Tunisie, économie. Ghazi Ben Ahmed : « 2016, dernière chance ».

Ghazi Ben Ahmed, fondateur et Président du MDI (www.mditunis.org) est Docteur en Sciences économiques de l’Université de Montpellier I, France, spécialiste des questions de commerce international, et économie du développement. Il a été fonctionnaire à la commission européenne à Bruxelles, pendant de nombreuses années, en charge des négociations textiles, de l’assistance technique aux pays sud méditerranéens et du dialogue de haut niveau entre l’Union européenne et la Chine. Ensuite, il a été conseiller supérieur à la CNUCED (Organisme des Nations Unies en charge du commerce et du développement) à Genève, en charge du suivi des négociations des accords commerciaux Afrique Caraïbes Pacifique avec l’Union européenne. Puis, Lead Economiste à la Banque africaine de développement, à Tunis, où il a entre autre été en charge de la conception et de la mise en œuvre de la réponse de la BAD à la crise financière internationale en coordination avec le G20, l’OMC et la Banque mondiale. Il a ainsi conçu et géré un programme de 1 milliard de dollars destinés au financement du commerce en Afrique. Ce qui lui a valu de nombreux prix internationaux.
Après la révolution, il s’est mis à son propre compte dans les affaires, puis consultant international et ensuite, il a fondé un think tank dédié principalement aux questions économiques, l’Initiative Méditerranéenne pour le Développement (de son acronyme anglais MDI) affilié avec le think tank (Center for Transatlantic Relations) de l’Université Johns Hopkins à Washington DC. Cette initiative est très active dans l’insertion des jeunes et les TIC, l’autonomisation des femmes et l’intégration économique en Afrique du nord (et vers le reste de l’Afrique).
Auteur prolixe, sans aucune appartenance politique, actif dans le plaidoyer pour le développement économique de la Tunisie (aux Etats Unis, en Europe et en Asie), il milite pour le redressement économique de la Tunisie, à travers la mise en œuvre des réformes comme condition sine qua non du redressement économique du pays, et parie sur le renforcement des liens avec l’Union européenne, notamment à travers des négociations intelligentes et pragmatiques de l’ALECA (Accord de Libre Echange Complet et Approfondi).
Dans son dernier article, « 2016, l’année de la dernière chance » publié sur les colonnes de notre confrère l’Economiste Maghrébin, Ghazi Ben Ahmed met en garde contre un excès d’optimisme, dépeint un tableau assez sombre, mais réaliste, de la situation socio-économique de la Tunisie, et met en doute les prévisions de croissance du FMI pour 2016 (2,6%), en soulignant que les moteurs de la croissance (exportations, consommation, investissements) sont pratiquement tous à l’arrêt et le resteront. 2016 sera une année difficile, marquée par un regain de tensions sociales, le retour des djihadistes, une année agricole à risque, un tourisme pratiquement inexistant et une marge de manœuvre du gouvernement réduite. Sans oublier que 2016 et 2017 verront le remboursement de dettes contractées allégrement quelques années plus tôt.
Le plus intéressant sans doute dans son article est le choix des recommandations. Loin d’être exhaustif, il a choisi plutôt de mettre l’accent sur trois recommandations qui devraient être à la base du redressement économique du pays :
• privilégier les compétences et son corolaire sanctionner l’incompétence à tous les niveaux, sans quoi on serait condamnés à rester dans un cercle vicieux de médiocrité.
« La culture de l’excellence, la méritocratie, et la sanction de l’incompétence, sont l’essence même du prestige de l’état tant clamé… La composition du prochain gouvernement donnera le ton… Il ne suffit pas de nommer une personne intègre, travailleuse, et appréciée, encore faut-il qu’elle soit à sa place, dynamique et opérationnelle… »
• Miser sur nos jeunes en les orientant sur des métiers d’avenir et à plus haute valeur ajoutée et technologique dans tout le territoire tunisien, et cela commence tout de suite avec les formations certifiantes et le MDI en a fait son cheval de bataille, notamment dans les TIC (pour devenir freelance ou jeune entrepreneur).
« Améliorer l’employabilité des jeunes et les équiper pour mieux répondre à la demande du marché présentement et à l’avenir (e-commerce, e-santé, e-…) est primordial. »
• Devenir une plateforme d’exportation de produits et de services via le développement des infrastructures en privilégiant la concurrence, la décentralisation et les partenariats stratégiques
« Le financement privilégiera le PPP et les concessions en faveur d’acteurs clé comme par exemple les entreprises chinoises dans le cadre du méga programme économique chinois visant à favoriser les échanges commerciaux entre l’Europe, le Moyen Orient et l’Asie. »

Ghazi Ben Ahmed met en doute les prévisions de croissance du FMI pour 2016 (2,6%), en soulignant que les moteurs de la croissance (exportations, consommation, investissements) sont pratiquement tous à l’arrêt et le resteront.

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