Trop tard pour être pessimiste

J’étais pessimiste lors de la publication en septembre, quelques semaines après l’investiture du nouveau gouvernement, de ma lettre ouverte à monsieur Youssef Chahed intitulée « Monsieur le chef du gouvernement, plus tard ça sera trop tard! » et ce pour insister sur l’urgence de marquer le début d’une nouvelle politique pour provoquer le déclic du redressement national et engager le pays sur la voie du développement car un électrochoc est à mon avis plus que jamais nécessaire. Il faut marquer une nouvelle ère par des réformes majeures et des mesures radicales et immédiates.
Aujourd’hui, c’est trop tard pour être pessimiste, notre pays malgré cette apparence de stabilité politique est condamné à plonger dans une profonde crise politique, économique et sociale en raison d’un antagonisme profond entre les différentes parties du paysage politique et les tiraillements des deux acteurs politiques principaux, en l’occurrence le mouvement « Nidaa Tounes » et le mouvement « Ennahdha« , deux forces majeures dont les relations sont marquées par une logique de divergence et de confrontation.
Je ne suis pas le seul a être pessimiste, selon le dernier sondage de Sigma Conseil, 76.6% des Tunisiens estiment que le pays est sur la mauvaise voie et 50% des sondés ont exprimé leur manque de confiance en la capacité du gouvernement de Youssef Chahed à diriger le pays au milieu de cet antagonisme profond entre les différentes parties du paysage politique.
Aujourd’hui la situation du pays est sérieusement grave, une machine qui s’est totalement grippée, et le pire est à venir en l’absence de mesures efficaces et sans délais.
Pour sortir de la crise la Tunisie a besoin d’un gouvernement restreint de rassemblement et de combat qui osera prendre les mesures d’exception et qui s’impose pour :
– gagner la guerre contre le terrorisme pour libérer nos terres,
– lutter contre la corruption pour libérer nos finances,
– réduire le chômage de masse des jeunes pour préserver la dignité, – – lutter contre la défaillance du système de santé…
…et j’en passe.
Il est utopique de croire que dans le contexte actuel, un gouvernement d’union nationale est la solution miracle car, dans ce type de gouvernement, la guerre des égos prendra le dessus sur l’efficacité et à force de vouloir s’affirmer les uns par rapport aux autres et de se méfier les uns des autres, les politiques oublient que leur objectif n’est pas de se détruire réciproquement mais de se battre ensemble.
La mise en place d’un gouvernement dit d’union nationale n’aboutira donc qu’à un immobilisme qui entravera gravement la marche du pays vers le développement et retardera la pérennisation de la pratique démocratique.
Aujourd’hui, nous avons besoin plutôt d’une vraie union nationale, une union de combat autour d’un chef de guerre qui sépare d’abord le bon grain de l’ivraie et pour cela, il faut un travail collectif en profondeur, un travail qui ne saurait se résumer à un gouvernement.
En effet, la tendance à l’homogénéisation des opinions dans un pays mène au déclin. La contradiction est l’essence de la démocratie.
Un système démocratique ne s’améliore et ne se solidifie que parce qu’on s’en sert et les institutions ne se renforcent qu’en les éprouvant.
Alors éprouvons les nôtres !
Les forces vives de la nation devraient se mettre ensemble pour sauver ce qui reste de l’Etat au lieu de mener cette lutte acharnée pour le pouvoir.

*M.K
Architecte

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