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Au-delà de petits détails d’organisation, la conférence internationale sur l’investissement a été une réussite. Rappelons que l’objectif était de promouvoir l’investissement privé et de trouver des financements adéquats pour les projets publics. Il est question de faire passer le taux d’investissement (privé et public) de 19,4% du PIB actuellement à 24% en 2020.
La Tunisie aspirait, à travers cette conférence à restaurer son image et à se redresser. L’intérêt suscité montre clairement que l’image de la Tunisie est favorable. En effet, la conférence internationale sur l’investissement a recueilli la sympathie de nombreux pays, de bailleurs de fonds et d’investisseurs. La Tunisie a réussi à travers cette conférence à non seulement faire parler d’elle mais, aussi et surtout, à mobiliser un grand nombre d’investisseurs. C’est tant mieux car ça pourrait être une piste de sortie de crise.
Toutefois, rien n’est garanti. La conférence internationale sur l’investissement a donné lieu à de nombreuses promesses comme en 2011 lors de la réunion du G7 à Deauville où les promesses s’élevaient à environ 25 milliards de dinars. Cette fois ci, c’est une enveloppe d’environ 15 milliards de dinars générée à travers des accords et des conventions. Mais le plus dur reste à faire car il ne faut pas s’arrêter aux promesses mais passer à la concrétisation et à l’action. Il ne faut surtout pas que cette conférence ait le même destin que la réunion de Deauville ou la conférence égyptienne de 2015. Pour cela, un certain nombre de conditions sont nécessaires.
Créer un comité de suivi de très haut niveau
Il est d’abord déterminant de créer un comité de très haut niveau présidé par le ministre des finances voire même le chef du gouvernement afin d’assurer le suivi et de concrétiser les promesses des Etats, bailleurs de fonds et investisseurs. A cet égard, il est utile de se mettre d’accord sur des protocoles d’accord des prêts et des dons soulignant les modalités de décaissement, les conditionnalités etc.
Garantir un climat de paix sociale
Il est inacceptable d’inviter des investisseurs dans un climat social tendu. La centrale syndicale maintien toujours la même position quant aux augmentations salariales et n’accepte pas le report, sachant que le non-report obligera ce même syndicat à accepter une baisse consistante des salaires et ce, bien malgré lui. Il est de même incompréhensible et plus grave encore que les hommes de loi continuent de refuser de se soumettre à la loi. Si les avocats tunisiens cherchent encore à fuir leur devoir face à l’impôt et donc face à la société, comment pourrions-nous convaincre l’investisseur ou le bailleur de fond d’investir dans un pays qui manifeste des signes de corruption forts puisqu’une partie de son élite, juristes, médecins, pharmaciens…, affichent une volonté de maintenir leurs privilèges en revendiquant officiellement le droit d’échapper… au droit. Cette flagrante injustice est propice aux tensions sociales.
La conversion de la dette en projet de développement.
La question de la conversion de la dette en projets de développement est un processus assez complexe. Depuis 2011, de nombreux pays nous ont fait cette promesse de conversion, notamment la France et l’Allemagne, mais rien de concret n’a été réalisé. Faut-il avouer que la partie tunisienne ne maitrise pas ce type de conversion, sinon de financement assez complexe. Il est donc temps de s’y atteler afin de proposer des projets dans la cadre d’une vision globale qui peuvent faire l’objet de conversions et les proposer aux vis à vis concernés.
Mohamed Ben Naceur