Tunisie : 6 femmes ont été tuées par leurs maris en 2024

The illustration shows the silhouette of a man with choking a woman in Berlin, Germany, 8 January 2013. Photo: Jan-Philipp Strobel Reporters / DPA

La Tunisie, souvent citée comme un exemple progressiste dans le monde arabe en matière de droits des femmes, est confrontée à un défi persistant : la violence domestique et la discrimination de genre. Malgré les avancées législatives, la réalité sur le terrain demeure alarmante.

Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des femmes, l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD) a organisé hier à Sousse une conférence de presse sous le thème « Les droits humains des femmes: la fragilité s’approfondit ».
A cette occasion, Jalila Znaydi, membre de l’ATFD, a considéré que l’application de la loi 58 contre la violence envers les femmes était timide en raison du manque de volonté politique, contrairement au décret 54 relatif à la lutte contre les crimes liés aux systèmes d’information et de communication.
Znaydi a également indiqué que l’Association a mené une étude de terrain en 2021 sur l’accès des femmes à la justice, qui a révélé qu’une seule affaire sur 15 a été jugée, en vertu de la loi numéro 58 de l’année 2017.
Pointant du doigt les lacunes de l’application des lois et appelant à des actions concrètes pour mettre fin à cette tragédie humaine, Jalila Znaydi a critiqué le silence de l’État et l’absence de volonté politique pour mettre fin à la violence contre les femmes, surtout avec l’aggravation alarmante des crimes de meurtre de femmes selon elle. Elle a considéré que le phénomène de l’impunité a contribué à normaliser ces violations.
Par la même occasion, elle a présenté les statistiques sur les meurtres de femmes pendant les mois de janvier et février 2024, où il est mentionné que 6 femmes ont été tuées par leurs maris ou membres de leur famille, contre 25 femmes en 2023 et 15 femmes en 2022.
“ Le nombre total de victimes de meurtre est beaucoup plus élevé que ce qui a été déclaré”, a-t-elle assuré, tout en exprimant son étonnement face à l’absence de données et de statistiques officielles à ce sujet, ainsi qu’à l’absence de chiffres sur les femmes handicapées victimes de violence.
Dans ce même cadre, il est à noter que les centres d’orientation et d’écoute à Tunis, Sousse, Kairouan et Sfax ont accueilli plus de 800 femmes victimes de violence en 2023, selon les statistiques, où la violence conjugale représente 52%, la violence familiale 8%, le harcèlement 4%, la violence sexuelle 3%, la violence économique 10%, la violence politique 6%, et 17% d’autres types de violence.
Les statistiques ont également montré que parmi les 800 cas, 50% des femmes ne travaillaient pas, 10% étaient des femmes au foyer, 4% étaient des travailleuses indépendantes, 7% étaient des ouvrières et 18% étaient des employées.
Znaydi a ainsi réitéré la demande d’activation de la loi 58 et la fourniture de ressources logistiques et matérielles à tous les intervenants dans le domaine, en plus du renforcement de leurs capacités dans le cadre de la formation continue, ce qui relève des responsabilités de l’État, selon ses dires. Elle a également rappelé la nécessité urgente de transformer les paroles en actions tangibles, et de faire de la sécurité des femmes une priorité nationale en Tunisie. Selon elle, il est temps que l’État tunisien passe des promesses aux actes pour mettre fin à la violence envers les femmes et garantir leurs droits fondamentaux.

M.BB

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