Trois hommes et deux baguettes

Les réseaux sociaux, particulièrement Facebook, constituent désormais une fenêtre ouverte, et c’est une lapalissade de le dire, sur les ressentiments des citoyens. Il est vrai qu’on y trouve de tout, du bon et du moins bon, de l’insolite à l’insolent mais, parfois c’est des situations, le moins qu’on puisse dire, qui dépassent l’entendement, que certaines personnes relatent sans autocensure ni une quelconque gène.
C’est le cas de ce post publié par un internaute, journaliste de formation et de vocation et qui parle d’une situation vécue. Nous le reprenons, rien que parce qu’il coïncide avec des événements qui ont marqué cette journée du samedi: la réunion des signataires du pacte de Carthage et le conseil ministériel consacré à la situation des pauvres et des démunis. Autre raison à sa publication, il précède une visite du chef de l’Etat dans le quartier où se déroule la scène décrite.

« Je suis entré, aujourd’hui, dans une boulangerie à la Cité Ettadhamen. Un ouvrier municipal a retenu mon attention car il n’arrêtait pas de céder son tour à tout le monde.  Il ne restait plus que lui et moi dans la file d’attente et  j’ai tenu à ce qu’il dise ce dont il avait besoin. En fait, l’homme était intimidé et n’osait pas demander au boulanger de lui vendre deux baguettes à crédit. Il avait très faim n’ayant rien avalé depuis l’aube avec ses deux collègues. L’agent était là pour nettoyer la route en prévision de la visite de Beji Caid Essebsi à la cité. Il n’osait pas faire sa demande devant les autres clients. Ça m’a cloué sur place. Il a pris ce dont il avait besoin et  je suis sorti après lui et je me suis trouvé face au spectacle qui se trouve sur la photo :  trois hommes  en train de manger les deux baguettes sans rien d’autre , alors que des voitures administratives de luxe n’arrêtaient pas de faire la navette pour contrôler si le travail est bien fait et prendre connaissance des préparatifs.  Ne pouvaient-ils pas leur donner quelque chose à avaler . Bon Dieu!  Pourquoi ça ? C’est ça la Tunisie de 2018. Ce sont là les habitants de la cité qui vont célébrer la fête de la révolution. De quelle révolution ? … »
A qui faut-il en vouloir? au système? peut être. A la délégation spéciale? certes. Chassez le naturel, il revient au galop. Les mêmes réflexes et la même hypocrisie.
Beji Caid Essebsi n’aurait pas été d’effectuer sa visite à Ettadhamen et de constater de visu ce que les saccages ont laissé derrière eux. Cela aurait donné une idée réelle sur ce qui s’est passé durant ces trois nuit de vilence, de destruction et de braquages. Cela aurait donné une idée réelle sur ce qu’ont supporté, voire subi, les forces de sécurité pour limiter un tant soit peu les dégâts.
Et c’est après cela que les mesures qu’il annoncera, si mesures il y a, auront de la valeur et calmeront les ardeurs.
Comme certains internautes l’ont souligné, le propos ici n’est pas BCE, mais ceux qui cherchent à maquiller une réalité pour tromper le président et lui donner une fausse idée de la réalité. Ils ne font en réalité qu’alimenter le mécontentement dont ils essayent de camoufler les méfaits.
A bon entendeur.

F.B

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