Ruine de l’économie, fuite des investisseurs, l’industrie en loques, insécurité, revendications sociales sauvages, menaces aux frontières, saleté, la Tunisie est au bord de l’asphyxie.
Pourtant, les produits de luxe remplissent les devantures des boutiques, les bananes importées sont à chaque coin de rue… bref, devant le péril, aucune mesure réelle de sauvetage de l’économie n’est pensée, une économie désormais à + de 50% au noir, ce qui veut dire que l’Etat a perdu la moitié de sa souveraineté sur le pays.
Le chef du gouvernement est immobilisé, et ce n’est pas une métaphore : il vient d’être hospitalisé. On lui souhaite un bon rétablissement car ce doit être terrible d’être le premier responsable d’un Etat dans cet état.
Habib Essid est essoufflé, il n’a jamais réussi à redresser la barre. L’a-t-il jamais touchée? Pris au piège de politicailleries de partis inconscients de la situation, il n’a jamais fait sentir à personne qu’il était le chef. L’a-t-il jamais réalisé? Soumis à Monplaisir et Carthage, il n’a jamais montré de poigne, une poigne que toute la Tunisie utile, consciente de la situation du pays, attend impatiemment. Il semble que les responsables confondent démocratie et mollesse: la loi n’est jamais appliquée, ni contre ceux qui sabotent l’économie (bassin minier, stations de forage, etc.) ni contre la corruption, ce qui a fait dire au doyen Chawki Tabib, responsable d’une instance anti-corruption, que l’Etat n’a pas de volonté en ce sens.
En réalité, l’Etat n’a même pas la volonté de défendre sa propre intégrité. Se disant en guerre contre le terrorisme, il décale d’une année la réception du matériel militaire nécessaire et met onze mois pour nommer un Directeur Général de la police, poste clé de la lutte antiterroriste, précipitant ainsi la crise de confiance et la destruction de plusieurs secteurs de l’économie.
Refusant l’explication de l’incompétence – trop primaire selon eux – les Tunisiens accusent les autorités de soumission aux agendas des puissances et de sauvetage planifié du parti islamiste.
Mais force est de constater qu’aucune idée, aucun plan, aucune vision n’ont présidé la politique d’un gouvernement timoré, incapable du minimum.
Le président de la République est désormais dos au mur, il n’a qu’un choix: désigner à la tête du gouvernement un véritable chef de guerre, un homme incorruptible et capable de mettre en place les réformes nécessaires. La question est sur toutes les lèvres: « mais qui? » pourtant, la Tunisie dispose de grands commis de l’Etat connus pour leur nationalisme et leur intégrité.
Les Tunisiens ont besoin de poigne, ils en ont tellement besoin qu’ils sont même capables de faire machine arrière pour obtenir fut-ce un semblant de poigne. Or il faut avoir à l’esprit que certaines parties travaillent en ce sens, elles ont, en effet, beaucoup à perdre de vraies réformes.