niveau le pays en matière de protection de l’environnement avec des infrastructures de base respectant les normes écologiques et environnementales, et mettre au point des incitations vis-à-vis des industriels privés.
La stratégie de la fédération consiste en première étape à réaliser une phase pilote avec dix entreprises industrielles avant d’établir des recommandations à adopter pour l’ensemble du secteur en deuxième phase.
Il convient de rappeler que le secteur du textile-habillement demeure malgré tout fragile car peu intégré à cause d’un maillon faible, celui de la défaillance, sinon de l’inexistence de la filature et du tissage, ce qui explique le volume important des importations de tissu destiné à la confection et à la réexportation. Il faut reconnaître qu’il y a de rares activités de tissage réussies quand même comme celle de la SITEX qui fabrique d’excellentes toiles denim à Sousse pour les jeans, outre l’usine de tissage du velours à Monastir.

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