Dans une interview accordée à l’agence TAP en marge des réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale, Jihed Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, a dressé un tableau sombre de l’économie tunisienne.
Malgré quelques signes d’amélioration dans certains secteurs comme le commerce extérieur et l’agriculture, la croissance reste bien en deçà des attentes. Selon les dernières prévisions du FMI, elle devrait stagner à 1,6% en 2024 et 2025, plaçant la Tunisie à la dernière place des pays d’Afrique du Nord.
Il est également question d’un chômage galopant et des investissements timides. En effet, le faible dynamisme économique se traduit par un taux de chômage élevé, estimé à 16,4% en 2024. La création d’emplois et l’attraction des investissements sont donc des enjeux majeurs pour le pays. Jihed Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale au FMI, souligne la nécessité de réformes structurelles pour stimuler l’économie et réduire le poids de la dette publique.
Il sied d’ajouter que le dialogue avec le FMI reste au point mort. Les négociations entre la Tunisie et le FMI, qui avaient abouti à un accord préliminaire en octobre 2022 pour un financement de 1,9 milliard de dollars, sont au point mort. Le président Kais Saied a rejeté les conditions imposées par le Fonds, les jugeant trop contraignantes et susceptibles d’aggraver la crise sociale.
La Tunisie se retrouve ainsi confrontée à des défis multiples : une croissance atone, un chômage élevé, une dette publique importante et des relations tendues avec les institutions financières internationales. Le contexte régional, marqué par des instabilités politiques et économiques, ne facilite pas la tâche des autorités tunisiennes.
Pour sortir de cette impasse, la Tunisie doit mettre en œuvre des réformes ambitieuses et durables. Il s’agit notamment de :
- Diversifier l’économie en développant de nouveaux secteurs porteurs, comme les énergies renouvelables ou les technologies de l’information et de la communication.
- Améliorer le climat des affaires pour attirer les investissements étrangers directs.
- Réformer le secteur public en réduisant les dépenses inutiles et en améliorant l’efficacité de l’administration.
- Renforcer le dialogue social pour trouver des solutions consensuelles aux problèmes économiques et sociaux.
La réussite de ces réformes est essentielle pour assurer la stabilité de la Tunisie et améliorer le niveau de vie de sa population.