Alors que la rentrée scolaire est traditionnellement un moment de joie et de renouveau pour les élèves, les parents et les enseignants, elle peut être parfois moins agréable notamment dans les régions intérieures du pays. En ce jour de rentrée pour l’année 2024-2025, les élèves d’une grande partie des écoles publiques se retrouvent confrontés à une réalité bien moins réjouissante. Les infrastructures scolaires, vieillissantes et négligées depuis des années, révèlent une situation catastrophique qui compromet non seulement le cadre d’apprentissage, mais aussi le bien-être des élèves. Dans de nombreux établissements, les conditions déplorables des salles de classe jettent une ombre sur l’enthousiasme de la rentrée, exposant une crise que le système éducatif peine à résoudre.
Des salles de classe à bout de souffle
Les témoignages d’enseignants, de parents et d’élèves sont unanimes : les conditions dans les écoles publiques se détériorent de plus en plus. De nombreuses salles de classe sont en piteux état, avec des murs décrépis, des plafonds menacés de s’effondrer et des équipements obsolètes. Les tables et les chaises, usées par trois ou quatre décennies d’utilisation, sont devenues inconfortables et inadaptées aux besoins des enfants. Les bancs sont mal ajustés, et les espaces souvent insalubres ne répondent plus aux normes minimales d’hygiène et de sécurité.
Les infrastructures scolaires ont été négligées pendant trop longtemps, malgré des besoins de rénovation criants. Les années passent, mais les budgets alloués à la modernisation des écoles semblent insuffisants pour répondre à l’urgence de la situation.
Pour l’année 2024, le budget du ministère de l’Éducation s’élève à 7,91 milliards de dinars, une augmentation par rapport aux 7,55 milliards de dinars de la loi de finances complémentaire de 2023. Ce montant représente environ 15 % du budget global de l’État, ce qui est le plus élevé par rapport aux autres départements.
Cependant, cette somme est largement absorbée par la masse salariale, qui engloutit 6,7 milliards de dinars. En comparaison, seulement 654,5 millions de dinars sont consacrés aux programmes et projets de développement, incluant l’infrastructure et les équipements modernes. Ce budget insuffisant pour les investissements en infrastructure ne permet pas de répondre aux besoins urgents de rénovation et d’entretien des écoles publiques.
Bien que l’éducation soit censée être gratuite, cette gratuité s’avère souvent illusoire. Les parents, en particulier ceux de la classe moyenne, se retrouvent contraints de payer des frais de scolarité exorbitants pour inscrire leurs enfants dans des écoles privées, attirés par la promesse d’un environnement éducatif décent. Les écoles privées, en contraste avec les établissements publics, investissent dans des infrastructures modernes et confortables, mais ces avantages sont réservés à ceux qui peuvent se le permettre.
Cette tendance soulève des questions sur l’équité du système éducatif. Les familles de la classe moyenne, qui peinent déjà à faire face à la hausse des frais scolaires, se voient contraintes de choisir entre l’endettement et le sacrifice de la qualité éducative de leurs enfants, ou bien de supporter des conditions d’apprentissage déplorables dans les écoles publiques.
Le constat est clair : la situation des infrastructures scolaires publiques est alarmante et nécessite une intervention immédiate. Une révision en profondeur des priorités budgétaires et des investissements dans les infrastructures éducatives est indispensable pour garantir des conditions d’apprentissage décentes pour tous les élèves. Si la situation actuelle perdure, les inégalités dans l’éducation se creuseront davantage, et l’accès à une éducation de qualité restera un privilège réservé à une minorité.