La cérémonie de lancement de la Phase II du projet GTEX-MENATEX (2024-2027) s’est tenue hier vendredi 14 juin 2024 à Tunis. Il s’agit d’un projet d’assistance technique piloté par le Centre du Commerce International (ITC) et financé par le Secrétariat d’état à l’économie suisse (SECO) et l’Agence suédoise de développement et coopération internationale (SIDA).
Il vise à soutenir le secteur du Textile et Habillement dans 5 pays dont la Tunisie, pour accroître sa compétitivité à l’exportation en se concentrant sur les aspects de durabilité et de circularité en tant que moteurs clés de la compétitivité.
Cette cérémonie qui a permis de mettre en lumière les réalisations notables et les opportunités de collaboration dans le cadre de ce projet s’est tenue en présence notamment de la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Fatma Thabet Chiboub, de l’ambassadeur de la Confédération Suisse en Tunisie Josef Renggli, de Haithem Bouajila, Président de la Fédération Tunisienne de Textile et Habillement.
GTEX II: 33 entreprises bénéficiaires
Lors d’une déclaration accordée à Réalités Online, la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Fatma Thabet Chiboub a affirmé que la première phase du projet a été couronnés par des résultats très excellents et donc très favorables, évalués lors d’un copil (Comité de Pilotage).
Elle a précisé que la première phase concernait 44 entreprises, incluant des grandes ainsi que des petites et moyennes entreprises. Un système de parrainage et de monitoring a été mis en place pour favoriser un meilleur transfert de savoir-faire et une réussite accrue, tout en évitant les mauvaises expériences passées et en construisant sur les bonnes.
Elle a ajouté que la deuxième phase dont le lancement vient d’avoir lieu aborde divers aspects tels que la création, l’institution, l’accompagnement des entreprises, l’internationalisation, la protection de l’environnement, l’économie d’énergie, le positionnement sur l’international, la certification, et la formation. Elle inclut également la mise en réseau des entreprises, tous ces éléments visant à aider les entreprises à se développer.
En effet, les bénéficiaires de ce programme sont des PME dynamiques et des créateurs de mode innovants, prêts à exporter à l’international, et qui soient engagés dans des pratiques respectueuses de l’environnement, y compris l’utilisation des matériaux durables, recyclés ou organiques, et l’adoption de pratiques socialement et écologiquement éthiques tout au long de la chaîne de valeur.
La ministre a assuré qu’au niveau institutionnel, il y a une collaboration entre les ministères, comme le ministère du Commerce et celui de l’Industrie, ainsi que les institutions du ministère de l’Industrie, notamment celles en charge du secteur textile et habillement, le centre technique du textile et habillement, et le technopole textile.
Textile : un potentiel énorme
La ministre a souligné le potentiel énorme du secteur du textile en Tunisie précisant que de nombreuses multinationales souhaitent s’implanter dans notre pays. « Le secteur textile et habillement reste très attractif grâce à la qualité des compétences tunisiennes et au travail acharné des entreprises tunisiennes et de leur personnel. Le jean tunisien se positionne très bien aux États-Unis, montrant que la compétence tunisienne est un atout majeur, au-delà de la proximité géographique. La Tunisie est parmi les cinq premiers exportateurs sur le marché européen et continue de conquérir des marchés exigeants comme le Japon, la Corée du Sud, et les Etats-Unis. « a-t-elle précisé.
Dans ce contexte, la ministre a souligné l’importance de la contribution des femmes tunisiennes, qui représentent 80% de la main-d’œuvre dans le secteur textile et habillement, et qui sont le moteur de la croissance de ce secteur.
Saber Ben Kilani, directeur général du textile et de l’habillement au ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, a affirmé que le projet Gtex, axé sur l’économie circulaire, joue un rôle crucial dans la transformation et la dynamisation du secteur industriel en Tunisie, en particulier dans le domaine du textile et des vêtements. Malgré les nombreux défis rencontrés, tels la crise financière mondiale de 2008-2009, les tensions sociales persistantes depuis 2011,la pandémie et récents conflits militaires en Ukraine et en Palestine , ce secteur a su non seulement préserver mais aussi augmenter le nombre d’emplois créés.
1400 entreprises, 153 000 emplois
Il a souligné que le projet GTEX vise à mettre en œuvre diverses réformes à l’échelle commerciale, à développer les exportations, à faciliter l’accès aux investissements étrangers directs et, surtout, à créer des emplois stables et de qualité. Il a précisé qu’actuellement, le secteur textile et de l’habillement emploie 153 000 personnes, représentant une part significative de l’emploi industriel en Tunisie, avec 1400 entreprises en activité.
Ben Kilani a également mentionné qu’une étude stratégique menée par le ministère de l’Industrie, qui s’étend jusqu’en 2035, a pour objectif de renouveler le secteur en intégrant des innovations, en améliorant la durabilité environnementale et en assurant la stabilité sociale. Cette étude aborde plusieurs aspects, incluant l’investissement, l’exportation et la qualité des emplois, afin de garantir une croissance durable et résiliente du secteur industriel.
La Tunisie, 9ème exportateur vers l’Union Européenne
Par ailleurs, il a noté que la Tunisie a été classée comme le 9ème exportateur vers l’Union Européenne en 2024, ce qui démontre la qualité et la compétitivité des produits tunisiens sur le marché international. Il a également ajouté que les articles de textile produits en Tunisie et exportés vers l’Europe sont classés premiers en termes de prix, dépassant ainsi les plus grands industriels de textile tels que la Turquie. Il a précisé que la valeur du kg de textile exporté vers l’Europe est estimée à 36 euros, ce qui démontre la compétitivité des produits locaux.
