Trump veut mettre l’armée dans les rues, son ministre de la Défense s’y oppose

Le ministre de la Défense américain Mark Esper s’est opposé à l’idée de Donald Trump d’envoyer l’armée face aux manifestants contre le racisme et les violences policières.
En désaccord apparent avec Donald Trump, le secrétaire américain à la Défense s’est dit, ce mercredi 3 juin, opposé à l’idée de déployer l’armée dans les grandes villes des États-Unis pour juguler le vaste mouvement de protestation qui s’exprime contre le racisme et les brutalités policières.
Ces déclarations de Mark Esper, le chef du Pentagone, sont intervenues alors que le pays se préparait à une nouvelle journée de contestation, après une semaine de manifestations pacifiques mais aussi de troubles, notamment nocturnes, les foules continuant à braver les couvre-feux.
La nuit de mardi à mercredi a toutefois été plus calme, avec seulement des actes de pillages localisés succédant à une journée de grandes marches pacifiques. Lundi, alors que la situation dégénérait en émeutes dans de nombreuses villes, le président Trump avait menacé de déployer les troupes “pour régler rapidement le problème”, des propos immédiatement dénoncés par l’opposition, qui y avait vu une dérive autocratique.

*“Pas de paix sans justice”
“Je ne suis pas favorable à décréter l’état d’insurrection”, qui permettrait au milliardaire républicain de déployer des soldats actifs face à des citoyens américains, et non des réservistes de la Garde nationale comme c’est actuellement le cas, a donc déclaré Mark Esper ce mercredi.
A Washington, le couvre-feu a été reconduit à partir de 23h, contre 19h les deux jours précédents, les autorités expliquant s’attendre à des rassemblements pacifiques. Un important dispositif policier a cependant été déployé au petit matin pour boucler l’accès à la Maison Blanche.
La veille, des milliers de manifestants avaient protesté, dans le calme, contre la mort de George Floyd, un Noir américain tué par un policier lors de son interpellation le 25 mai à Minneapolis, et plus largement contre le racisme et les violences policières aux Etats-Unis.
“No justice, no peace” (‘Pas de paix sans justice’) ou “Hands up! Don’t shoot!” (’Mains en l’air! Ne tirez pas!”), scandaient les manifestants, plutôt jeunes et toutes origines confondues.
Beaucoup d’entre eux sont restés après le couvre-feu alors que la situation était beaucoup plus calme que les deux derniers jours; notamment lundi soir quand les abords de la Maison Blanche ont été évacués manu militari pour permettre à Donald Trump de sortir dans la rue et poser avec un exemplaire de la Bible devant la petite église qui fait face au centre du pouvoir exécutif américain.
Le président a semblé vouloir faire acte de bravoure après les informations de presse selon lesquelles il avait été hâtivement mis à l’abri vendredi soir par le Secret Service dans un bunker sécurisé lors d’une manifestation devant sa résidence officielle. “C’était une fausse information”, a-t-il assuré ce mercredi matin, expliquant avoir en effet été escorté dans le bunker, mais au cours de la journée, donc avant les manifestations, pour des “inspections”.

*Des manifestations malgré le couvre-feu
À New York, où le couvre-feu a été prolongé jusqu’à dimanche, la situation était également plus calme mardi soir, après des images de violence qui ont fait le tour du monde en tout début de semaine. Dans le quartier de Brooklyn, plusieurs centaines de personnes ont bravé les ordres intimant de rester à la maison.
Aaron, un étudiant de 20 ans, a expliqué être contre cette mesure. “Pour eux, il ne faut surtout pas que les gens manifestent contre le meurtre d’un gars sur le cou de qui on a mis un genou pendant huit minutes”, a-t-il dit, en référence à la mort de George Floyd.
Au total, la police a procédé ces derniers jours à plus de 9.000 arrestations dans tout le pays, selon une estimation reprise par les médias américains. Pour des actes de violences, des dégradations ou pour non-respect du couvre-feu.
A Minneapolis, épicentre des manifestations, la situation se calmait progressivement après de lourdes tensions. AJ Channer, chanteur du groupe Fire from the Gods, a expliqué pourquoi il manifestait. “Ma guerre n’est pas contre la police, ma guerre est contre le système qui permet cette police”, a-t-il dit. “Cette immunité que la police semble avoir” alors que “vous êtes toujours un être humain, vous êtes toujours un Américain et vous devriez donc être poursuivi dans la pleine force de la loi”.
Derek Chauvin, le policier qui a tué George Floyd lors de son interpellation, a été arrêté et inculpé d’homicide volontaire. Les trois autres agents qui l’ont laissé faire ont été renvoyés de la police, et sont désormais poursuivis pour complicité.

(HuffPost)

Related posts

La Banque centrale égyptienne baisse ses taux directeurs pour la première fois depuis 2020

Paris met en garde Alger après le renvoi de 12 agents français en Algérie

Gaza : le nombre de martyrs dépasse les 51 000 depuis octobre 2023