Le 27e Forum international de Réalités s’est ouvert ce jeudi 29 mai à l’hôtel Alhambra Thalasso à Yasmine Hammamet, avec pour thème « 30 ans après, quelle vision et quelle stratégie pour les relations Tunisie–Union européenne ? ».
Au cours de la première séance qui illustre un bilan de la coopération tuniso-européenne, un diagnostic lucide et documenté de cette relation forgée depuis 1995, année de la signature de l’Accord d’association entre la Tunisie et l’UE a été établi. Trente ans plus tard, la coopération Tunisie-UE est décrite comme stratégique, multidimensionnelle, mais surtout perfectible. Parmi les prises de parole qui ont marqué cette séance, celle de René Leray, professeur à l’Université catholique de Louvain et à l’Université Saint-Louis à Bruxelles, au cours de laquelle il a posé un cadre clair.
Une relation solide, résiliente et respectueuse
« Sur 30 années, on peut dire que cette relation bilatérale est actuellement durable, solide et bien établie », a affirmé Leray. Ce constat n’est pas qu’un hommage formel, mais il s’appuie surtout sur une réalité mesurable : en 2024, les échanges commerciaux de la Tunisie avec l’Union européenne représente 65 %, avec un excédent commercial record de 13,8 milliard d’euro selon le bilan de la coopération Tunisie-UE 1995 – 2024.
Selon lui, le partenariat entre la Tunisie et l’Union européenne est « mutuellement bénéfique et respectueux », et surtout permettant « de surmonter non seulement les événements contraires, mais aussi d’absorber les chocs, même les événements plus profonds ».
Une dynamique constamment renouvelée
Pour René Leray, ce partenariat ne repose pas seulement sur sa longévité, mais aussi sur sa capacité à évoluer : « La relation tuniso-européenne est manifestement dynamique et inventive, elle est constamment élargie et approfondie. »
Cette dynamique prend plusieurs formes notamment en matière de :
- L’éducation et la jeunesse, avec le programme Erasmus+ qui a permis à des milliers de jeunes Tunisiens d’étudier et de se former en Europe.
- La transition écologique, à travers les investissements européens dans les énergies renouvelables par exemple.
- Le soutien économique, avec plus de 3 milliards d’euros mobilisés depuis 1995, dont 415 millions d’euros engagés par la Banque européenne d’investissement BEI en 2024.
Un virage stratégique à ne pas manquer
Ce panel a mis aussi en lumière une opportunité stratégique : le mouvement de « friend-shoring », qui pousse l’Europe à relocaliser une partie de ses chaînes de valeur vers des partenaires surs. La Tunisie, proche, expérimentée et connectée au tissu industriel européen, peut saisir ce virage.
Pour cela, les panélistes ont recommandé d’élever la part des exportations à contenu technologique, de renforcer l’investissement privé et de miser sur des secteurs d’avenir comme l’intelligence artificielle, l’économie bleue ou l’hydrogène vert.
Trente ans après la signature de l’Accord d’association, la relation entre la Tunisie et l’Union européenne apparaît à la fois solide dans sa structure et riche dans ses acquis. Soutenue par un cadre institutionnel clair, des échanges économiques profonds et une coopération multisectorielle, elle a su faire preuve de résilience face aux crises politiques, économiques et sociales des deux rives.
Mais si le passé est porteur, l’avenir exige des choix stratégiques. Le contexte géopolitique actuel ouvre une fenêtre d’opportunités que la Tunisie ne peut se permettre de manquer. Pour transformer son partenariat avec l’UE en véritable levier de développement, elle doit s’affirmer comme un acteur technologique, compétitif et connecté, capable de s’intégrer pleinement aux nouvelles priorités européennes.
Comme l’a souligné René Leray, « cette relation est mutuellement respectueuse et constamment approfondie ». Elle devra désormais devenir plus équilibrée, plus ambitieuse, et plus tournée vers l’innovation pour répondre aux défis des trente prochaines années.