Ticad-8 : Infrastructures en Afrique : Malgré les défaillances, il y a des success stories

Bien qu’ils occupent une place de choix dans le développement économique des pays de l’Afrique, le manque des investissements en infrastructure se présente depuis toujours parmi les freins effectifs à l’évolution du continent africain. Toujours dans le cadre des événements qu’elle organise en parallèle à la 8ème Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 8) qui se tiendra les 27 et 28 août 2022 en Tunisie, l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) a mis l’accent, ce mercredi 24 août 2022, sur la question. Placé sous le slogan : « Opportunités d’investissement dans le développement des infrastructures en Afrique », cet événement fait partie des événements parallèles en ligne de la JICA qui se poursuivront jusqu’au vendredi 26 août 2022. 
Les pays africains ont, en effet, enregistré une croissance économique importante réalisée principalement en promouvant le développement du secteur privé. Cela a accru l’importance accordée aux infrastructures urbaines et interurbaines, telles que celles liées au traitement des eaux usées et leur réutilisation, le transport et les télécommunications. Cependant ces projets nécessitent beaucoup d’investissements et la mobilisation de ressources financières n’est pas facile à réaliser. En outre, les projets dans les pays en développement peuvent être considérablement affectés par de nombreuses contraintes extérieures, telles que l’instabilité macroéconomique, les troubles politiques et le cadre réglementaire. 
Ouvrant les travaux de cette table ronde, Keiichiro Nakazawa, vice-président principal (JICA) a souligné l’importance de saisir les opportunités de développement et de promouvoir les investissements dans les infrastructures en Afrique à travers le partage du succès et la mobilisation des financements nécessaires pour soutenir les entreprises qui opèrent dans ce domaine. 
Il a par ailleurs indiqué que la JICA a contribué au financement de plusieurs projets initiés dans des pays africains dans les infrastructures liées aux routes et aux énergies renouvelables, exprimant son espoir de voir ces interventions s’élargir pour toucher le plus grand nombre de pays du continent.
De son côté, Vivek Mittal, PDG, AfIDA, une association qui travaille avec plusieurs sociétés d’investissement en Afrique a déclaré que « l’association a mené plusieurs enquêtes en Afrique qui ont révélé que l’investissement privé dans les infrastructures n’est pas suffisant sur le continent africain notamment dans le transport, la logistique et les services et que des réflexions sont en cours avec la Banque Mondiale pour voir comment relancer les investissements en Afrique ».
Il a soulevé des problèmes et des difficultés au niveau des pays d’accueil des projets d’investissement et de l’environnement des affaires qui s’est détérioré partout dans le monde, selon ses dires. « Malgré les efforts fournis, les opérations d’investissement dans les infrastructures en Afrique sont trop peu puisque les investisseurs ont du mal à trouver des capitaux », a-t-il dit.  
Outre le manque de capitaux, il a reconnu que le continent africain a accueilli plusieurs projets d’infrastructures mais sans contribuer à l’amélioration de la situation. Il a expliqué cela par l’absence d’harmonisation et de collaboration entre le secteur privé et public, appelant ainsi à mettre en place un cadre réglementaire adéquat réglementant les opérations d’investissement dans ce domaine. 
Quant à Rami Ghandour, directeur général, METITO, une société de distribution d'eau dont le siège est aux EAU, a déclaré que le groupe Metito, qui bénéficie du soutien de grands investisseurs tels que la société japonaise Mitsubishi et la branche d'investissement de la Banque Mondiale a mené plusieurs projets au Moyen-Orient mais aussi en Afrique. 
Il a indiqué que la société Metito a déjà mené un projet au Rwanda portant sur l’assainissement des eaux usées et a présenté une offre pour un projet au Botswana, en Afrique, où les eaux usées sont directement recyclées en eau potable. En Égypte, Metito mène aussi d'énormes projets, notamment un programme ambitieux pour irriguer le désert du Sinaï avec de l'eau recyclée et provenant du canal de Suez. Des projets qu’ils jugent très important : « Nous attendons l’impact de ces projets sur le développement des infrastructures dans la région », a-t-il dit. 
Tshepidi Moremong, Chef de l’exploitation du projet « Afrique 50 » a appelé à accélérer le développement des infrastructures en Afrique, soulignant que 80% des projets n’ont pas abouti suite à la non pertinence des études de faisabilité. 
Comme solution, elle a préconisé le renforcement des études propres à ces projets et l’accélération de leur mise en place en temps opportun. 
Elle a par ailleurs évoqué la difficulté des investisseurs à trouver un accord de partage de risque, appelant par la même occasion à mieux s’informer du cadre juridique et de l’ensemble des procédures réglementant les opérations d’investissement dans le pays où on voulait s’installer.  
Elle a soulevé plusieurs difficultés entravant le développement des projets d’infrastructure en Afrique dont le choix de projets à faible impact, la faiblesse des études et des business plans, le retard dans l’obtention des approbations et des autorisations et la difficulté de s'entendre sur le partage des risques entre les parties prenantes. 
« Afrique 50 », « AfIDA » et « Metito » sont des cas de réussite où des investisseurs internationaux ont pu surmonter les défis, avec des institutions de financement du développement et d’autres parties prenantes et ont pu ainsi mobiliser leurs connaissances et leur savoir-faire sur le marché africain des infrastructures. L'exemple de ces entrepreneurs pourrait contribuer au développement des infrastructures dans la région.

Khadija Taboubi

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