Tourisme : un plan d’action à moyen terme

La conjoncture touristique s’est nettement améliorée au cours du premier semestre 2012 et la haute saison actuelle semble se dérouler dans de bonnes conditions alors que l’arrière-saison est encore incertaine.

C’est un bon moment pour les autorités touristiques de mettre au point un plan d’action 2013-2014 et un autre à moyen terme, après avoir élaboré une stratégie adéquate pour le redressement du secteur après la crise provoquée par les troubles sociaux qui ont suivi la Révolution du 14 janvier 2011.

Il faudrait rappeler que même la saison touristique actuelle a failli être compromise à plusieurs reprises à la suite des troubles sociaux et à l’instabilité de ces derniers mois avec, au mois de mai, le rétablissement du couvre-feu, ne serait-ce que pour quelques jours.

Le ministère du Tourisme vient d’annoncer les principaux indicateurs relatifs au premier semestre 2012, ils sont rassurants. C’est ainsi que les entrées de touristes ont atteint 2.502.504 contre 1768.246 en 2011, sans retrouver les 2907.968 de l’année de référence 2010.

La croissance a donc été de 41, 5%, ce qui est remarquable, le chiffre de 2012 reste en deçà de 13,9% par rapport à 2010.

Pour ce qui est des nuitées, le chiffre du premier semestre 2012 est de 10.902.137, contre 6.258.769 en 2011, soit une forte croissance de 74,2%. Mais nous sommes encore loin des 13.3643.425 de 2010 : 20% de moins.

En ce qui concerne les recettes en devises elles ont atteint 1154MD en 2011 contre 850MD en 2011 (6 mois) soit une augmentation de 35,8%, mais nous demeurons en deçà des chiffres de 2010 : 1349MD soit 14,4% en moins.

Il y a lieu, au niveau de l’origine des touristes et des marchés émetteurs, de reconnaître que le nombre des visiteurs européens accuse une baisse de 25,6% au cours du premier semestre 2012 par rapport à l’année de référence 2010 alors que le chiffre des visiteurs Maghrébins se stabilise.

Le marché français n’a pas repris conformément aux attentes et aux sollicitations des responsables de tourisme tunisien, alors que le marché russe a enregistré une croissance de 40%, ce qui est impressionnant. Il en est de même pour le marché britannique qui a progressé de 35%. Les marchés allemand et maghrébin se comportent correctement.

En ce qui concerne le niveau des réservations pour la haute saison actuelle, qui bat son plein, il est relativement satisfaisant avec 85% pour le mois de juillet, 68% pour le mois d’août et 60% pour septembre.

Les chiffres des mois d’août et de septembre, qui peuvent être jugés insuffisants, ne doivent pas inquiéter si la situation sécuritaire reste normale, car le late-booking a pris beaucoup d’ampleur ces dernières années en Europe et les touristes veulent bénéficier des promotions des dernières heures des voyagistes.

Il y a lieu de reconnaître que les conventions de partage des risques, conclues entre les compagnies d’aviation et l’administration du tourisme pour compenser les taux de remplissage des vols inférieurs aux normes de rentabilité, ont permis à 30.000 touristes de venir en Tunisie.

Pour atteindre ces chiffres, un gros effort a été effectué par les différentes directions de l’ONTT en matière de relations publiques et de marketing : animation et participation aux différents salons européens du tourisme, invitations de journalistes et de TO à visiter et à séjourner dans les stations touristiques. Une enveloppe de 68MD de crédits a été prévue pour financer des campagnes publicitaires dont la moitié a déjà utilisé les grands moyens : spots télévisés diffusés sur des chaînes de télévision dans les principaux marchés émetteurs de touristes européens à des moments de forte audience (France, Italie, Allemagne).

A ce propos, les responsables du tourisme ont décidé que dorénavant il sera fait appel (sur appel d’offres) à une seule agence de communication à l’étranger – plutôt qu’à quatre – afin d’assurer la cohérence des messages publicitaires et l’harmonie de l’image du tourisme tunisien.

Ces tendances doivent normalement se poursuivre en 2013 dans la mesure où la sécurité règne dans le pays et où les médias européens confirment la stabilité sociopolitique du pays.

Pour ce qui est de la stratégie à moyen terme et du plan d’action, ils doivent être orientés dans trois directions. D’abord mobiliser tous les acteurs du secteur autour de certaines mesures à prendre dans l’immédiat afin de consolider les acquis de la saison actuelle tout en lui donnant une nouvelle impulsion.

Ensuite, mais toujours dans le court terme, il s’agit de répondre aux défis que doit relever le secteur en trouvant des solutions aux problèmes des acteurs du tourisme : hôteliers, agents de voyage, loueurs de voitures…

Il y a enfin des problèmes de fond dont la solution est à long terme, mais il importe de prendre des décisions dans l’immédiat pour éviter l’aggravation de la situation.

Il y a d’abord la gravité de la situation financière avec l’endettement excessif de plusieurs dizaines d’hôtels. Ensuite, la diversification du produit, car nous avons des potentialités pour certains produits, mais leur attrait demeure à consolider : tourisme de shopping, de congrès, tourisme saharien, tourisme de plaisance, tourisme golfique.

Il y a également le problème des liaisons aériennes, notamment pour Tozeur et Tabarka.

 

Par Ridha Lahmar

 

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