Tourisme : Les fédérations œuvrent pour un tourisme alternatif et durable

Lors d’une conférence de presse organisée aujourd’hui à Tunis par la Fédération Tunisienne des Agences de Voyages (FTAV) et en partenariat avec l’association allemande des voyagistes DRV, les points cruciaux d’une étude portant sur les obstacles juridiques au développement du tourisme alternatif et durable en Tunisie ont été exposés par les différents intervenants.

Le débat a été orchestré par les quatre présidents des fédérations professionnelles du secteur du tourisme, à savoir M. Ahmed Bettaieb à la tête de la FTAV (Fédération Tunisienne des Agences de Voyages et de Tourisme), Mme Dora Milad présidente de la FTH (Fédération Tunisienne de l’hôtellerie), M. Houssem Ben Azouz numéro un de la Fi2T (Fédération Interprofessionnelle du Tourisme) et M. Mehdi Hachani à la tête de la FTGAT (Fédération Tunisienne des Guides Agréés de Tourisme). Lors de cette conférence, l’hymne récité s’est inscrit sous l’emblème « pour un tourisme alternatif et durable ». Un projet de promotion du tourisme tel que vu par les fédérations précitées a été soigneusement étayé où les intervenants ont lancé un appel unanime aux différentes autorités de tutelle afin de mettre en place un système touristique différent, durable et à même de booster l’économie nationale.

Contraintes juridiques

C’est le représentant de la DRV en Tunisie, qui a ouvert le débat en annonçant l’objectif de cette étude, mentionnant que le projet date de 2019 pour se poursuivre jusqu’à 2025. Il a évoqué les trois axes principaux sur lesquels s’articule le projet. A savoir le développement d’un service et d’un produit touristiques durables, la collaboration avec les agences de voyage, le soutien de l’intérêt touristique. Financée par la BMZ, coordonnée par la SEQUA et exécutée en Tunisie par la DRV, le projet exposé tend à installer un programme relatif au tourisme alternatif et durable.
Pour sa part, Me Wassim Allouche, expert juridique, a mis l’accent sur l’importance de lever les obstacles juridiques qui accablent les professionnels du métier. Il a noté que le projet vise une prise en considération des recommandations émanant de cette étude d’environ une année, et qui a été réalisée sur le terrain par un comité d’experts.
L’intervenant a expliqué que dans une première phase, on a examiné les textes juridiques et législatifs en vigueur dans ce secteur. Dans une seconde étape pratique, ils ont effectué un travail de terrain auprès des opérateurs, à savoir les promoteurs des chambres/maisons/tables d’hôtes et gîtes ruraux, des organisateurs d’activités de plein-air (randonnées équestres, Trekking, VTT…) mais aussi les guides et les agents de voyage et également les associations concernées afin d’identifier et de relever la somme des difficultés qu’ils rencontrent pour pouvoir mener à bien leurs projets et leurs activités.


« Le travail que nous avons effectué nous a permis de faire un état de lieu et de dresser un constat sur la réalité du secteur. Nous avons collaboré avec le ministère de tutelle et avec l’office du tourisme pour que les objectifs de ce projet, essentiellement la levée des contraintes juridiques qui prédominent. L’étude que nous avons effectuée nous a également permis d’identifier les objectifs pour proposer les recommandations adéquates. Je tiens à noter que le problème juridique ne relève pas d’un manque législatif ni d’une absence des textes de loi, bien au contraire. Depuis 2022, un décret présidentiel a été mis en place pour bannir les autorisations et les remplacer par un cahier de charge. Jusqu’à aujourd’hui ce cahier de charge n’a pas encore vu le jour. Il est pourtant essentiel qu’il y ait un contexte juridique clair qui régit le secteur et le réglemente. Il est inadmissible qu’on ait 2000 maisons d’hôtes en Tunisie et que 108 seulement d’entre elles travaillent de manière réglementée. La majorité écrasante des gîtes ruraux sont contraints d’opter pour l’informel à cause de procédures et d’autorisations qui tardent depuis plus de deux ans. Il en est de même pour les agences de voyage qui ne peuvent pas travailler dans les zones montagneuses, par exemple sans un guide qui maîtrise ce genre de terrain. Ce qui est aberrant, c’est que la juridiction qui réglemente l’exercice d’un guide n’a pas été révisée depuis plus de 50 ans. Nous avons donc constaté qu’il existe un fossé qui se creuse entre la juridiction et la réalité actuelle. Les actions outdoor, comme les randonnées équestres et le Trekking, qui sont très sollicités de nos jours nécessitent aussi une pléiade de paperasse. Ceci contraint les organisateurs à s’en passer, du coup, les clients ne sont pas assurés. »

Dans ce même ordre d’idées, Me Allouche a expliqué que la principale conclusion à retenir de cette étude est la récurrence des restrictions règlementaires aux projets touristiques et parfois l’absence de texte d’application. « Les textes régissant le secteur sont sources de complexité et de lenteur administrative. Le législateur tunisien a certes tenté de permettre un encadrement interdisciplinaire du secteur afin d’étudier les retombées que peut susciter un tel développement du domaine, sauf que l’aspect bureaucratique de sa gestion en inhibe son évolution ; cela n’a donné lieu qu’à des freins institutionnels aux projets du tourisme alternatif et durable au risque malheureusement d’une fonction irrégulière et sans aucun apport notable », a-t-il déclaré.

Ce qui ressort de cette conférence est sous forme de recommandations, lesquelles s’articulent sur les volets qui suivent : la mise en place d’un code de tourisme unifié capable de servir un tourisme durable et alternatif, la digitalisation et la simplification du système, la promotion du tourisme alternatif et durable ainsi que la labélisation par l’application de normes communes. Ceci favorisera le développement du secteur, la diversification de l’offre, la modernisation de son image et de son apport économique et social, tout en encourageant les professionnels du tourisme à adopter des pratiques durables et à sensibiliser les touristes quant à l’importance de voyager de manière responsable.

Vers la fin de la conférence, l’étude en question a été paraphée par les présidents des quatre fédérations tunisiennes du tourisme.

A.C.

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