La Tunisie, comme de nombreux pays, est confrontée à un dilemme économique : celui de concilier soutien social et stabilité budgétaire face à la flambée des prix de l’énergie. Les subventions accordées aux hydrocarbures, représentant près de 73% du total des subventions publiques, pèsent lourdement sur les finances de l’État.
Selon les dernières données du ministère des Finances, relayées par l’Agence ICE, la Tunisie consacrera en 2024 pas moins de 7 milliards dinars (soit plus de 2 milliards d’euros) au soutien des hydrocarbures. Un montant colossal qui fragilise les équilibres budgétaires et limite les marges de manœuvre pour investir dans des secteurs clés comme l’éducation, la santé ou les infrastructures.
« Cette situation crée un cercle vicieux », explique l’Agence ICE. En effet, la dépendance aux subventions expose le budget de l’État aux fluctuations des cours mondiaux du pétrole, obligeant les pouvoirs publics à allouer des sommes toujours plus importantes pour maintenir les prix artificiellement bas.
Face à ce constat, les autorités ont compris la nécessité de réduire leur dépendance aux énergies fossiles. Le lancement du projet « Incitations à la mobilité électrique en Tunisie » en 2023 marque une étape importante dans cette transition.
Ce projet, soutenu par le Fonds pour l’environnement mondial, vise à promouvoir l’utilisation des véhicules électriques et à réduire ainsi la consommation de pétrole. Selon les estimations, la généralisation de la voiture électrique pourrait permettre d’économiser près de 660 millions de dollars d’importations d’hydrocarbures d’ici 2030.
En parallèle, le développement d’infrastructures de recharge est essentiel pour accompagner cette transition. Le gouvernement tunisien s’est engagé à déployer un réseau de bornes de recharge performantes sur l’ensemble du territoire.
La réduction des subventions aux hydrocarbures est une réforme complexe qui nécessite une approche graduelle et accompagnée de mesures sociales pour protéger les ménages les plus vulnérables. Il s’agit d’un enjeu majeur pour la Tunisie, qui doit trouver un équilibre entre la nécessité de maîtriser ses finances publiques et celle de garantir un accès abordable à l’énergie pour tous.