Tous les détails sur la 4e édition du concours national de l’Innovation

L’Agence de Promotion de l’Industrie et de l’Innovation (APII) a organisé ce mercredi 27 octobre 2021 au siège de l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA) à Tunis la cérémonie de remise des prix de la quatrième édition du concours national de l’innovation. Une douzaine de projets parmi 139 projets présélectionnés ont été primés dans le cadre de cette nouvelle édition du concours organisé en partenariat avec la centrale patronale, l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ) et le projet Innov’i financé par l’Union européenne (UE) et mis en œuvre par Expertise France. Les lauréats ont décroché des prix allant entre 15 et 5 mille dinars.

Liste des vainqueurs des premiers prix dans les différentes catégories: 

Lors de son intervention, M. Omar Bouzouada Directeur Général de l’APII s’est félicité de l’organisation de cette nouvelle édition du concours qui met en exergue l’importance de l’innovation dans le développement des entreprises et la garantie de leur pérennité. « Depuis 2014, ce concours a permis à de nombreux lauréats de se développer à l’échelle internationale et d’externaliser leurs activités » a-t-il affirmé. Et d’ajouter:

« Cette nouvelle édition s’est distinguée par son aspect digital résultant du nouveau contexte imposé par la pandémie. Tout le processus du concours a été digitalisé à partir de l’appel à candidature passant par le dépôt de dossiers allant jusqu’à l’évaluation des projets. Toutes les étapes du concours ont été réalisées à travers la mise en place d’une plateforme consacrée à cette 4e édition à qui des entreprises industrielles et des prestataires de services connexes à l’industrie, des établissements universitaires, des centres de recherche, des laboratoires, des start-ups, des associations de professionnels, des structures d’appui, des innovateurs indépendants représentants 21 gouvernorats ont pris part. »a-t-il précisé. Et d’ajouter: « Tous les candidats à cette nouvelle édition du concours ont développé des projets innovants qui méritent un intérêt particulier et ils vont sans aucun doute voir leurs projets mis en avant. Nous les considérons tous comme des lauréats même s’ils ne sont pas à la tête du classement. »

De son coté, SEM Peter Prügel, Ambassadeur d’Allemagne en Tunisie, s’est félicité de la contribution de son pays à l’organisation de ce concours depuis 2014 pour promouvoir l’innovation en tant que levier essentiel du développement économique.

« Compte tenu du contexte sanitaire, la nouvelle édition du concours est tout à fait particulière. Le coronavirus a stimulé les capacités d’innovation dans le monde entier y compris en Tunisie où pour faire face à la crise sanitaire, des solutions innovantes ont été développées par des jeunes. Ce virus est désormais un véritable accélérateur d’innovation et ce concours en est le meilleur exemple puisqu’il s’est déroulé pour la première fois en format digital  et c’est pour cette raison qu’un prix pour l’innovation Covid et un prix pour l’innovation digitale ont été ajoutés cette année.  » a-t-il affirmé.

Dans ce contexte, l’ambassadeur allemand a salué l’engagement des participants à ce concours dont les projets répondent parfaitement à des défis pertinents. « Grace à votre engagement vous contribuiez à l’amélioration de l’image de la Tunisie en matière de développement économique et social« a-t-il conclu.

L’innovation, un levier de transformation du modèle économique et social en Tunisie

