Tunisair: Croissance et équilibre retrouvés

Tunisair

La situation de TUNISAIR était correcte en 2010, ce sont les retombées de la Révolution qui ont provoqué la rupture de l’équilibre avec, d’une part, la crise du tourisme qui représente 70% de l’activité de la compagnie et, d’autre part, la réintégration du personnel des filiales dans la société mère.

Le plan de restructuration qui a été adopté en 2014 est en train de faire sortir la compagnie de la zone de turbulences avec une nouvelle stratégie commerciale et l’acquisition de gros porteurs.

 Résultats 2013 et indicateurs d’activité 2014

Les résultats financiers de 2013 se sont soldés par un déficit de 205 millions de dinars, car le soutien financier de l’État ne sera répercuté que sur l’exercice 2014.

Le bilan 2014 est en cours d’élaboration mais Mme Salwa Esseghaïer, PDG de la compagnie a donné un aperçu des indicateurs d’activité.

C’est ainsi que le chiffre d’affaires a progressé de 3% passant de 1085 MD en 2013 à 1118 MD en 2014, bien que le nombre de passagers ait régressé suite à la perte du généreux marché libyen depuis août 2014 et l’interruption du juteux marché russe suite au conflit avec l’Ukraine.

Il faut dire que la recette unitaire a augmenté de 6%.

Les charges financières ont diminué de 3% pour se situer à 1278 MD. Selon le premier responsable de la compagnie, le bilan 2014 se rapprocherait beaucoup de l’équilibre, suite aux économies réalisées à tous les niveaux depuis juillet 2014.

Il y a lieu de mentionner que la baisse du prix du carburant a engendré une économie de 22 MD, il est vrai qu’elle n’a eu lieu qu’à partir du mois d’octobre 2014.

Le coefficient d’occupation des avions s’est amélioré en 2014 de 1,3%.

Acquisition de deux gros porteurs à long rayon d’action

Le plan de flotte 2008-2017 conclu avec Airbus a été révisé et actualisé en un plan 2010-2017.

Il faut dire que la flotte de la compagnie nationale qui comptait 30 avions a beaucoup vieilli, d’où la nécessité de la rajeunir.

10 appareils sont mis à la vente dont les deux avions présidentiels, le très luxueux A340 jamais utilisé, stationné à Toulouse le Boeing 737 BBJ, 3 Airbus A300-600, 4 Boeing 737-500 et 1 ATR 42 qui ont dépassé 20 ans d’âge.

Le coût global des nouvelles acquisitions est évalué à 500 millions de dollars US, une somme rondelette à financer par des crédits déjà assurés par la Coface, CGD et Hermès pour les 2 Airbus A330. Les autres appareils seront financés par des crédits garantis par l’État.

Ces acquisitions vont alourdir de façon significative l’endettement de la compagnie, mais ils vont lui donner les moyens de réaliser ses objectifs et de conquérir de nouveaux marchés, grâce à une flotte de la génération la plus récente.

Les perspectives du trafic 2015

Pour cette année, TUNISAIR a procédé à la rationalisation de son réseau avec renforcement des dessertes pour les lignes à rentabilité assurée. Les prévisions sont basées pour cette année sur une augmentation du nombre de passagers de 8 à 9,7% pour atteindre 3,8 millions de passagers. Le coefficient de remplissage des appareils pourrait s’améliorer de 3,1% pour les vols réguliers et supplémentaires et la recette unitaire augmenter de 2,3%.

Les risques pour TUNISAIR viennent de la fluctuation du dollar qui impacte les achats de carburant et le remboursement des emprunts.

Tunis-Carthage, hub régional 

La création et le développement des lignes sur l’Afrique, l’ouverture de vols intercontinentaux sur Montréal et la Chine et le renforcement des vols en direction du Moyen-Orient, impliquent que l’aéroport Tunis-Carthage devienne un hub régional. Certes, le positionnement géographique est stratégique mais il a besoin d’être mis à niveau, notamment pour sa capacité d’accueil.

Il manque cependant à l’aéroport Tunis-Carthage beaucoup de choses dont une consigne-bagages, un ou plusieurs hôtels dans l’enceinte immédiate de l’aérogare, un restaurant 3 fourchettes, des taxis honnêtes et propres, l’application de l’interdiction de fumer dans l’aérogare.

