Tourisme : A quelque chose malheur est bon

Un chirurgien ne demande pas à un malade atteint de la gangrène s’il a envie de se faire amputer ! Notre tourisme se meurt depuis plus de vingt ans, et d’hésitation en ambiguïté, le secteur est proche de la paralysie. Sauf à aborder de front les questions de formation, de promotion, de restructuration, de redéfinition du produit, le tourisme tunisien va droit dans un mur en béton ! Alors trêve de dérobades, la devise « à quelque chose malheur est bon » n’a jamais été aussi vraie. Nous avons une opportunité exceptionnelle pour tout mettre à plat, bien à l’horizontale, afin de rejoindre les grandes destinations touristiques avec un produit digne d’un pays à l’histoire millénaire.

Commençons par les hôteliers qui vivaient dans la peur, et qui s’installent à présent dans la douleur. Pour voir plus clair et minimiser les dégâts, il faut impérativement séparer les bons grains de l’ivraie. Il y va de la survie du secteur et des institutions financières qui y sont empêtrées. Le repère doit être la date du 31 décembre 2010, il faut tirer un trait au feutre rouge et prendre tous les hôtels un par un avec leur historique avant cette date, pour faire un premier tri et classer ces hôtels en deux catégories : la première regroupant tous les promoteurs qui étaient en règle avec la CNSS, la STEG, les bailleurs de fonds, en somme ceux qui se sont comportés avec sérieux et bonne foi, ceux là méritent soutien et encouragement et l’Etat ne doit pas hésiter pour intervenir en leur faveur :

En demandant aux banques de renoncer à une partie des intérêts qui, tout le monde le sait, étaient abusifs et inhumains.

En se portant garant auprès de ces mêmes banques pour qu’elles facilitent à ces promoteurs sérieux l’octroi de fonds nécessaires pour couvrir les besoins de deux années en entretien, rénovation, frais fixes de gestion dont les frais du personnel qu’il faut absolument maintenir, et ce à un taux proche du coûtant !

En accélérant enfin la mise en application des récentes mesures décidées par le gouvernement que sont : l’exonération fiscale sur les augmentations de capital souscrites par les SICAR, et le changement de vocation des résidences touristiques qui pourraient être vendues en Immobilier. Imaginez que l’hôtel DAR NAOUAR soit vendu en lots de terrain, il pourrait rapporter à la banque qui en détient les actions de quoi récupérer l’équivalent de plusieurs créances douteuses.

Avec ce train de mesures, il ne sera plus nécessaire de classer les créances de cette première catégorie comme douteuses !

Il en sera autrement avec la deuxième catégorie qui concernera tous les canards boiteux, et qui à des degrés divers, n’ont pas fourni d’efforts pour ne pas dire n’ont jamais rien fait pour assainir leurs situations. Avec ceux là, il est tout simplement question de les fermer avec l’intention d’arrêter leur hémorragie et de ne permettre leurs réouvertures qu’après avoir trouvé une solution claire, viable et garantissant leur pérennité !

Il faut plus que jamais de la vision, du courage et de l’autorité. Si on n’assumait pas, le tourisme tunisien coulera pour longtemps en emportant dans ses cales des centaines de milliers d’emplois.

Côté cours de l’Administration, d’aucuns assurent même que l’ONTT est devenue une coquille vide, et que le Ministère brille par son manque de capital humain.

Le département Inspection et Qualité du produit doit être rattaché au Ministère après son renforcement par des recrutements judicieux, notre pays regorge de grands diplômés, et il est bien connu que c’est en temps de crise qu’il est le plus propice d’investir !

La formation professionnelle doit être privatisée tout en gardant l’établissement des cahiers des charges des futures écoles de tourisme et la tutelle au Ministère. Les professionnels participeront activement à l’élaboration des programmes d’enseignement pour mieux répondre aux besoins spécifiques du secteur ! Cette option permettra la création de plusieurs emplois et rien n’empêchera l’Etat d’octroyer des bourses à des élèves nécessiteux avec le budget récupéré sur la privatisation.

Enfin il faudra créer une agence de communication et de promotion, pourquoi pas en PPP, pour préparer dans la sérénité une reprise ambitieuse en pensant de toute urgence aux besoins de l’e-tourisme, pour reconstruire l’image d’un pays riche de plusieurs milliers d’années d’histoire !

Le Ministère qui gagnera à être restructuré, remettra en selle tous les créneaux qui donnent au tourisme son importance et son prestige : artisanat, culture, éco-tourisme, produit saharien, golf, Thalassa. Certes, le chantier paraît gigantesque, mais notre pays regorge de compétences, d’expériences, d’entrepreneurs qui sont capables de relever les défis et rompre définitivement avec la médiocrité, la saleté et la routine !

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