Tunisie- FMI : le risque de retarder le décaissement est réel

 

Il y a quelques semaines, tout le monde applaudissait le succès de l’IMF Staff Level Agreement. La déclaration de Björn Rother, chef de la mission, était venue mettre du baume au cœur des autorités tunisiennes. Il annonçait  « au terme d’échanges productifs, l’équipe des services du FMI et les autorités tunisiennes sont parvenues à un accord sur les politiques économiques nécessaires pour achever la première revue du programme de la Tunisie appuyé par le MEDC. Cet accord est subordonné à l’approbation du Conseil d’administration du FMI. L’achèvement de la revue mettrait à disposition 227,3 millions de DTS (environ 308 millions de dollars), ce qui porterait le total des décaissements au titre du MEDC à environ 627,5 millions de dollars ».
L’équipe du FMI chargée du dossier Tunisie doit donc préparer le dossier pour approbation par le Conseil d’administration du Fonds. Ce qui doit être accompli avant le 25 mai courant. Cependant, l’équipe du FMI ne cache pas une certaine inquiétude du fait que les conditions préalables au décaissement que la Tunisie n’a pas pu jusqu’à présent satisfaire ce qui rend difficile la présentation dans les délais le dossier devant le Board, comprendre le Conseil d’Administration du Fonds.
Il faut rappeler que parmi ces conditions préalables, on retrouve l’augmentation des prix du carburant, la flexibilité du taux de change et la mise en œuvre de la réforme de la fonction publique. Le gouvernement, pris dans le tourbillon des revendications sociales et des troubles dans certaines régions du pays est fragilisé. Ceci n’est pas sans susciter les doutes du FMI qui, en quelque sorte met sa crédibilité en jeu.
A quelques jours de la date du 25 mai, et au vu de la situation, trois alternatives sont envisageables :

  • l’équipe du FMI pourrait prendre le risque de présenter le dossier avec la non satisfaction de toutes les conditions préalables. Ce qui est en réalité un scénario trop risqué car au cas où une grave crise survienne, c’est le FMI qui sera accusé le premier et encaissera tous les maux de la Tunisie.
  • La seconde alternative est de reporter de deux mois le décaissement. C’est un scénario prudent qui permettrait à l’équipe du FMI de s’assurer de la crédibilité de la démarche du gouvernement et la satisfaction des conditions préalables.
  • La troisième et dernière alternative est de mettre fin au programme et donner la chance aux autorités de renégocier un nouveau programme. Cette alternative devrait émaner plutôt du gouvernement tunisien lui-même car c’est toujours mieux de quitter de son plein gré que de se faire virer. Le gouvernement aura-t-il le courage de prendre une telle décision ?

Au final, la Tunisie pourra toujours mettre en avant le nécessaire soutien des bailleurs de fonds internationaux à la jeune et unique démocratie tunisienne de ce qui est communément appelé printemps arabe. En revanche, il y a lieu de souligner que le gouvernement devrait par-dessus tout poursuivre les réformes économiques oh combien nécessaires.

L.R

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