L’aéroport Tunis-Carthage a un besoin urgent d’extension-rénovation pour que les passagers n’attendent pas deux heures pour réceptionner leurs bagages alors que le vol n’a duré que 2h10.

TUNISAIR et le tourisme saharien

TUNISAIR a toujours soutenu le tourisme saharien et maintient deux dessertes hebdomadaires directes Paris-Tozeur, bien que le taux de remplissage reste faible ce qui traduit la non rentabilité de la ligne.

Il appartient aux hôteliers et agents de voyage sous la tutelle de l’ONTT, de faire en sorte qu’elle soit prospère.

Autrement, la compagnie pourrait mettre fin à cette desserte fin mars 2015, ce qui serait catastrophique pour la région, la solution la plus adéquate consiste à subventionner le déficit de la ligue par l’ONTT.

Le plan de restructuration a été engagé

Le plan de restructuration de la compagnie qui a été approuvé par le gouvernement, doit permettre à TUNISAIR de renouer avec l’équilibre des comptes et de renouveler sa flotte.

Le groupe compte 8500 salariés ce qui constitue des charges salariales, et sociales trop lourdes. C’est pourquoi, il a été décidé de recourir au départ en pré-retraite volontaire et indemnisée de 1700 agents sur deux ans.

Ce chiffre a été fixé pour se conformer aux normes internationales en vigueur soit 90 salariés par avion, alors qu’il est actuellement de 303 personnes. 900 candidatures ont été enregistrées, mais 700 seulement sont éligibles à ce départ d’après les critères qui ont fait l’objet d’un accord entre direction et syndicats soit 10 ans d’ancienneté et plus de 45 ans. Les listes nominatives sont prêtes et les négociations ont été entamées avec les syndicats.

L’Etat prendra en charge 52 MD sur deux ans pour les indemnisations de départ du personnel, le reste sera imputé sur le fonds social de la compagnie soit 23 MD

L’Etat a pris en charge les dettes de TUNISAIR vis-à-vis de l’OACA, soit 149,5 MD (165 MD pour le groupe) et a gelé les dettes vis-à-vis de la SNDP (kérosène) : soit 61 MD à rééchelonner.

L’Etat accordera dorénavant sa garantie pour les crédits bancaires à contracter pour le renouvellement de la flotte.

TUNISAIR s’est engagée pour réaliser des économies selon un plan triennal de maîtrise des charges portant sur 30 MD par an. La commission chargée d’identifier les actions en a recensé 170. Pour les représentations à l’étranger, 20% d’économies ont été enregistrés : réduction des loyers et du personnel, révision des contrats avec les prestataires de services.

Une nouvelle stratégie commerciale

La nouvelle stratégie commerciale de la compagnie déclinée par le PDG qui a fait preuve lors de ses réponses aux questions posées d’une grande maîtrise de tous les thèmes concernant TUNISAIR, consiste à conquérir de nouveaux marchés, mettant à profit la 6e liberté, celle-ci consiste à transporter des passagers d’un pays à l’autre de la planète en passant par le hub Tunis-Carthage.

C’est l’acquisition de nouveaux porteurs Airbus A330 qui permettra de réaliser le développement de ce segment, car il s’agit d’un virage qualitatif : plus de confort pour les sièges et l’espace-passager en plus d’un contenu audio-visuel plus riche.

Desserte de Dakar, Dubaî, Orly et Istanbul et nouvelles dessertes sur l’Afrique dont Accra, Niamey, Douala en plus de Montréal pour les deux premiers A330.

Rayonnement de la compagnie et compétitivité iront dans le même sens avec le 3e A330, ce sera la Chine en 2017.

C’est la jonction entre les dessertes africaines d’une part et celles du sud de l’Europe et du Proche-Orient d’autre part, où le réseau TUNISAIR est dense, qui permettra à la compagnie d’assurer son expansion.

La structure des dépenses

Le premier poste de dépenses de TUNISAIR est celui des redevances aéronautiques et aéroportuaires. Il est de 500 millions de dinars, soit 37% du total pour 2013.

Le deuxième poste est celui du carburant avec 332 MD soit 25%.

La masse salariale arrive au troisième rang avec 187 MD et 14%.

Rien que les taxes de survol des pays s’élèvent à 96 MD.

Ridha Lahmar

Related posts

Derby en feu : la victoire de l’Espérance enflamme les rues (vidéo)

Libération du directeur du lycée Ibn Hazm à Mazzouna après son audition

Décès du Dr Zakaria Bouguira