Lors de son intervention, SEM Marcus Cornaro, Ambassadeur de l’Union Européenne en Tunisie a réaffirmé l’engagement de la délégation de l’UE pour soutenir la Tunisie dans le secteur de l’innovation et l’entrepreneuriat innovant et pour diffuser une culture d’entrepreneuriat. « Ce secteur de l’entrepreneuriat innovant et de l’économie digitale constitue un levier de transformation du modèle économique et social tunisien. L’expression de dynamisme et de la vitalité de la société tunisienne est le meilleur ambassadeur à l’échelle internationale. Notre action vise à contribuer et à répondre aux principaux enjeux de l’écosystème de l’innovation. Il s’agit essentiellement d’enjeux liés à l’environnement réglementaire, à la qualité de l’accompagnement apporté aux entrepreneurs et également au financement des start-ups. Ces enjeux font aujourd’hui l’objet d’une collaboration active avec nos partenaires à savoir l’APII et le ministère de l’Industrie à travers notamment le projet Innov’i mis en oeuvre par Expertise France. Nous travaillons ensemble sur des chantiers réglementaires tels que le crowdfunding (NDLR: financement participatif) ou la mise en place d’un écosystème local d’innovation à Nabeul. Dans le cadre de ce concours, Innov’i finance des prix dans le domaine de l’innovation. Il s’agit d’une philosophie de conception qui suggère de faire mieux avec moins et qui privilégie la valeur pour l’utilisateur en favorisant la simplicité et l’essentiel.  C’est une approche vertueuse qui semble être plus adaptée à l’esprit tunisien de débrouillardise. »a-t-il affirmé. 

Pour sa part, M. Samir Majoul, président de l’UTICA, a affirmé que l’organisation de cette cérémonie au siège de la centrale patronale en présence des Ministres de l’Industrie et de l’Enseignement Supérieur traduit le rôle crucial de l’innovation et de la créativité dans le développement.

« L’innovation est une des clés de cette croissance tant espérée et tant attendue mais une Entreprise ne peut être innovante si elle ne développe pas des activités de recherche et de suivi permanent lui permettant d’être à la page des évolutions scientifiques et technologiques et si elle ne n’emploie pas des jeunes capables de lui apporter une certaine dynamique et un air de créativité lui permettant de créer de la valeur…Cela dit, on ne peut pas parler d’innovation en l’absence d’un vrai partenariat entre l’Entreprise et l’Université qui représente le meilleur gisement de recherche et de créativité et même de jeunesse pleine d’espoir et d’idées prometteuses. » a-t-il affirmé. 

Dans ce contexte, M. Samir Majoul a noté que les moyens mis en place pour favoriser l’innovation sont en-deçà des attentes ajoutant que des efforts supplémentaires devraient être fournis pour l’innovation technologique à travers notamment la création de liens très étroits au niveau de la recherche entre les universités et les entreprises. 

M. Majoul a rappelé que la Tunisie occupe la 71e position dans le tableau de bord international de l’Innovation et figure parmi les trois premiers pays africains en matière de l’innovation.

« Je me permets à cette occasion de lancer un défi à relever par nous tous : retrouver la Tunisie parmi les 50 premiers pays à l’échelle Mondiale et première en Afrique à l’horizon 2030. Pourquoi pas ? Si on veut…on peut… L‘Etat est appelé à envisager de nouveaux mécanismes de soutien et de financement pour accompagner les PME dans le processus de modernisation. Certes, des fonds dédiés à l’innovation existent aujourd’hui mais ils sont soit en panne soit peu encourageants. Pourquoi ne pas proposer le système de Crédit d’Impôt Recherche et Développement-Innovation qui a fait ses preuves dans d’autres pays ? »a-t-il lancé. 

Pour M. Samir Majoul, il faut mettre en place des mécanismes de soutien et de financement en urgence pour soutenir l’innovation qui n’attend plus à l’ère de la mondialisation. 

De son coté, le ministre de l’Enseignement, Moncef Boukthir, a souligné la démarche participative adoptée par le jury dont certains membres sont issus des structures de son département à savoir la direction de la recherche scientifique, la direction générale de la valorisation des recherches et l’agence nationale de la promotion de la recherche scientifique. Dans ce contexte, le ministre a souligné l’importance d’une plus grande synergie et d’une meilleure coordination entre les différentes structures des ministères de l’Enseignement et de l’Industrie pour renforcer la compétitivité de l’économie tunisienne et sa capacité à développer une économie à haute valeur technologique basée sur le savoir et les résultats de la recherche scientifiques.

