Ecrire une thèse est un travail de longue haleine, souvent solitaire et qui demande une persévérance tenace. C’est un état de tension qui perdure et qui demande du courage et du sacrifice.
Dans un pays comme le nôtre où tous les facteurs poussent les chercheurs et les intellectuels à la dépression et à l’abandon de leurs travaux de recherche, certaines thèses de doctorat finissent au bord de la route dans un marché aux puces au milieu des tas de bric-à-brac, vendues pour quelques sous.
De passage devant le marché aux puces à Monastir, à 50 mètres de son cabinet à Jemmal relevant du gouvernorat de Monastir, Dr Aziza Ben Salah est tombée sur 5 thèses de doctorat en pharmacie dont une a été soutenue le 17 avril 2019, au milieu d’un vieux fatras.
« J’étais choquée de voir des thèses par terre au milieu d’un amas de vieux souliers et d’anciennes vaisselles. Le vendeur n’avait rien compris. Il m’a juste dit que je n’étais ni la première ni la deuxième personne à prendre en photo ces thèses là. J’ai publié les photos sur les réseaux sociaux. Beaucoup de médecins ont réagi sur le coup. Je suis retournée au marché pour les acheter. Le vendeur m’a bien dit qu’il les a achetées toutes à 10 dt soit 2 dt chacune au marché de Moknine. Trois de ces thèses sont récentes. Elles sont conservées chez moi en attendant de retrouver leurs auteurs »a-t-elle expliqué.
Encore un incident qui ne fait que noircir l’image du chercheur et intellectuel en Tunisie. Un intellectuel proscrit qui voit le fruit d’un travail de recherche harassant finir dans un marché aux puces. Un incident qui montre pour la énième fois le mépris de la connaissance, de la culture, de l’éducation, de la science mais aussi le mépris des efforts d’un chercheur qui a sué sang et eau pour accomplir ce travail scientifique voire ce projet de vie.
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