« Renforcer l’intégration régionale : Promotion de la ZLECAf et des échanges commerciaux à l’heure post-Covid». Tel a été le thème débattu, lundi 22 août 2022, autour d’une table ronde réunissant plusieurs responsables de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), de la Banque Mondiale, de l'Organisation mondiale des douanes (OMD), de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et des responsables de pays africains. Organisé en ligne à l’initiative de la JICA, cet événement s’inscrit dans le cadre de la 8ème Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 8) qui se tiendra les 27 et 28 août 2022 en Tunisie. Ces événements parallèles ont démarré lundi 22 août 2022 et se poursuivront jusqu’au 26 du même mois. Ils porteront sur plusieurs questions dont l’agriculture, le changement climatique, l’éducation, l’intégration régionale et la santé.
Wamkele Mene, secrétaire général de la Zone de libre-échange continental africaine a rappelé que l'accord de la ZLECAF avait été négocié par l'Union africaine (UA) et signé par 43 pays parmi ses 55 États membres mais il a été par la suite ralenti suite à la guerre russo-ukrainienne et la propagation de la pandémie Covid-19 qui n’a épargné aucun pays dans le monde.
Il a par ailleurs appelé à développer le commerce intra-africain tout en levant les barrières douanières et stimulant les industries productives.
Selon lui, un travail est actuellement en cours avec les pays membres de cet accord pour voir comment aménager les infrastructures, améliorer le transit des marchandises, faciliter le commerce et lever les entraves douanières.
De son coté, Boutheina Guermazi. Directrice, Intégration régionale en Afrique, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, à la Banque mondiale a préconisé un passage efficace d'une situation de fragilité à la résilience de la région africaine tout en engageant les secteurs public et privé dans une politique et une stratégie globale rassemblant toutes les voix en une seule.
Quant à Demitta Gyang, chef de la coopération douanière, de la facilitation du commerce et du transit à la JICA, il a tenu à préciser que l’accord sur la création d’une région commune pour la facilitation du commerce intra-africain est déjà doté d’un cadre juridique. Un planning sur les procédures et les tarifs douaniers a été aussi mis en place et signé par les pays de l’Afrique de l’ouest. Une initiative permettant aux entreprises de l’Union Africaine de bénéficier d’une région de préférence avait été aussi élaborée.
Il a en outre indiqué qu’un document sur les procédures de délocalisation des entreprises des pays membres de l’UA a été préparé et certains pays ont déjà eu recours à ses procédures : «La structure est déjà faite et elle est bien établie et il ne reste que l’aspect institutionnel qui est aussi en étape finale. Il est très important d’identifier et de se mettre d’accord sur les tarifs douaniers et les règles d’origine de chaque pays », a-t-il dit.
Demitta Gyang a, dans ce contexte, souligné l’importance de la connectivité et de la numérisation des procédures et des documents. Selon lui, 5 pays de l’UA ont avancé déjà dans la numérisation des documents et le travail portera prochainement sur la numérisation des documents et leur mise en œuvre dans le cadre de la ZLECAF.
Toshiyuki Nakamura, vice-président principal de la JICA a quant à lui évoqué les défis de la mise en œuvre de la ZLECAF, soulignant que le commerce intra-africain s’est détruit après la crise du COVID-19 et la guerre russo-ukrainienne, appelant ainsi les pays de l’Afrique à se rassembler et à créer un marché alternatif tout en appuyant le développement et le maintien des infrastructures de transport capables d’attirer les investissements : « Nous avons besoin d’une approche inclusive facilitant le commerce entre les pays de l’Afrique », a déploré le responsable de la JICA, appelant à investir et à développer les compétences des ressources humaines afin de pouvoir traiter avec ce genre de sujet et augmenter la productivité.
Il a aussi préconisé la création d’un guichet unique de douane et un poste frontalier unique. En parallèle, nous devons, selon lui, inciter le secteur privé à s’implanter en Afrique pour garantir une amélioration continue au service de la productivité des industries.
Kunio Mikuriya, Secrétaire général de l'Organisation mondiale des douanes (OMD) a souligné que la pandémie du Covid et la guerre russo-Ukrainienne a divisé la chaine d’approvisionnement, appelant ainsi à améliorer la résilience de la chaine de distribution à travers la numérisation des procédures douanières et l'échange de documents informatiques aux frontières afin d’établir une libre circulation des marchandises à l'échelle du continent.
Il a appelé aussi les entreprises installées dans le continent à apprendre et à se familiariser avec la connectivité et la numérisation des procédures douanières pour faciliter et contrôler au mieux le passage aux frontières, mettant en garde contre le risque de la prolifération de la contrebande et du commerce parallèle en l’absence d’informations et de données numérisées.
Pour la directrice générale adjointe de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), Amy Pope, l’Afrique est un défi en soi puisque le déplacement des personnes n’est toujours pas facile et il n’est pas contrôlé, ce qui augmente, selon elle, le risque de la migration illégale des personnes, appelant ainsi à réfléchir à cette question dans le cadre d’une approche globale. « Nous devons développer le commerce intra-africain et créer de la croissance dans la région mais en parallèle nous devons être prudent du marché informel qui pourrait poser un grand problème au niveau des frontières», a-t-elle alerté.
Amy Pope a aussi exprimé le besoin de connectivité aux frontières afin de contrôler les entrées et les sorties en temps réel. « Nous devons travailler en harmonie avec toutes les parties prenantes pour assurer la sécurité des personnes et des marchandises. C’est ca le plus important », a-t-elle dit.
Peter benhur nyeko entrepreneur d’Ouganda a lancé un appel aux entreprises industrielles et aux investisseurs pour s’installer en masse en Afrique afin d’améliorer les conditions du travail des Africains et de créer de nouveaux postes d’emploi dans la région. Cela permettra aussi, selon ses dires, d’améliorer la productivité et de stimuler la croissance en Afrique. « Avoir un marché africain, cela permettra aussi de réduire les coûts dans la région », a-t-il assuré.
benhur nyeko a dans le même contexte évoqué la question de la langue qui pose plusieurs problèmes entre les différents pays membres de la ZLECAf. Pour résoudre ce problème, il a appelé à la création d’un système de facilitation des transactions et de transfert de technologies. Cela permettra aussi, selon lui, de créer des opportunités dans la région.
Il a également souligné l’importance d’aller vers le projet de création d'une monnaie africaine unique à l’instar de l’Union européenne.
Khadija Taboubi