Si le mouvement « selfie poubella » a mis le doigt là où ça fait mal, les ordures abandonnées à même le sol… une Tunisie que l’on aimerait plus voir. L’exposition photographique baptisée « Trop Visible », sur le thème des « déchets, a été inaugurée le 17 octobre courant à la Maison des arts de Tunis pour se poursuivre jusqu’au 31 du mois.
Réalisée par cinq jeunes artistes tunisiens, cette exposition de groupe est le fruit d’un projet réalisé sous la direction du photographe allemand Andreas Lutzen.
« Trop visible » de Tarek Marzougui, Mejdi Bekri, Moez Ismail, Rahma Maegrech et Wejden Jerbi propose des témoignages photographiques qui interpellent sur la question des déchets.
Chacun de ces jeunes expose son point de vue artistique sur la vie des éboueurs de la médina de Tunis, la manière de gérer les ordures, l’après vie des déchets… Ce projet est réalisé dans le cadre d’un atelier photographique organisé au printemps dernier par le Goethe-Institut de Tunis.
Vendredi dernier sous un chapiteau dressé dans le jardin de la Maison des Arts au Belvédère a eu lieu le vernissage de l’exposition photographique «Trop visible » réalisée par cinq jeunes artistes dans le cadre d´un atelier photographique organisé au printemps 2014 par le Goethe-Institut, sous la direction du photographe allemand Andreas Lützen. Il s’agit de témoignages poignants autour du thème des poubelles, sujet d’actualité vécu par les Tunisiens comme une grande calamité.
Les poubelles inondent nos rues et cela devient insupportable parce qu’elles sont génératrices de maladies et enlaidissent nos villes. On les voit mais on ne fait pas beaucoup attention au contraire on essaie de les éviter. Pourtant, ces déchets émanant de nos lieux d’habitation ou de travail et qui jonchent les rues représentent pour les cinq artistes une source d’expression fantastique.
« Cette somme de déchets de tout un chacun, va créer un univers à part entière, insoupçonnable pour la majorité d´entre nous, qui regorge pourtant de sources d´énergie, qui crée de l’emploi et qui fait vivre différentes catégories de personnes. C´est justement de cet «univers » créé dont parle l´exposition « Trop visible », nous explique les organisateurs de l’exposition.
Tarek Marzougui, Mejdi Bekri, Moez Ben Ismail, Rahma Magrech, et Wejden Jerbi nous proposent chacun son point de vue englobant la vie des éboueurs en pleine médina de Tunis, la manière de gérer les ordures, l´après vie des déchets, les « témoignages » des déchets «architecturaux» formant des bâtiments sans fonction et, enfin une introspection de nos ordures ménagères.
Des points de vue artistiques qui nous racontent tous quelque chose, une histoire, une réalité, miroir de notre société, qui vit tout près de chez nous et qui pourrait nous faire réagir, poser des questions, entreprendre, et peut-être considérer ces choses différemment. Inspirés du refrain de « Houmani » « Nous vivons comme les ordures dans une poubelle » de Kafon et Hamzaoui, les cinq photographes ont détourné les déchets pour réaliser des œuvres artistiques formidables.
Tarak Marzouki a fait une incursion dans la médina de Tunis pour convoquer notre regard sur la somme des déchets domestiques qui jonchent les ruelles. Même constat chez Mejdi Bekri qui sous l’intitulé « Equipe de nuit » accompagne les éboueurs dans leur boulot nocturne à Bab Bhar. Des portraits de personnages marqués par un travail harassant et loin d’être plaisant pour une fiche de paix de 270 dinars.
Moez Ben Ismail s’est intéressé au dépôt Borj Chekir où sont déversées toutes les ordures et c’est à un paysage pour le moins chaotique auquel nous assistons. « Le mur noir » tel est le titre de ses photos se penche sur les murs fissurés desquels apparaissent les détritus. Des murs témoins des incartades des gens inconscients.
Wejdène Jerbi pour ses photos intitulées « Inside-Outside » zoome sur les ordures ménagères : bouteilles en plastiques, restes de boites de conserves et autres ordures jetées çà et là qui meublent notre quotidien. Rahma Magrech développe une esthétique des déchets fenêtre urbaine ouverte sur les plaies béantes d’une ville, chaussée fissurée devient une mosaique contemporaine. Elle donne à voir une ville qui souffre traumatisée par une révolution qui a mal tournée.
Les cinq séries de photos rassemblées dans l’exposition « Trop visible » sont accueillies par la Maison des Arts de Tunis du 17 au 31 octobre 2014. Allez-y ! Cela vaut le détour.
F.B