Comme il fallait s’y attendre et malgré la solidarité internationale manifestée le 29 mars lors de la grande marche contre le terrorisme, l’attentat terroriste du musée du Bardo a provoqué, notamment sur le marché français, une régression de 60% des réservations relatives aux séjours de vacances en Tunisie. Un taux très alarmant pour notre tourisme, compte tenu du fait que la haute saison touristique est toute proche et que nous sommes en pleine période de réservations. C’est pourquoi nous devons avoir une forte réactivité et apporter des réponses positives et rassurantes vis-à-vis de nos partenaires européens si nous voulons, encore une fois, sauver la saison 2015.
Il faut dire que les enjeux sont considérables, car le tourisme rapporte 3 milliards de dinars en devises, représente 7% du PIB et emploie directement et indirectement 400.000 personnes.
Nous devons multiplier les efforts pour sauvegarder un secteur vital pour notre économie, tout en garantissant la sécurité des sites culturels et des circuits touristiques. En effet, une fois le choc provoqué par l’attentat légèrement dissipé, un certain nombre de vacanciers européens ont commencé par faire enregistrer leurs annulations de séjours sur la Tunisie pour cet été. Pire, les futures réservations sur la Tunisie marquent le pas, ce qui met dans l’embarras les tour-operators qui ont pris des engagements vis-à-vis des hôteliers et des compagnies aériennes même si sur les réseaux sociaux et lors des manifestations publiques de soutien, beaucoup de citoyens européens ont annoncé leurs prochaines visites en Tunisie. Les tour-operators qui n’ont pas annulé la Tunisie de leur programme comme Alpi-Tours (Italie) sont obligés de composer avec le bon vouloir de leurs clients, mais pour les rassurer en connaissance de cause, nous devons les inviter pour venir voir sur place la situation.
D’après Jean Pierre Mass, président du SNAV, le principal organe représentant la plupart des agences de voyage en France, la situation est inquiétante alors que depuis le début de l’année 2015, il avait constaté une relance d’intérêt pour la destination Tunisie sur le marché français.
Il est disposé à participer à une stratégie de relance de la saison touristique en Tunisie avec les professionnels tunisiens du secteur et les responsables de l’ONTT.
Il propose entre autres actions, l’organisation au mois de juin en Tunisie d’une grande manifestation touristique qui sera hyper médiatisée pour insuffler de l’éclat à l’image du pays à l’étranger.
Selon Tarek Lassaïdi, patron de Travel TODO qui vient de recevoir le prix Travel d’or 2015, notre atout majeur réside dans la rapidité de notre réactivité vis-à-vis des marchés européens suite à l’attentat terroriste dramatique du musée du Bardo.
Selon le patron de Travel TODO la stratégie la plus efficace à adopter pour redresser la barre consiste pour la ministre du Tourisme à téléphoner personnellement aux 10 tour-opérators qui amènent 80% des touristes européens en Tunisie pour leur confirmer la sécurité qui règne dans notre pays, les rassurer et garantir ainsi le bon déroulement des séjours de leurs clients dans notre pays.
Il faudrait ensuite apporter un soutien pour le transport aérien, car les tour-opérators qui ont affrété des vols charters auprès des compagnes aériennes risquent de les décommander faute de clientèle, si ce n’est déjà fait.
Le risque le plus grave, c’est que les vacanciers qui veulent venir cet été chez nous au dernier moment ne trouvent pas une place disponible sur les vols à destination de la Tunisie.
La rentabilité d’un vol étant assurée dès 70% de taux de remplissage : les vols à destination de la Tunisie maintenus par les TO seront indemnisés par le fonds de soutien au tourisme, à concurrence de la différence entre le taux réalisé et 70%.
Les pouvoirs publics notamment Mme Selma Elloumi Rekik, ministre du Tourisme doit affirmer haut et fort à travers tous les médias, qui ont une forte audience sur les marchés les plus sensibles pour notre tourisme, que les mesures les plus efficaces ont été prises pour garantir leur sécurité dans tous les sites touristiques, culturels et urbains ainsi que sur les circuits et moyens de transports aériens et terrestres. La réponse du ministère du Tourisme sous forme d’un plan d’action, harmonieux et vigoureux, tarde à venir : on étudie, on discute, on évalue, jusqu’à quand ?
De son côté, la FTH a indiqué le 30 mars avoir arrêté un ensemble de mesures destinées à sauver la saison touristique.
Il s’agit d’intensifier les efforts de commercialisation et de communication à l’étranger.
La FTH se propose d’organiser un grand événement chaque mois dans les différentes régions touristiques mais ne donne aucune précision sur l’origine du financement et l’identité du promoteur.
Les hôteliers pensent qu’il faut mettre l’accent sur la promotion du tourisme intérieur et celui des Algériens. Cela pose aussi bien le problème de la qualité des services à offrir par les hôteliers qui doit être améliorée, ainsi que la gestion des prix à revoir à la baisse.
Le président de la Fédération des hôteliers pense qu’il faut partager les risques pris pour la commercialisation des séjours touristiques sur le marché tunisien avec les tour-opérators étrangers pour ce qui est du transport aérien.
Une campagne de relations publiques de grande envergure doit être entreprise en plus du recours intensif à l’Internet.
Le Maroc avait ajouté 10 millions d’euros à sa campagne de Com au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo. Et nous ?
Pour impliquer encore plus les tour-opérators dans la réussite du tourisme tunisien, il faudrait les encourager à investir davantage dans la construction d’hôtels et d’établissements touristiques en Tunisie.
L’expérience prouve que lorsqu’ils sont engagés financièrement et lourdement, ils sont contraints de veiller à une commercialisation intensive pour assurer la rentabilité de la destination.
Référence : Club Med, JET Tours,… Ils deviennent alors de véritables partenaires et non des quémandeurs permanents de rabais sur le prix.