GTEX/MENATEX: une enveloppe de hauteur de 12 millions d’euros
De son coté, l’ambassadeur de la Confédération Suisse en Tunisie Josef Renggli s’est félicité du lancement de cette deuxième phase du projet. « Nous sommes vraiment très heureux de pouvoir continuer avec une phase II de ce projet, qui vise à rendre le secteur textile tunisien encore plus compétitif, afin de créer plus d’emplois et d’apporter davantage de valeur ajoutée à l’économie tunisienne « a-t-il déclaré au micro de Réalités Online. Et d’ajouter: « Une analyse de la phase I a montré son succès et a servi de base pour le financement de cette deuxième phase. Le programme. GTEX/MENATEX est régional et actif dans plusieurs pays de la zone MENA. Le budget global du programme est d’environ 12 millions d’euros, dont 2 millions en Tunisie. Un processus de sélection d’entreprises a été mis en place, et 33 entreprises tunisiennes bénéficieront de ce programme. »
Wajdi Naffeti, coordinateur national du projet GTEX, a expliqué que le projet cherche à renforcer le secteur textile et habillement, en mettant particulièrement l’accent sur la durabilité, le développement durable, la circularité et la digitalisation, ce qui constitue une spécificité de la phase 2 par rapport à GTEX I. Il a indiqué que le projet se concentrera sur deux axes principaux.
Le premier axe est institutionnel et comporte deux niveaux : d’une part, le niveau politique sectoriel et stratégique, et d’autre part, le renforcement des capacités des institutions soutenant l’investissement, le commerce et le secteur industriel au sens large.
Le second axe concerne les entreprises, incluant des entreprises industrielles, des créateurs de mode et des fournisseurs de technologies vertes. Naffeti qui s’exprimait au micro de Réalités Online a précisé que le projet s’étendra sur quatre ans, du 1er janvier 2024 au 31 décembre 2027.
Il a également mentionné que le projet bénéficie du soutien de nombreux partenaires institutionnels, tels que le ministère de l’Industrie, le ministère du Commerce, ainsi que des institutions d’appui comme le CETEX (Centre Technique du Textile), le CEPEX (Centre de Promotion des Exportations), le MFCPOL (Pôle de compétitivité de Monastir El-Fejja) et le CITET (Centre International des Technologies de l’Environnement de Tunis). De plus, des collaborations avec des instituts académiques, notamment l’école d’ingénieurs de Monastir, l’ISET de Ksar Halel et l’Institut de la Mode, sont également prévues.
De son coté, Haithem Bouajila, Président de la Fédération Tunisienne de Textile et Habillement, a considéré que le projet GTEX Phase II permettra d’élever les compétences, de faciliter l’accès au marché et de soutenir la commercialisation, la transition digitale et écologique des entreprises tunisiennes opérant dans le secteur du textile. Il a souligné que ce projet soutient non seulement les PME, mais également le secteur dans son ensemble, en promouvant des transitions vers des niveaux plus élevés de performance et d’efficacité.
Bouajila qui s’exprimait au micro de Réalités Online a mis en avant l’importance de ce projet en soulignant que, grâce à la phase I, de nombreuses leçons ont été tirées et de nombreux résultats ont été obtenus. Ces apprentissages ont permis de réaliser un diagnostic précis et de formuler un plan d’action pour la phase II. Malgré les excellents résultats obtenus dans la phase I. « Je suis convaincu que la phase II sera encore plus ciblée et productive, en soutenant 33 entreprises ainsi que de jeunes créateurs et créatrices. »a-t-il affirmé.
Il a également insisté sur l’importance de la transition digitale et écologique, de l’accès au marché et de l’internationalisation accélérée des entreprises tunisiennes. Bouajila a affirmé que la production locale est très compétitive à l’échelle internationale et innovante, favorisant un esprit entrepreneurial dynamique, libérant les initiatives et permettant aux jeunes d’innover et de créer.
Des défis majeurs à relever
En évoquant les défis, il a souligné la nécessité de résoudre les problèmes réglementaires pour faciliter le fonctionnement des entreprises. Il a précisé que bien que la Tunisie compte des milliers de PME, seules quelques dizaines disposent des certificats de prévention et des autorisations de classement nécessaires, ce qui entrave leur capacité à opérer efficacement et à répondre aux audits des clients internationaux.
Bouajila a plaidé pour une transition d’un esprit de blocage à un esprit d’accompagnement et d’amélioration continue afin de créer un climat des affaires plus sain et de permettre une croissance durable et espérée.
Dans sa phase II, le programme GTEX/MENATEX accompagnera exclusivement les PME et les CREATEURS en leur offrant des services personnalisés, comprenant notamment :
Amélioration de leur compétitivité à travers des cursus de formation et de coaching personnalisés.
Sensibilisation aux normes et exigences internationales en matière de durabilité, et appui pour l’obtention de certifications pertinentes, essentielles à l’exportation sur des marchés durables.
Appui à la digitalisation de leurs processus, pour une traçabilité et une gestion efficace des flux d’information.
Facilitation de leurs accès à de nouveaux marchés internationaux.
Renforcement de leurs relations avec les établissements universitaires et de formation, ainsi qu’avec des initiatives de circularité au niveau mondial.