En visite de travail à l’île de Djerba à l’occasion de la reprise relative de la saison estivale après une suspension de plusieurs mois de l’activité touristique en raison des conditions sanitaires exceptionnelles, le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mohamed Ali Toumi, a affirmé qu’il est grand temps de révolutionner le secteur à travers la diversification du produit touristique en Tunisie estimant que cette dernière dispose d’un énorme potentiel toujours sous-exploité. Il a ajouté que le tourisme balnéaire dont l’apport économique et financier est irréfutable durant la saison estivale notamment, devrait être renforcé davantage on y associant d’autres activités qui ressortent du tourisme alternatif, à savoir culturel, écologique, sportif, médical etc.
Lors d’une rencontre avec des professionnels du secteur et des représentants de médias locaux et internationaux, Mohamed Ali Toumi a également mis l’accent sur la nécessité d’opter pour une démarche de restructuration du secteur afin d’éviter sa fragilité face à tous types de crises auxquelles il est confronté particulièrement aux plans économique, sanitaire et sécuritaire. Il a, dans ce contexte, expliqué que contrairement aux destinations touristiques les plus prisées à travers le monde, en Tunisie le secteur demeure fragilisé et est menacé d’effondrement à tout moment, par la moindre crise. Le ministre considère qu’il est grand temps d’opter pour une démarche et une lecture scientifique afin d’effectuer un bon diagnostic et déterminer, une bonne fois pour toutes, ses points faibles et donc y remédier.
Vers la création d’une direction de réflexions stratégiques et de planification
Dans ce contexte, il a annoncé qu’une cellule de réflexions stratégiques et de planification vient de voir le jour depuis deux semaines environ au sein de son département précisant que cette même cellule qui est formée d’une dizaine de cadres relevant du ministère et de l’Office National du Tourisme (ONTT) devrait être transformée en direction à part entière. L’objectif étant de mettre en place une structure chargée de l’évaluation, tout au long de l’année et non uniquement en période de crise, de l’ensemble des stratégies liées au secteur touristique afin de révéler les manquements et ce, par le biais d’une approche essentiellement scientifique.
Le ministre du Tourisme a, dans ce contexte, considéré que les stratégies de travail à court et moyen termes ont donné la preuve de leurs limites précisant que la restructuration du secteur nécessite désormais une vision à long terme allant jusqu’à 2035.
Et si on arrêtait de naviguer à vue ?
Pour Mohamed Ali Toumi, dans un monde qui évolue si rapidement, parier sur la digitalisation du secteur touristique n’est plus une option mais une obligation pour mieux se positionner et pour apporter un produit innovant et concurrentiel.
« Malheureusement, nous n’avons jamais su faire du tourisme avec une lecture scientifique… On s’est depuis toujours contenté de naviguer à vue. Les meilleurs pays touristiques à travers le monde l’ont compris. Ils optent, en effet, pour une approche totalement scientifique en se basant essentiellement sur les données fournies par les nouvelles technologies de l’information et de la communication à l’instar des réseaux sociaux qui fournissent une large base de données et qui, à travers des algorithmes bien déterminés, permettent désormais de déchiffrer les orientations de la clientèle potentielle et définir les produits touristiques qui pourraient susciter son intérêt. » a-t-il expliqué.
Hajer Ben Hassen