Lors d’une conférence de presse organisée hier mercredi 19 janvier 2022, l’organisation Reporters Sans Frontières (RSF) et le Syndicat National Des Journalistes Tunisiens (SNJT) ont tiré la sonnette d’alarme sur la situation de la liberté de la presse en Tunisie depuis le 25 juillet dernier.
Le chef du bureau de Tunisie de RSF, Souhaib Khayati a déclaré que les violations contre les journalistes ont connu une hausse alarmante durant ces derniers mois tout en citant l’exemple des actes de violence enregistrés en marge des manifestations organisées à Tunis le 14 janvier courant à l’occasion de la célébration de l’anniversaire de la Révolution. Selon Souhaib Khayati cette situation suscite l’inquiétude quant à la position du Président de la République Kaïs Saïd par rapport à la liberté de la Presse. Il a, dans ce contexte, appelé le Chef de l’Etat, en tant que garant de la liberté de la Presse, à s’engager en faveur des droits des journalistes et à entamer les réformes juridiques nécessaires.
De son coté, la vice-présidente du SNJT Amira Mohamed a affirmé que la scène médiatique tunisienne fait désormais face à deux ennemis. Il s’agit, selon elle, des parties politiques qui ne croient pas au journalisme libre et indépendant à l’instar d’Ennahdha, la Coalition Al-Karama et le Parti destourien libre (PDL) ainsi que des collectifs pros Kais Saïd.
Elle a ajouté que la liberté d’expression est menacée rappelant, dans ce contexte, l’exclusion de tous les partis politiques des débats télévisés de la télévision nationale.
Par ailleurs, Amira Mohamed a considéré que la scène médiatique n’a connu aucune évolution depuis 2011 ajoutant que les gouvernements qui se sont succédé n’ont pas soutenu les réformes dans le secteur des médias où le chaos règne en maître depuis plusieurs années, selon ses dires. Elle a regretté les agissement de la majorité des propriétaires de médias qui donnent la parole à des chroniqueurs incompétents qui n’ont rien à voir avec les piliers de la démocratie tout en imputant la responsabilité aux journalistes, aux structures syndicales, à la HAICA ainsi qu’au Conseil de la Presse.
Souhaib Khayati a souligné la nécessité de coordonner les efforts de tous les professionnels du secteur et toutes les parties prenantes afin de concevoir une vision globale lors des séances de négociations avec l’autorité exécutive, selon ses dires.
En ce qui concerne les actions à entreprendre en urgence en vue d’améliorer la situation des médias en Tunisie, Amira Mohamed a considéré que la mise en place d’une politique publique des médias est désormais une nécessité.
Khouala Riahi & Véronique Boteya (Stagiaires)