
Sami Mahbouli*
J’ai attendu un peu de temps avant de m’exprimer sur l’affaire de l’école coranique du Regueb : écrire sous le coup de la colère n’est jamais bon. Et puis, j’étais persuadé que face à l’ignominie, j’assisterais à un Tsunami d’indignation, à une véritable levée de boucliers contre la bête hideuse qui profane l’enfance de notre pays.
Certes, la Toile s’est enflammée, l’émotion de certains députés n’était pas feinte et on a eu même droit à de belles envolées lyriques sur les ondes et sur les plateaux télé. C’est, disons-le franchement, bien peu au regard de la gravité de l’outrage. Que nous faut-il de plus que des enfants séquestrés et violés par des pervers ignorants pour que nous déclarions la guerre à l’obscurantisme ?
Depuis des années, grâce à une révolution que le monde entier nous envie et qui a amnistié les terroristes et donné droit de cité aux « barbus » et à la burqa, nous subissons au quotidien les assauts d’un obscurantisme qui a juré de détruire notre modèle sociétal et de nous ramener au Moyen-Âge.
Gavés de l’argent des sponsors de Daech et profitant de la bienveillance d’une Troïka abjecte, de prétendues associations caritatives ou religieuses ont poussé comme des champignons vénéneux à travers tout le pays ; après s’être spécialisées dans les voyages organisés pour candidats au Jihad, les mêmes officines de mort se sont reconverties, une fois le chemin de Damas barré, dans le lavage de cerveaux des plus jeunes. Sous couvert d’enseigner le Coran, leur véritable dessein est de former les bataillons d’un islam radical qui s’attaquera à toutes les formes de progrès social et de modernité dans notre pays. Le Coran, au demeurant, se porte bien en Tunisie et se passerait volontiers de l’enseignement prodigué par des tortionnaires d’enfants.
Ce n’est sûrement pas avec un ministre des Affaires religieuses aussi mou et effacé que cette purée de Satan va cesser de sévir et de s’en prendre à l’innocence de nos enfants. Dans le doute, au diable les demi-mesures et les mains tremblotantes : il faut provisoirement et sans tarder fermer toutes les écoles dites coraniques afin d’en auditer scrupuleusement le financement et les activités. Une année blanche pour de telles écoles ne fera de mal à personne …
Afin que nos enfants cessent d’être la proie de désaxés, il ne faudra pas hésiter à piétiner le juridisme et à faire fi des bonnes manières :on ne combat pas les pédophiles avec les articles d’une constitution lamentable et le « Blabla » des puristes du Droit mais avec une main de fer et des mesures d’exception.
Dans ce combat contre l’arriération et le fanatisme, l’Etat se doit d’assumer plus sérieusement ses responsabilités et de rompre avec le laxisme et le laisser-aller qui ont favorisé l’impunité dont jouissent ces monstres :tout le monde ou presque savait que ces écoles de la honte dissimulaient des fabriques d’illuminés et de terroristes ; les gouverneurs, les sécuritaires et de manière générale tous les fonctionnaires qui ont fait semblant de ne rien voir sont au mieux des incompétents, au pire des traîtres à leur pays. La guerre contre la corruption des cerveaux de nos enfants est au moins aussi urgente que celle menée actuellement au niveau économique ; un homme d’affaires véreux sera toujours éminemment plus sympathique qu’un terroriste ou qu’un kamikaze…
Après s’en être pris aux artistes, à des militants comme Belaïd et Brahmi, aux femmes, et même aux tombes de nos Saints, c’est à ce que nous avons de plus cher, à savoir nos enfants, que cette peste noire s’attaque. Pour l’éradiquer et ainsi préserver l’avenir de notre pays , un seul mot d’ordre : tolérance zéro.
*avocat et éditorialiste