Tunisair, air peut-être

Le plus dur à assurer pour réussir dans le transport aérien est la formation du Personnel Technique Navigant (Pilotes et copilotes), et dans ce domaine, Tunis Air pourrait servir d’école dans le monde arabe et africain. Pourtant, notre compagnie ne cesse de sombrer dans la médiocrité au fils des décades à cause de l’interventionnisme politique et cela a engendré une vache qui n’a plus de lait à donner. Tunis Air a battu les records en emplois fictifs, elle a battu les records en avantages acquis à vie par les membres de son personnel et leurs familles, elle a toujours fonctionné essentiellement grâce à son personnel engagé en CDD, alors que des centaines de cadres gagnaient de l’argent en dormant ou en ayant d’autres occupations rémunérées ! Bref, la compagnie n’en peut plus d’être sucée sans être ravitaillée pour sa survie.

Depuis plus de quatre ans, les gouvernements se sont suivis et se sont faits cognés contre la force maléfique des protégés à vie : ni les plans successifs de restructuration, ni les annulations de dettes au détriment du pauvre contribuable qui étouffe tant on le presse de partout et qui voit son avenir de plus en plus plombé, ni les discours mielleux des politiques souvent ignares dans la gestion de la chose publique, n’ont amélioré d’un iota la situation de plus en plus critique de la gazelle aux pieds fracturés. Pendant ce temps, les compagnies étrangères ont avancé de plusieurs longueurs dans leur mise à niveau, le low cost étant une exigence incontournable pour être up to date !

Depuis des années, les retards deviennent monnaie courante, retards souvent balayés par une annonce du commandant du style « nous vous prions de nous excuser pour ce retard » point. Ces retards sont devenus si fréquents et si longs qu’ils nous font penser aux petites compagnies de la brousse des années cinquante qu’on appelait « Air Peut-être », tant l’incertitude pesait sur leurs fréquences. Depuis plusieurs semaines, Tunis Air offre à ses passagers un sandwich minable servi dans un emballage minable sans serviette, sans couvert, sans serviette rafraîchissante, sans café ni thé et pour toute excuse, le même pauvre personnel annonce avec tout le sérieux du monde que la raison de ce manquement est la grève du service catering de l’aéroport ! Mais de qui se moque –t-on ? Est-ce le service catering qui est responsable de l’image de Tunis Air depuis des semaines ? A l’arrivée à Tunis Carthage (quelle jolie appellation), l’attente pour les bagages dépasse très souvent l’heure de temps pour permettre à des sales mains de bestiaux dont on ignore l’appartenance de visiter certains bagages et causer à leurs propriétaires désagréments et dégoût !

On pourrait évoquer d’autres détails de gestion et de comportement, mais à quoi bon ? Par les temps difficiles que nous vivons, Tunis Air devrait être un modèle d’hygiène et de ponctualité, un promoteur des produits de notre beau terroir, un gage de responsabilité et de confiance, et là, on se sentirait redevable à notre pavillon national pour le soutenir et lui être reconnaissant. La relance du secteur du tourisme commence dès la montée des touristes dans notre avion, et tant qu’il n’y a pas une volonté de fer pour venir à bout de ces profiteurs saboteurs, notre gazelle gardera des pieds fracturés et ne pourra pas sauter pour éblouir nos visiteurs !

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