Il a affirmé que le ministère de l’Enseignement s’est engagé depuis une vingtaine d’années en faveur de la promotion de l’innovation en encouragent les étudiants, les chercheurs et les jeunes diplômés à développer leurs propres start-ups. « Pour ce faire, il faut passer par une politique claire. Notre stratégie consiste à diffuser la culture de l’entrepreneuriat et l’innovation à travers la mise en place de pôles étudiants- entrepreneurs et du statut étudiant-entrepreneur. Nous avons mis en place un projet de structuration et d’accompagnement de l’entrepreneuriat de l’étudiant du Maghreb. C’est un projet qui implique la Tunisie et le Maroc avec le soutien de l’agence universitaire francophone. Le but est de créer un statut pour l’étudiant entrepreneur et de créer des pôles d’accompagnement pour les les étudiants entrepreneurs au sein des universités. Jusque là, deux pôles ont été déjà crées et trois autres sont toujours en cours de création. D’ici fin 2022, 13 universités auront leurs pôles. L’objectif étant de développer la personnalité des étudiants et les techniques de communication et du travail en groupe conformément aux exigences du marché du travail particulièrement dans les pays du Nord. Nos jeunes ont des capacités énormes, il suffit de leur donner les possibilités et leur brillance lors des concours internationaux en est bien la preuve. »a-t-il affirmé.

Par ailleurs, le ministre de l’Enseignement a indiqué que mis à part la mise en place de ces pôles, le ministère dispose de 167 centres de carrière et de certification des compétences. « Depuis quelques années, on a dépassé la formation et on est désormais dans la certification. Même avant d’avoir le diplôme, il y a des étudiants qui sont déjà certifiés dans leurs domaines. Le ministère cherche ainsi à créer un environnement et un écosystème incitatif grâce à un étudiant qui soit créateur d’emplois et non pas un simple demandeur d’emploi » a-t-il affirmé.

Neila Nouira Gongi: Le choix des thèmes du concours intègre la stratégie du ministère de l’Industrie 

De son coté, Mme. Neila Nouira Gongi, Ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, a affirmé que l’organisation de cette nouvelle édition du concours dans un contexte très difficile démontre la capacité d’innover et l’ingéniosité de ses organisateurs qui ont opté pour les nouvelles technologies pour garder ce concours. « Nous pouvons nous adapter, le capital y est,  il suffit de savoir l’utiliser. Elle a également salué le choix des thématiques du concours à savoir l’innovation collaborative, l’innovation digitale et l’innovation managériale et l’innovation frugale. « Le choix de ces quatre thèmes intègre notre programme de travail pour l’étape à venir qui est axé sur l’innovation et sur le dynamisme entrepreneurial pour passer au delà des défis. La culture de l’innovation est très importante et on doit travailler sur cette culture dès le jeune âge, mais il ne faudrait pas oublier que cette innovation devrait prendre en compte le besoin du marché et le besoin du consommateur.« a-t-elle noté.

La ministre a, dans ce contexte,dévoilé les grands axes de la stratégie de relance de l’industrie pour l’horizon 2030 qui devrait être mise en place par son département en concertation avec les différentes parties prenantes.

Cette stratégie qui verrait le jour dans les semaines qui suivent devrait s’articuler autour de 4 axes à savoir:

*Améliorer l’environnement des affaires

*Soutenir l’innovation des entreprises, des entrepreneurs et des stratups

*La Digitalisation de l’administration

*Accompagner la PME pour améliorer sa compétitivité et son positionnement

« Un grand travail nous attend qui va nous permettre d’avancer dignement vers la relance. Pour ce faire, nous comptons sur nos propres moyens mais également sur le soutien de nos partenaires pour nous accompagner dans les choix que nous allons faire pour pouvoir avancer et positionner notre Tunisie, garantir notre croissance et renforcer notre positionnement sur le marché« a-t-elle conclu.

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