Le coup d’envoi de la 21e édition du Tunisia Investment Forum a été donné hier jeudi 12 juin 2024 à Tunis, en présence d’un parterre de quelques 1000 invités prestigieux, comprenant des ministres, des élus, des ambassadeurs, ainsi que des investisseurs tunisiens et internationaux. Placée sous le thème « Tunisie, où la durabilité rencontre les opportunités » et intitulée EU-Tunisia Business Forum, cette édition met à l’honneur le partenariat historique établi entre la Tunisie et l’Union Européenne.
Focus sur les secteurs à forte valeur ajoutée
En mettant l’accent sur quatre secteurs à forte valeur ajoutée, à savoir les composants automobiles, les produits pharmaceutiques, les énergies renouvelables, et les startups et la diaspora, cette édition ambitionne de positionner la Tunisie comme une destination exceptionnelle pour l’investissement et la croissance durable. Grâce à ses avantages compétitifs et son engagement en faveur de l’innovation et du développement durable, la Tunisie se présente comme une destination de choix pour les investisseurs en quête de nouvelles opportunités.
Lors de son discours d’ouverture, la Ministre de l’Économie et de la Planification, Feryel Ouerghi Sebai, a souligné l’importance du Tunisia Investment Forum pour développer les opportunités d’investissement et renforcer la coopération économique, en ligne avec les aspirations nationales et les intérêts communs.
Elle a mis en avant la célébration cette année du partenariat stratégique entre la Tunisie et l’Union Européenne, marqué par un accord inclus dans un mémorandum de compréhension pour un partenariat global et équilibré. La ministre a réaffirmé l’engagement de la Tunisie à faire progresser ce partenariat, en soulignant le respect mutuel et le dialogue comme fondements essentiels.
Elle a également souligné la nécessité d’élargir et d’approfondir la coopération avec les pays frères et amis pour développer un partenariat économique constructif et fructueux. La présence des investisseurs internationaux constitue selon elle un signe fort de confiance mutuelle et de solides partenariats.
La simplification des processus d’investissement, une urgence
La ministre a évoqué les défis actuels tels que les changements climatiques et les fluctuations économiques mondiales. Elle a présenté la vision intégrée du gouvernement pour renforcer l’économie nationale, améliorer sa compétitivité et l’intégrer dans les chaînes de valeur mondiales, afin de hisser la Tunisie à une position méritée sur la scène internationale.
La politique d’investissement a été mise en avant avec un accent particulier sur le soutien à l’investissement privé et l’attraction des entreprises étrangères. La ministre a rappelé les nouvelles stratégies sectorielles, notamment dans la recherche scientifique, l’innovation, et la transition énergétique, soulignant l’importance de la valorisation des jeunes talents face aux défis climatiques.
Elle a considéré que la Tunisie constitue une destination attractive pour l’entrepreneuriat et l’investissement grâce à son expertise, sa résilience et la diversité de son économie. Elle a souligné les capacités de l’économie nationale à accueillir des projets dans des secteurs à forte valeur ajoutée, comme les énergies renouvelables, les composants automobiles et aéronautiques, et les industries pharmaceutiques.
La ministre a indiqué que la nouvelle vision de la politique d’investissement est axée sur la liberté d’investissement et la protection des droits des investisseurs. Elle a mentionné les efforts pour simplifier les processus d’investissement, améliorer la gouvernance et numériser les services destinés aux investisseurs, avec la création en cours du portail national des investisseurs.
« Afin de renforcer cette démarche, nous travaillons actuellement à l’amélioration de la qualité de ces services par leur numérisation et la réduction des délais, en assurant l’interconnexion entre toutes les structures concernées. Le portail national des investisseurs, que nous avons commencé à réaliser en collaboration avec tous les intervenants, permettra de créer une fenêtre numérique unifiée couvrant tous les services destinés aux investisseurs et la mise en place d’une rubrique pour recevoir et traiter leurs retours. » a-t-elle affirmé.
Investissements étrangers: 4 000 entreprises et 460 000 emplois
Elle a insisté sur l’engagement du gouvernement à mettre en œuvre les réformes nécessaires pour renforcer la confiance des investisseurs, citant les récentes dynamiques et réussites dans le secteur énergétique, comme le projet stratégique de liaison électrique entre la Tunisie et l’Italie (Elmed), qui illustre les ambitions du pays.
« Les progrès réalisés dans le projet stratégique de liaison électrique entre la Tunisie et l’Italie, que nous considérons comme un choix stratégique pour créer un pont énergétique reliant les espaces africain et européen, où notre pays sera un acteur distingué et une plateforme modèle pour l’économie verte et l’énergie respectueuse de l’environnement et à faibles émissions de carbone, apportant un soutien important au développement durable, en accomplissant des avancées significatives dans la préparation et la réalisation de plusieurs grands projets tels que les autoroutes, les stations de dessalement de l’eau, la mobilisation des ressources en eau, et la cité médicale de Kairouan. » a-t-elle précisé.
La ministre a fini par souligner l’importance des accords de coopération économique et commerciale avec divers espaces régionaux et internationaux pour le développement économique et la création de nouvelles opportunités. Elle a conclu en soulignant l’augmentation des investissements étrangers en Tunisie, avec plus de 4 000 entreprises à participation étrangère ayant créé près de 460 000 emplois, témoignant de la confiance croissante dans les potentialités et les perspectives du pays.
