Le chef du gouvernement provisoire, Mehdi Jomâa, s’est rendu, mardi 17 juin, à Berlin pour effectuer une visite officielle de trois jours où il s’est entretenu avec de nombreuses personnalités politiques et économiques dont la chancelière Angela Merkel. Retour sur un périple politico-économique dans un pays qui entend rester l’un des acteurs clés dans la transition démocratique tunisienne.
Invité par la chancelière allemande, Angela Merkel, Mehdi Jomâa comptait parmi ses objectifs de donner plus de perspectives à la coopération tuniso-allemande, notamment en matière de formation de compétences dans les domaines technologiques et des métiers innovants.
Dès son arrivée à Berlin, Mehdi Jomâa s’est rendu à Potsdam où il a visité l’ASP Innovation Center, un important centre d’innovation technologique, en présence du ministre des Affaires étrangères, Mongi Hamdi, et du secrétaire d’État au Développement et à la coopération internationale, Noureddine Zekri. Le chef du gouvernement provisoire s’est également entretenu avec le président du Bundestag, Norbert Lammert, et le président de la République fédérale d’Allemagne, Joachim Gauck. Lammert a d’ailleurs déclaré que « le parlement allemand continuera de soutenir l’expérience tunisienne à travers le renforcement de la coopération entre les parlements des deux pays », félicitant la réussite de la transition démocratique en Tunisie. Dans le même sens, il a précisé « la nécessité de soutenir l’expérience tunisienne » qu’il a jugée être « la seule expérience réussie dans la région ». Mehdi Jomâa a quant à lui invité l’Allemagne à prendre part à la conférence des « amis de la Tunisie » initiée par François Hollande et prévue en septembre prochain à Tunis.
L’Allemagne, troisième partenaire économique du pays
Il est important de rappeler que l’Allemagne est le troisième partenaire économique du pays et la Tunisie entend développer ses relations avec ce pays afin de d’assurer le développement des secteurs de pointe, domaines où la Tunisie manque de savoir-faire. La chancelière allemande a fait part de la volonté de son gouvernement de développer les investissements des firmes allemandes en Tunisie. Par ailleurs, l’UTICA a organisé un forum dans le cadre de cette visite, avec la participation de 200 hommes d’affaires allemands.
Le Vice-chancelier et ministre fédéral de l’Économie et de l’énergie, Sigmar Gabriel, dit encourager les entreprises allemandes à investir en Tunisie. Il a pointé du doigt l’importance de la coopération bilatérale qui doit être renforcée en matière de création de nouvelles opportunités d’emploi et d’impulsion de l’économie en Tunisie. D’après le ministre allemand, «la Tunisie est riche de ressources humaines dotées d’une bonne formation dans des domaines variés, et d’un cadre juridique propice à l’investissement».
Les technologies de pointe convoitées par la Tunisie
Mehdi Jomâa s’est félicité de la présence des entreprises allemandes en Tunisie qui n’ont pas déserté le pays malgré des phases transitoires difficiles. Selon lui, la Tunisie a besoin de l’Allemagne qui est à la pointe de la technologie et du savoir-faire tant dans les domaines de l’automobile et de l’industrie mécanique et électronique ou encore des énergies renouvelables. Bon nombre de domaines où la Tunisie n’est pas encore au point mais où le potentiel est bel et bien présent.
Mehdi Jomâa a également fait le point sur les avancées en matière de sécurité. Il a rappelé que la situation régionale était alarmante, avant de mettre l’accent sur les efforts fournis par les forces de l’ordre afin de faire face à toute possible menace aux frontières tuniso-libyennes. Le chef du gouvernement a d’ailleurs précisé que l’Allemagne était bien placée pour aider la Tunisie à lutter contre le terrorisme.
Partenariat tuniso-belge
Après sa visite en Allemagne, Mehdi Jomâa a rejoint la Belgique afin de s’entretenir avec le premier ministre belge, Elio Di Rupo qui a annoncé lors de sa rencontre avec le chef du gouvernement qu’une partie de la dette tunisienne envers la Belgique a été commuée en investissements. Pour autant, la conversion de la dette tunisienne envers la Belgique n’est en rien assurée compte tenu de la nature du gouvernement belge actuel dont la fonction est limitée à la gestion des affaires courantes. Il n’est donc pas en mesure de prendre la décision de convertir la dette tunisienne, malgré ce qu’en dit la délégation tunisienne. Nonobstant la conjoncture propre à la Belgique, Mehdi Jomâa a quand même exprimé son souhait de renforcer les relations économiques et commerciales entre les deux pays avec une augmentation du volume des investissements belges en Tunisie.
Dans les faits, ces visites effectuées par le Chef du gouvernement interviennent dans le cadre de son plan de communication visant à améliorer l’image et la crédibilité du pays auprès des partenaires européens. Après des années de négligence de cette dimension dans les relations économiques du pays, l’objectif est louable. Espérons que des résultats plus conséquents s’en suivront.
Inès Aloui