Tunisie : plus de 960 cas d’intoxications alimentaires en un an

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Alors que la Tunisie vient de célébrer la 7ème Journée Internationale de la Sécurité Sanitaire des Aliments, mardi 10 juin 2025, un chiffre a particulièrement marqué les esprits : 960 cas de toxi-infections alimentaires ont été enregistrés en 2024, sur l’ensemble du territoire national. Un bilan préoccupant révélé par Dr. Mohamed Rabhi, Directeur Général de l’Instance Nationale de la Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (INSSPA), en marge de l’événement.

À ces chiffres s’ajoute un constat alarmant : 60 foyers de contamination alimentaire ont été recensés durant la même période. Ces chiffres traduisent non seulement une fragilité persistante de la chaîne alimentaire, mais surtout un manque de coordination et de prévention face aux risques sanitaires.

Dr. Mohamed Rabhi n’a pas mâché ses mots : « La sécurité sanitaire des aliments ne peut reposer sur un seul organisme. Il s’agit d’une responsabilité collective, qui implique les ministères, les producteurs, les commerçants, les consommateurs, les vétérinaires et les laboratoires. »

Une réalité aux conséquences graves

Les toxi-infections alimentaires peuvent avoir des conséquences sévères, surtout chez les populations les plus vulnérables : enfants, personnes âgées ou souffrant de pathologies chroniques. Outre les douleurs aiguës et les risques de déshydratation, certaines contaminations alimentaires peuvent entraîner des hospitalisations, voire des complications médicales durables.

À ces impacts humains s’ajoutent des coûts économiques importants, que ce soit en termes de soins médicaux ou de pertes pour les entreprises.

Un système d’alerte à renforcer

Malgré les efforts des autorités sanitaires, les mécanismes d’alerte et de contrôle restent insuffisamment coordonnés. Des progrès ont été réalisés en matière de surveillance, avec l’introduction de systèmes de traçabilité numérique, comme ceux présentés par GS1 Tunisie, mais le maillon faible reste la sensibilisation du citoyen et le suivi localisé des risques.

En période de fêtes comme l’Aïd, où la consommation de viande augmente considérablement, les risques sont démultipliés. « Nous avons mis en place des lignes téléphoniques pour permettre aux citoyens de consulter directement des vétérinaires sur les bonnes pratiques de découpe, de stockage et de conservation de la viande », a précisé Rabhi. Une initiative saluée, mais qui reste encore peu connue du grand public.

La contrebande et les circuits parallèles : un danger silencieux

Autre point noir évoqué par le ministre de la Santé, le commerce parallèle de produits alimentaires, souvent non contrôlés, continue d’alimenter les cas de contamination. L’absence d’étiquetage, de respect de la chaîne du froid ou de traçabilité rend ces produits particulièrement dangereux, même s’ils sont vendus à des prix attractifs.

« Il est impératif que les citoyens prennent conscience des risques qu’ils encourent en consommant des produits non autorisés ou mal conservés », a insisté le ministre Mustapha Ferjani.

Vers une culture de la sécurité alimentaire ?

Au-delà des chiffres, cette Journée internationale a mis en lumière l’urgence d’instaurer une véritable culture de la sécurité alimentaire en Tunisie. Cela passe par l’éducation, l’accès à l’information, la transparence des filières, mais aussi une réforme structurelle des modes de contrôle.

Les experts présents ont tous plaidé pour une approche intégrée, mobilisant la science, les nouvelles technologies et les instances de régulation pour répondre aux défis. L’objectif : faire de la sécurité sanitaire des aliments un pilier de la santé publique et de la souveraineté alimentaire.

Les 960 cas de toxi-infections ne sont pas qu’un chiffre : ils représentent 960 rappels à l’ordre, 960 raisons de mieux former, mieux contrôler et surtout mieux communiquer.

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