« Le choix de plus de 4 000 entreprises à participation étrangère de s’implanter en Tunisie et de créer près de 460 000 emplois, ainsi que la tendance à la hausse des investissements étrangers ces dernières années, reflètent sans aucun doute le degré de confiance en notre pays, en ses potentialités et en ses perspectives prometteuses. Tout en étant fiers de travailler avec ces entreprises, nous sommes déterminés à fournir tout le soutien nécessaire et à accélérer le rythme des réformes pour surmonter les difficultés et créer les conditions optimales pour l’expansion de leurs activités et de nouveaux investissements, notamment à la lumière des nouvelles opportunités disponibles aux niveaux régional et international. » a-t-elle précisé.
De son coté, l’ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie Marcus Cornaro a affirmé, lors de son discours au nom du Commissaire européen en charge du voisinage et des négociations d’élargissement, Olivér Várhelyi, que ce forum marquait le partenariat historique entre l’Union européenne et la Tunisie.
L’ambassadeur a rappelé que le protocole d’accord signé en juillet dernier couvre six domaines d’intérêt mutuel : la stabilité macro-économique, l’économie et le commerce, l’énergie, le rapprochement entre les peuples, l’immigration et la mobilité. En moins d’un an, ce protocole a produit des résultats concrets, notamment un appui budgétaire de 150 millions d’euros pour soutenir les réformes économiques.
Les IDE de l’UE: 88% des entreprises étrangères et 400 000 emplois
Il a également mis en avant les projets bilatéraux phares dans les domaines de l’énergie et du numérique tels que les projets MEDUSA et ELMED. Ces initiatives démontrent l’engagement de l’UE en faveur de l’innovation et de la modernisation. Il a ajouté que des améliorations de l’accès au financement seront présentées, notamment une nouvelle garantie soutenant un prêt de 170 millions d’euros et une subvention complémentaire de 80 millions d’euros pour réduire le risque de crédit pour les PME.
L’ambassadeur a souligné l’importance d’encourager les investissements privés en Tunisie. Il a rappelé que les investissements directs étrangers (IDE) de l’UE représentent 88% des entreprises étrangères en Tunisie, employant plus de 400 000 personnes. Au cours des dernières années, 100 nouveaux investissements européens ont été réalisés, créant 15 000 emplois supplémentaires.
Il a reconnu la nécessité de progresser davantage et a encouragé les autorités tunisiennes à présenter leurs réformes économiques pour améliorer le climat d’investissement, soutenant ainsi une croissance durable. L’UE reste déterminée à soutenir la Tunisie dans le cadre d’une société plus égalitaire et fondée sur les libertés fondamentales.
L’ambassadeur a également évoqué les divers outils financiers et techniques de l’UE destinés à soutenir le gouvernement tunisien et le secteur privé, incluant des garanties réduisant les risques liés aux investissements. Il a mentionné des programmes comme Erasmus+ et Horizon Europe, qui offrent des opportunités pour l’innovation et la recherche.
Pour sa part, Samir Majoul, président de l’UTICA (Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat)
a considéré que le Tunisia Investment Forum constitue désormais un événement économique crucial pour les industriels et les investisseurs internationaux. Il a exprimé sa gratitude pour cette marque de confiance et a promis que la Tunisie s’engage à ne jamais décevoir ses investisseurs. Il a affirmé que les participants incarnent la stratégie ambitieuse du pays et jouent un rôle majeur dans la diplomatie économique tunisienne.
Le président de l’UTICA a évoqué le contexte inédit dans lequel s’inscrit cette confiance. Les crises récentes, comme la pandémie de COVID-19 et la crise énergétique, ont mis en lumière l’importance de ne pas dissocier les enjeux économiques des tensions géopolitiques. Ces crises ont révélé les dépendances stratégiques et les faiblesses structurelles des économies. Majoul a insisté sur la nécessité de garantir une production et un approvisionnement durables, de maintenir un savoir-faire local et de valoriser la proximité.
Et si on relocalisait les investissements vers la Tunisie ?
Selon Majoul, le monde est entré dans une économie de guerre depuis la pandémie, et il est impératif de s’organiser durablement en conséquence. Les défis géopolitiques et les enjeux stratégiques incitent à relocaliser les investissements vers des zones de paix historiques, comme la Tunisie, pour garantir la souveraineté nationale et continentale. Il a appelé à la souveraineté alimentaire, énergétique, sanitaire, numérique et cybernétique.
Majoul a souligné l’immense potentiel de la Tunisie, décrite comme une puissance manufacturière régionale. Il a mis en avant les compétences, les talents, le capital humain, ainsi que les entreprises innovantes et les multinationales présentes dans le pays. La Tunisie dispose d’un écosystème de start-up, d’institutions solides et d’une base industrielle capable de jouer un rôle de premier plan dans les technologies clés pour l’avenir. Majoul a exprimé l’ambition de la Tunisie de devenir un leader mondial dans les technologies vertes et numériques.
Le président de l’UTICA a affirmé que la Tunisie est engagée dans un plan global de réforme, en parfait accord avec le gouvernement. Il a évoqué la nécessité de décarboner les lois actuelles, qu’il considère comme trop complexes, et de mettre en place des politiques adéquates pour stimuler l’investissement et l’innovation. Cela passe par l’élimination des charges bureaucratiques inutiles et le développement d’un cadre réglementaire favorable à la dynamique économique.
Il a ajouté que la Tunisie s’efforce de promouvoir ses intérêts, de mobiliser les investissements nécessaires et de relever les défis en matière de compétitivité tout en exprimant l’espoir que la Tunisie devienne un paradis de l’innovation, grâce à un nouveau dynamisme économique et à une coopération renforcée entre les secteurs public et privé.