« Tunisie 2020 » : Quelle image à promouvoir ?


Nous sommes pratiquement à la veille de la tenue du forum international de l’investissement les 29 et 30 novembre à Tunis : un événement capital pour l’avenir de notre pays.

Plus de 1200 décideurs participeront à cette rencontre, dont des personnalités politiques et économiques de premier plan dans le monde et 700 investisseurs étrangers parmi lesquels les représentants des bailleurs de fonds internationaux. Autant dire que nous n’avons pas le droit à l’erreur.
C’est pourquoi, il est légitime de se poser des questions relatives aux préparatifs, destinés à ménager le maximum de conditions de succès à cette manifestation de grande envergure.
Nous devons saisir cette opportunité unique qui se présente pour changer l’image de notre pays vis-à-vis de l’opinion publique internationale et des médias étrangers qui ne manqueront pas de venir nombreux redécouvrir le nouveau visage de la Tunisie. Il n’est plus celui d’un pays victime d’actes terroristes et de perturbations sociales multiples, mais plutôt celui d’un pays sécurisé, doté d’une stabilité socio-politique et d’institutions démocratiques, qui avance lentement mais sûrement sur la voie des réformes économiques.
Afin d’attirer l’investissement extérieur et de faire revenir en masse les touristes européens dans notre pays nous devons donner une image brillante de la Tunisie. Celle-ci doit être faite de propreté et d’hygiène dans les lieux publics et privés, d’environnement verdoyant, de sens de l’hospitalité, de souveraineté de l’Etat, d’infrastructures modernes et de qualité, de justice indépendante et de site d’investissement compétitif et sécurisé.
Un pays où il fait bon vivre et où le climat des affaires est favorable qu’avons-nous fait dans ce but et où en sommes-nous des préparatifs diligentés ou à programmer par  les autorités dans ce sens ?
Au fait y a-t-il un projet dans ce but car il n’a pas été divulgué.
Nous n’avons pas constaté une mobilisation des différentes institutions, départements ministériels ou agences nationales pour préparer avec enthousiasme et ferveur cette manifestation exceptionnelle et lui garantir toutes les chances de réussite.
Il faut reconnaître que les forces de sécurité intérieure, en plus de ce que fait l’Armée nationale aux frontières et dans les sites sensibles, fournissent des efforts remarquables pour assurer la sécurité dans le pays.
Est-ce acceptable et logique de montrer à nos visiteurs étrangers que la moitié de l’hyper centre de la capitale côté sud est un immense étalage de produits contrefaits introduits dans le pays en contrebande qui jonchent les trottoirs et les chaussées, en toute impunité et au grand désespoir des commerçants patentés dont les magasins sont devenus inaccessibles à la clientèle ?
Comment peut-on inciter des investisseurs étrangers à investir dans un pays où le commerce parallèle représente 50% de l’économie globale, lorsque les pouvoirs publics se montrent incapables d’endiguer et de maîtriser ce torrent dévastateur du commerce illégal, dirigé par une poignée de barons de la contrebande
Il y a là une action de plus qui attend le gouverneur de la capitale ainsi que les responsables des mairies du grand Tunis.
Il est indécent que gravats et tas d’ordures ménagères gisent au bord de nos routes et dans nos quartiers.
J’aimerais bien savoir à quoi servent en ce moment les 400 engins : bennes-tasseuses et bulldozers flambant neufs importés pour 60 millions de dinars et livrés aux mairies, à part leur exposition en grande pompe devant les caméras de la télévision ?
Il est probable qu’ils se sont réfugiés dans les parcs des mairies pour ne pas les utiliser sur le terrain.
Alors qu’ils doivent être actionnés nuit et jour pour améliorer l’état de notre environnement qui en a bien besoin.
Nous n’allons pas quand même montrer à nos visiteurs étrangers que nous ne savons pas balayer devant chez nous !
L’aéroport Tunis-Carthage qui ressemble de plus en plus à une gare routière de province a besoin d’un sérieux coup de neuf pour recevoir dignement nos hôtes étrangers et veiller sur la qualité des services : accueil, acheminement des bagages, transferts,… c’est la vitrine du pays, le front-office et la première impression que les visiteurs gardent de leur voyage en Tunisie.
Nos hôtels, restaurants, cafés et commerces divers doivent se remettre en question et pour remettre à niveau leur look et la qualité de leurs prestations au service des visiteurs extérieurs.
Nos routes et trottoirs ont besoin d’une maintenance urgente pour boucher trous et crevasses et sauver les apparences. Quelle fiabilité pour notre économie vis-à-vis des investisseurs étrangers lorsque le bassin minier de Gafsa est en crise illimitée depuis six ans ?
Du côté du ministère de l’Investissement il semble que les préparatifs avancent correctement. Il y a d’abord les documents de base à remettre aux investisseurs extérieurs : la loi de l’investissement avec ses trois décrets d’application, ainsi que la stratégie de développement 2016-2020 qui définit la vision à moyen terme ainsi que la loi relative au partenariat public-privé.
Il y a lieu de penser que les études de faisabilité sont achevée et les dossiers de projets à financer sont disponibles en arabe, français et anglais.
Il s’agit de 28 mégaprojets prêts pour la réalisation, il ne manque plus que le financement : ce sont des projets publics dans le secteur des infrastructures.
– Port en eau profonde à l’Enfidha ;
– Ligne électrique sous-marine Tunisie-Italie destinée au transport de l’électricité à produire par les technologies renouvelables ;
 – Extension du réseau ferroviaire ;
– Construction du pont fixe de Bizerte ;
– Usine de dessalement de l’eau de mer ;
– 20 autres projets sont à réaliser selon le système du partenariat public-privé.
Il semble, ce qui serait une excellente chose, que des contrats de financement seront signés pendant le forum, tandis qu’un comité de suivi sera constitué pour veiller sur la concrétisation des promesses tenues au cours du forum     

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