Par Ridha Lahmar
Faute d’un marché intérieur vaste et prospère, la croissance de l’économie tunisienne a été conçue de façon à être tirée par les exportations et orientée vers les marchés extérieurs. Jusqu’ici, ce sont les pays de l’Union européenne qui ont concentré 70% de notre commerce extérieur, malheureusement, l’UE traverse une crise économique durable et nous devons chercher un autre relais de croissance, en attendant des jours meilleurs.
Or l’Afrique subsaharienne connaît depuis quelques années un dynamisme certain et une croissance économique durable de l’ordre de 7% par an. Cela constitue pour notre pays un partenaire de grande taille, en même temps un défi difficile à relever.
L’IACE a organisé récemment un forum consacré à ce thème sous le titre “La Tunisie et l’Afrique subsaharienne, pour une stratégie d’intégration durable”. Il ne s’agit pas d’un marché à conquérir, mais d’un partenariat à négocier et promouvoir. La stratégie proposée par l’IACE en vue d’une intégration durable en Afrique comporte trois axes majeurs :
Le développement humain à assurer ;
La logistique à mettre en œuvre ;
Les institutions à promouvoir.
Il s’agit pour les autorités tunisiennes, dans la mesure où nous avons une diplomatie économique de proposer aux pays africains des partenariats multidimensionnels et durables portant à la fois sur les aspects économiques, culturels et scientifiques.
Le développement humain implique une coopération triangulaire avec la participation des institutions financières internationales comme la Banque mondiale et la BAD. Des programmes sont à concevoir pour la période 2015-2020 portant sur la formation des formateurs, la mise à niveau et la promotion de certains secteurs économiques, l’organisation de stages…
Il faut admettre que les besoins de l’Afrique se trouvent dans une multitude de secteurs vitaux comme l’éducation, la santé, les infrastructures de base, le tourisme, les TIC.
Tout cela exige des financements conséquents, un fonds spécial avec une dotation de deux millions de dinars devrait être créé : 400 cadres de pays africains pourraient être formés chaque année soit 2000 en cinq ans.
La logistique comporte aussi bien le transport aérien, maritime que les accords commerciaux.
TUNISAIR a déjà créé trois dessertes régulières en Afrique et prévoit à l’horizon 2018 de disposer de 20 lignes, ce qui constitue un réseau important au service du tourisme et de la promotion des activités économiques.
Pour le transport maritime, les choses sont plus compliquées mais les solutions existent, c’est l’orientation des containers vers les hubs et la conclusion d’accords entre les armateurs internationaux et les sociétés d’exploitation des ports.
Le secteur bancaire a un rôle essentiel à assumer en matière d’accompagnement des sociétés tunisiennes et de financement des échanges commerciaux et des investissements tunisiens sur les marchés africains.
Or, là réside une grande lacune. En effet il n’y a aucune banque tunisienne implantée en Afrique, contrairement aux banques marocaines.
Parmi les solutions proposées par l’IACE, il y a le recours à des banques françaises bien implantées sur place et à des correspondants de banques tunisiennes établies en Afrique.
Les investissements et les échanges commerciaux ne peuvent être développés que dans le cadre d’accords entre pays.
Or sur les 50 accords conclus par la Tunisie, 8 seulement concernant l’Afrique, c’est par car ce sont des accords qui accordent des avantages préférentiels douaniers et fiscaux aux acteurs économiques et donnent aux investisseurs des garanties qui protègent leurs intérêts.
C’est pourquoi, il est essentiel de conclure de nouveaux accords commerciaux pour créer des incitations vis-à-vis des entreprises.
On appelle championnes, les entreprises prospères, structurées, reconnues, comme étant capables de conquérir des marchés extérieurs, dotées de moyens matériels et de cadres compétents. Ce sont les champions tunisiens qui sont appelés à concrétiser les ambitions de notre pays en Afrique.
Cependant, leur nombre est plutôt restreint en Tunisie : quelques dizaines seulement. C’est pourquoi, il faudrait faire en sorte de les multiplier : cotation en Bourse, renforcement des capitaux propres, recrutement de cadres supérieurs,…
Il est fondamental de se concentrer sur certains pays, judicieusement choisis, où nous avons des avantages compétitifs afin de créer des synergies et de ne pas disperser nos efforts sur plusieurs marchés.
Inauguration de Carthage land
Une nouvelle ville consacrée aux loisirs culturels et touristiques et aux jeux destinés aux enfants et aux jeunes, vient de voir le jour aux berges du Lac. Il s’agit d’un immense parc d’attraction qui s’étend sur 33.000 m2 et représente un investissement de 45 millions de dinars et a créé 320 emplois permanents.
L’inauguration a été rehaussée par la présence de Mme Amel Karboul, ministre du Tourisme et de Mme Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA.
