TUNISAIR fête son 65e anniversaire

Saisissant l’opportunité de son 65e  anniversaire, M. Rabah Jerad, PDG de la Compagnie nationale, a organisé une conférence de presse pour annoncer les mesures décidées par le gouvernement en faveur du sauvetage de TUNISAIR ainsi que la relance sensible des activités enregistrée par le transport aérien. Parallèlement, TUNISAIR n’a pas manqué de récompenser les tours-opérateurs qui coopèrent en partenariat étroit, pour leur fidélité et leur attachement.

Le PDG de TUNISAIR, M.  Rabah Jerad, n’a pas caché à ses interlocuteurs les difficultés financières de la compagnie nationale qui vient d’enregistrer un déficit de 160 MD en 2013. Il s’agit du 3e  déficit annuel consécutif du transporteur national.

Il faut dire que TUNISAIR a subi de plein fouet l’impact de la crise du tourisme, consécutive aux retombées relatives au déclenchement de la Révolution et aux évènements sécuritaires, alors que la clientèle touristique représente les 2/3 des passagers de la compagnie. En outre, les charges salariales pèsent lourd sur l’entreprise, soit 70% de l’ensemble des charges à cause du sureffectif de la compagnie intervenu avec la réintégration du personnel des filiales en mars 2011.

La baisse du taux de change du dinar a également contribué à la lourdeur des charges de TUNISAIR : les taxes aéroportuaires sont libellées en euros et le kérosène en dollars américains. Le prix du kérosène, qui n’a pas cessé de flamber, est également pour beaucoup dans le creusement du déficit financier de TUNISAIR. Ces deux derniers postes de charges se sont accrus de 20 MD en 2013 par rapport à 2012.

L’endettement de la compagnie s’est accru de façon sensible suite à l’acquisition de trois nouveaux Airbus durant les trois années écoulées, mais il faut reconnaître que le plan de renouvellement de la flotte, malgré les reports, est en train de se dérouler, ce qui contribue à la fiabilité technique de TUNISAIR. Il y a là un mérite qui doit être mentionné.

 

Le sauvetage de TUNISAIR

L’État a  décidé de procéder au sauvetage à court terme du transporteur national, en accordant des aides d’urgence, en attendant la finalisation du plan de sauvetage définitif qui sera bientôt examiné au niveau du chef du gouvernement. Tout d’abord l’État, actionnaire à 75% de la compagnie, prend en charge ses dettes vis-à-vis de l’OACA, soit 162 MD.

L’État a aussi décidé de geler 128 MD de dettes supplémentaires vis-à-vis de l’Office des aéroports. En ce qui concerne les 61 MD de dettes relatives à l’achat de kérosène auprès de la SNDP, il y aura rééchelonnement sur un an. Il en est de même pour les cotisations employeur vis-à-vis de la CNSS, soit 14 MD et 10 MD de taxes pour la TAV.

Il y a lieu de remarquer que la trésorerie de TUNISAIR est déficitaire de 230 MD, source de charges financières vis-à-vis des banques. En outre, le ministère des Finances a décidé d’avancer 30 MD en guise de soutien pour financer le plan de départ en pré-retraite d’une partie du personnel au titre de 2014 avec une promesse d’une aide de 15 MD au titre de 2015.

Le ministère de Finances a également promis d’accorder la garantie de l’État relative à un crédit par pool bancaire, à contracter par TUNISAIR, pour le financement de l’acquisition d’un Airbus livrable fin 2014 dans le cadre du plan de renouvellement de la flotte.

 

Restructuration du réseau de dessertes commerciales

Le PDG de TUNISAIR a annoncé au cours de sa conférence de presse une restructuration des vols réguliers de la compagnie sur la base de la fermeture des destinations non rentables et l’ouverture de nouvelles lignes en fonction de la demande de la clientèle. C’est ainsi que TUNISAIR a décidé de renforcer ses dessertes sur l’Allemagne, l’Italie et la Grande-Bretagne qui connaissent une montée en gamme pour la clientèle touristique.

La Libye est devenue le premier marché pour TUNISAIR qui a décidé de porter le nombre de ses vols sur ce marché à 66 vols par semaine à  partir de l’été 2014, ce qui est exceptionnel. La France étant le deuxième marché. TUNISAIR a décidé de desservir Erbil (Kurdistan irakien) à raison de deux vols hebdomadaires, suite à l’existence d’une demande et suite à un souhait exprimé par l’Irak à partir de l’été prochain. La compagnie nationale a décidé de développer son réseau de dessertes en Afrique avec une nouvelle destination : Accra au Ghana combinée avec la ligne sur Abidjan, soit deux vols hebdomadaires.

 

La desserte du Canada reportée à 2015

Ayant différé la livraison de ses premiers Airbus A330, avions long-courrier à 2015, alors qu’ils étaient programmés initialement pour 2013 dans le cadre de son plan de flotte, TUNISAIR est contrainte de reporter à 2015 la desserte du Canada, notamment Montréal. Il faut dire que la compagnie nationale travaille depuis dix ans sur ce projet qui a abouti à des accords aériens avec le Canada pour trois slots horaires. Rappelons que l’accord conclu avec la compagnie libyenne, Afriqiya, pour affréter des avions long-courrier de cette dernière pour des dessertes intercontinentales n’a pas eu de suite, pour des raisons de changement de management. Des négociations ont été entamées avec Libyan Airlines dans le même sens.

 

2014 : une relance sensible de l’activité

Du 1er janvier au 20 mars 2014, la compagnie nationale a connu une croissance sensible de ses activités. C’est ainsi que le transport de passagers a augmenté de 12,3% par rapport à la même période de 2013, soit 71.681 passagers supplémentaires. Ainsi, la capacité de transport a augmenté de 4,3% tandis que le coefficient de remplissage s’est amélioré de 5,3% passant de 68,6% à 73,9%.

Il y a là un gain de productivité et de rentabilité certain pour la compagnie nationale. À ce propos M. Rabah Jerad a annoncé que TUNISAIR prévoit une haute saison (du 1er avril au 26 octobre 2014) active avec une forte hausse du trafic passagers de 8,5% par rapport à 2013, soit 2,73 millions de passagers.

En effet, TUNISAIR estime que le nombre de passagers atteindrait en 2014 plus de 4 millions, ce qui représente une croissance de 8,1% par rapport à 2013. Il y a lieu de constater que le management de la compagnie ainsi que ses cadres déploient de grands efforts pour redresser la situation.

Vers un plan de relance définitif

M. Rabah Jerad a également annoncé la constitution de deux groupes de travail qui ont pour charge d’étudier et de proposer des solutions concrètes relatives à la réduction du déficit de 30 MD pour 2014, mais aussi pour chacune des années à venir pour le premier groupe.

Le deuxième groupe qui comportera aussi des représentants de certaines filiales ayant pour mission de mettre au point un programme opérationnel d’amélioration de la qualité des services, ainsi que la mise en place d’une politique de communication interne destinée à mobiliser et à motiver le personnel pour la participation active au plan de sauvetage de la compagnie.

Le premier responsable de la compagnie a annoncé qu’il y aura prochainement une augmentation du capital de TUNISAIR Handling (services à terre) afin de permettre à celle-ci de moderniser ses équipements. Par ailleurs TUNISIAIR, avec le concours des autorités de tutelle, s’efforce de faire participer l’OACA à l’augmentation de son capital, ce qui favorisera davantage la coopération entre les deux entreprises.

 

Ridha Lahmar

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