La Turquie compte bien mener son offensive économique sur le marché africain. Récemment réunie dans le cadre du Forum de l’agroalimentaire les 27 et 28 avril dernier, avec les ministres africains de l’Agriculture, dont Samir Taïeb, le pays a voulu marquer sa présence sur le continent en renforçant sa coopération avec les pays africains.
S’exprimant ce samedi 6 mai 2017, Samir Taïeb, ministre de l’Agriculture, de la Pêche et des ressources hydrauliques, a affirmé que la Tunisie va exporter des phosphates vers la Turquie, suite à un accord conclu entre les deux pays. « C’est une preuve que la Tunisie constitue la porte d’entrée vers l’Afrique », s’est félicité le ministre, qui ajoute que plusieurs projets bilatéraux sont à l’étude.
Une balance commerciale déficitaire vis-à-vis de la Turquie
L’accord permettra-t-il de réduire l’inégalité commerciale entre les deux pays ? Ce qui est certain, est que la situation est délicate. De fait, selon le dernier rapport de l’Institut National des Statistiques (INS), les exportations tunisiennes vers la Turquie ont atteint 42,7 millions de dinars au premier trimestre 2017, loin derrière les importations depuis la Turquie : 520,8 millions de dinars, soit un déficit commercial considérable de 478,1 millions de dinars.
Il faut rappeler que la Tunisie et la Turquie effectuent leurs échanges commerciaux dans le cadre d’un accord de libre-échange, signé en 2004. Ce dernier prévoit la suppression de toute restriction quantitative à l’importation. Visiblement, d’après ces données, c’est la Turquie qui tire profit de la situation. Des appels à la réduction de l’importation depuis la Turquie ont été lancés en Tunisie. Cependant, tous ont été balayés par Zied Laâdhari, ministre de l’Industrie et du Commerce. « 80% des produits importés de Turquie sont indispensables à la Tunisie », a-t-il déclaré en avril dernier…
Résultat, la Tunisie ne peut pas se passer du chocolat, des « glibettes blanches », du « borghel » et bien d’autres produits, tel que le textile turc.
Mais de quoi parle donc le ministre du commerce? A qui profite l’énorme déficit de la balance commerciale entre les deux pays?
Cela suscite des interrogations mais, aussi, une grande suspicion.