Tunisie: I watch dénonce un indicateur de corruption alarmant

Lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi 23 janvier 2020, l’association IWatch a annoncé que le CPI ( Corruption Perception Index) attribué à la Tunisie en 2019 est égal à 43 points, gardant ainsi le même score de 2018.
Selon les membres de IWatch, cet indicateur est frustrant du moment que la Tunisie stagne et n’a même pas atteint la moyenne, en dépit des efforts colossaux de l’association.
Ils indiquent que la raison principale derrière ces résultats est l’absence de  volonté politique et la passivité du secteur judiciaire, notamment à l’égard des affaires politiques.
Cet indicateur s’étend de 0 à 100 et a été calculé initialement avant d’être peaufiné au fur et à mesure, au fil des années, afin de fournir un classement plus pertinent.

Tasnim Tayari, conseillère juridique de I Watch, a expliqué la méthode actuelle de calcul du CPI qui se base sur 3 étapes primordiales: Tout d’abord, les sources auprès desquelles les données sont collectées sont fixées et des questionnaires sont adressés à des experts du domaine. Le sondage est effectué par le biais d’organisations spécialisées dans la gouvernance et l’environnement du travail. En effet, un travail d’investigation portant sur les pratiques de corruption ( l’ampleur de la corruption politique, le favoritisme, la déviation du pouvoir…) est effectué par l’organisation  » Transparency International ». Ensuite, les résultats des questionnaires sont collectés dans une base de données.

Enfin, des académiciens indépendants se chargent du calcul de l’indicateur de corruption tout en vérifiant la marge d’erreur. En réalité, le travail d’investigation représente l’étape la plus exhaustive et la plus délicate.

En effet, les pays évalués subissent une investigation basée sur plusieurs sources dont la Banque Mondiale et le Forum Economique Mondial.

Les membres de I Watch soulignent la précision du CPI qu’ils jugent privilégié grâce à 4 caractéristiques: Sa capacité à couvrir le plus de pays possibles, la crédibilité et la fiabilité des sources sollicitées, son aptitude à résumer plusieurs indicateurs différents et le fait qu’il fournit une illustration plus détaillée par rapport à d’autres indicateurs.

D’après les calculs du CPI, la région MENA entegistre le taux le plus important en termes de corruption.

En effet, les Emirats arabes Unis viennent au top du classement basé sur le CPI suivis par le Qatar.

Quant au Yemen et La Syrie, ils occupent les dernières places du classement avec des CPI très faibles.

A l’échelle mondiale, Le Danemark et la Finlande font partie des pays qui se sont avérés les plus éthiques contrairement à La Somalie qui est la dernière de la classe.

La Tunisie, une vraie prise de conscience de la part de la classe politique s’impose

Bien qu’elle ait avancé dans le classement, la Tunisie a gardé le même CPI de 2018.

Les membres de I Watch estiment que cette stagnation émane de deux problèmes incontestables: L’absence de volonté politique et la non-application de la loi de la protection des dénonciateurs.

En effet, 9 années sont passées depuis l’entrée en vigueur de la loi de lutte contre la corruption et la loi de la protection des dénonciateurs.

Néanmoins, l’indicateur de corruption de la Tunisie demeure inchangé.

I Watch a souligné que cet indicateur lance un appel de détresse afin de mettre fin aux pratiques de corruption qui persistent toujours, en dépit des efforts indéniables de la société civile.

Les membres de l’organisation jugent que leur zèle s’adresse à une  » cause perdue d’avance » du moment qu’on n’arrive pas à trouver des solutions concrètes à cause de la classe politique qui n’est pas impliquée et de la passivité du secteur judiciaire.

En effet, plusieurs procès en justice ont été intentés par I Watch et sont, d’ores et déjà, négligés depuis environ 8 ans.

De fait, I Watch insiste sur l’importance du suivi des instructions suivantes afin d’avancer: Il est primordial de traiter les procès négligés , notamment ceux liés aux affaires politiques et d’appliquer la loi relative à la protection des dénonciateurs.

De plus, afin de faire face à cette crise, il faut adopter une stratégie ferme en ce qui concerne le dossier de la récupération des avoirs spoliés qui a été traité avec beaucoup de nonchalance et a été mêlé à la collusion, par le passé, d’après les membres de I Watch.

En outre, on doit combattre le manque d’équité et de transparence lors de la sélection des dossiers de corruption.

De ce fait, les membres de l’organisation ont insisté sur la responsabilité du prochain gouvernement dans l’avancement du processus de la lutte contre la corruption.

En effet, il est indispensable de placer cette cause dans les priorités du prochain gouvernement et d’élaborer une stratégie bien définie de lutte contre la corruption.

D’autres mesures sont également jugées imminentes par l’équipe I Watch telles que l’activation du rôle de surveillance du parlement moyennant la responsabilisation, la législation de la Cour constitutionnelle tant attendue et l’adoption de la transparence dans les industries extractives…

 » On lance un appel à l’autorité judiciaire afin d’accélérer l’examen des procès de corruption adressés au pôle juridique et financier, notamment ceux qui concernent des figures politiques. On espère aussi l’application de la loi et de la responsabilisation et mettre fin à l’impunité. « , insiste Manel Ben Achour, directrice des programmes de l’organisation IWatch.

   I.GH

 

 

 

 

 

 

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