C’est M. Ahmed Bouzghenda, Président directeur général de la société La Paix qui est le promoteur du projet. Il n’en est pas à son premier projet dans le secteur des loisirs, puisqu’il a déjà réalisé le projet de la Médina de Hammamet, un parc de loisirs qui structure et anime la nouvelle zone touristique de Yasmine Hammamet. Carthage-land vient combler un vide dans le Grand Tunis en ce sens qu’il s’agit de promouvoir le tourisme culturel et de congrès, car il abrite un des meilleurs projets aquatiques en Méditerranée,.
Ce projet est l’œuvre exclusive des ingénieurs, architectes et techniciens tunisiens. Il comporte 4 sections principales, la section des loisirs, celle des jeux Ali baba, les jeux aquatiques et celle du cinéma 7 dimensions.
Il a été réalisé également un centre commercial diversifié avec des restaurants et des cafés.
En projet : un Ice Mall tout près de Géant
La société Bifecta projette de réaliser un important projet intégré à caractère touristique, culturel et de loisir dans la nouvelle zone commerciale et industrielle de Tunis-City et de Bricorama près de Nahli sur l’autoroute de Bizerte.
Il s’agit d’un important investissement évalué à 60 millions de dinars avec une participation étrangère représentant 49% du capital de l’entreprise, susceptible de créer 1000 emplois permanents.
Le promoteur est M. Lamine Kaouache PDG de Bifecta, une usine de fabrication de cuves et citernes en Inox, destinées aussi bien aux usages pétroliers et gaz mais aussi aux activités agro-alimentaires comme les réservoirs réfrigérés pour la conservation et le transport du lait et dérivés.
Le projet comporte une unité hôtelière qui sera gérée par la chaîne Golden Tulip, ainsi qu’une patinoire de 1600 m2 qui sera confiée à l’entreprise française OXFORM.
C’est un espace habilité à recevoir fêtes et réunions avec une capacités d’accueil de 2000 personnes.
Les espaces culturels ne manqueront pas avec galeries de peinture, magasins de vente d’artisanat et plusieurs restaurants de spécialités. Il faut reconnaître que l’implantation du plus grand complexe commercial de Tunisie Tunis-City avec l’hypermarché Géant a attiré plusieurs entreprises et grands projets qui sont venus s’installer dans la zone comme Bricorama et bénéficier des infrastructures de base réalisées sur place et de l’affluence de la clientèle de Tunis-city. Cela a engendré l’animation économique et commerciale de la région ainsi que la création d’emplois.
Partenariat stratégique BM-SONEDE
La Banque mondiale vient d’accorder un nouveau crédit de 43,3 millions de dinars à la Sonede pour la modernisation de ses infrastructures et équipements relatifs à l’approvisionnement en eau du grand Tunis et de plusieurs autres villes
Il s’agit de développer la capacité de l’usine de traitement et de stockage de l’eau de Ghdir El Golla qui alimente le Grand Tunis ainsi que celle de Belli qui approvisionne plusieurs villes du littoral oriental. L’objectif consiste à sécuriser l’approvisionnement en eau à court et à moyen termes et éviter les pénuries et coupures d’eau. Ce sont les deux plus importantes installations du réseau de la Sonède qui en compte cinq dans tout le pays. En effet la consommation d’eau augmente rapidement d’une année à l’autre, notamment l’industrie et les ménages outre l’impact négatif du changement climatique qui se fait sentir au niveau des ressources en eau.
Ce financement additionnel devrait bénéficier à 5 millions d’habitants, raccordés au réseau de la Sonede.
Il y a lieu de mentionner que la Banque mondiale prête une assistance technique à la Sonede sous forme d’une étude destinée à garantir la viabilité financière de la société nationale, sans occulter le partenariat à conclure avec d’autres services publics comme la Steg, Onas et l’Équipement qui contribuent aux performances et coopèrent avec la Sonede.
Rappelons que celle-ci alimente 500 villes ainsi que 50% des habitants de groupements ruraux et villages.
Enfin une solution durable pour l’eau à Djerba
Le tourisme et l’hôtellerie sont de gros consommateurs d’eau alors que le sud Tunisien en manque beaucoup.
Outre l’eau qui vient du continent, les hôtels de Djerba étaient approvisionnés jusqu’ici par une station d’adoucissement des eaux profondes (sondages) fournissant 12.000 m3 par jour, puis l’extension a été faite à 20.000 m3 dans une seconde étape. Mais cela se révèle de plus en plus insuffisant durant la saison estivale.
C’est pourquoi l’État a conçu un grand projet qui coûtera 200 millions de dinars, la construction d’une station de dessalement d’eau de mer d’une capacité de 50.000 m3 d’eau potable pour jour. Ainsi, Djerba, dès l’été 2016, ne manquera plus d’eau en toute saison et il est même envisagé d’alimenter l’extrême sud tunisien à partir de la ville.
Ridha Lahmar