Lors d’une conférence conjointe organisée ce lundi 10 février 2020 au siège de l’UTICA, par la chambre syndicale nationale des pharmaciens grossistes-répartiteurs, le Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens de Tunisie (CNOPT) et le Syndicat des Pharmaciens d’Officine de Tunisie (SPOT), la présidente de la chambre Wafa Ben Meddeb, a annoncé que l’ensemble des pharmaciens grossistes-répartiteurs vont suspendre leurs activités dans l’ensemble du territoire national à partir du jeudi 13 février 2020.
Cette décision intervient en signe de protestation contre la nouvelle TVA de 7 % imposée par la loi des finances 2020 aux professionnels du secteur.
Wafa Ben Meddeb, a affirmé que les grossistes réclament l’annulation de cette TVA en raison de l’absence des mécanismes de son application ajoutant que la majorité des professionnels du secteur déjà fragilisé, sont aujourd’hui dans l’impossibilité de payer de nouveaux impôts. Elle a ajouté que certains d’entre eux risquent carrément la faillite en raison de cette nouvelle mesure fiscale qui s’est avérée inapplicable, comme l’estiment ses initiateurs même. (NDLR: En référence au ministère des Finances).
La présidente de la chambre syndicale a estimé que cette mesure abusive mettrait en péril la pérennité du secteur en particulier et menacerait l’ensemble du secteur de la santé en Tunisie et la santé du citoyen en général. « Cette nouvelle TVA aurait également un impact négatif direct sur la Pharmacie Centrale de Tunisie (PCT) du fait que les grossistes répartiteurs constituent ses principaux clients. Ce sont les grossistes qui contribuent largement au maintien de l’équilibre financier de la PCT étant donné qu’ils payent généralement leurs commandes au comptant contrairement à d’autres clients » a-t-elle expliqué.
Conférence de presse de la chambre syndicale nationale des pharmaciens grossistes-répartiteurs, lundi 10 février 2020 au siège de l’UTICA -Tunis
Elle a dans ce contexte déploré l’absence de réaction de la part des autorités concernées notamment le Ministère des Finances et la présidence du Gouvernement depuis le déclenchement de cette problématique rappelant que la Chambre continue de tendre la main au dialogue et aux négociations afin de résoudre les problèmes en suspens. A cet effet, elle a assuré que les grossissent qui comptent suspendre leurs activités pour la toute première fois depuis la révolution, réclament l’annulation définitive de cette nouvelle TVA jusqu’à la mise en place des mécanismes nécessaires à son application.
Elle a ajouté que les grossistes dénoncent également les procédures de contrôle fiscal qu’ils jugent abusives.
De son coté, Chedly Fendri, président du CNOPT a assuré que le Conseil de l’Ordre des Pharmaciens soutient le mouvement protestataire décidé par la chambre des pharmaciens grossistes-répartiteurs, tout en qualifiant d’abusive la nouvelle mesure fiscale. « Le CNOPT appuie le mouvement de la chambre syndicale des pharmaciens grossistes-répartiteurs. La pérennité du secteur est désormais en péril chose qui impacterait directement tout le secteur privé, l’industrie pharmaceutique nationale et la Pharmacie Centrale. Ses conséquences directs sur le secteur auront également un impact direct sur les 11 millions de Tunisiens… La nouvelle mesure constitue une mesure abusive. D’ailleurs, le ministre des Finances avait reconnu au mois de décembre dernier, lors de la séance d’audition organisée par la commission de conciliation au parlement, que cette mesure est inapplicable en raison de l’absence des mécanismes d’application nécessaires, » a-t-il expliqué.
Par ailleurs, Chedly Fendri a affirmé que certaines parties nationales et étrangères chercheraient à mettre à genoux le secteur de distribution ce qui entraînerait ensuite la privatisation du secteur de l’importation des médicaments, actuellement détenu par la Pharmacie Centrale de Tunisie.
Dans ce même ordre d’idées, Mustapha Laaroussi, président du Syndicat des Pharmaciens d’Officine de Tunisie a exprimé le soutien du SPOT à la chambre des grossistes répartiteurs rappelant que l’existence des pharmacies dépend du secteur de distribution des médicaments. « L’efficacité du système actuel de distribution des médicaments risque d’être affectée et ce, aux dépens de la santé du citoyen. Ce dernier sera dans l’impossibilité de s’approvisionner en médicaments dans les délais, chose qui menacerait directement sa santé. Le report à maintes reprises de l’application de cette mesure qui remonte déjà à 2015, explique clairement l’absence de mécanismes d’exécution. Toutefois, la direction des impôts s’est lancée dans des procédures de contrôle profond mettant ainsi en péril la pérennité du secteur. » a-t-il lancé.
Hajer Ben Hassen