Tunisie : Une élimination à l’origine de plusieurs agressions envers les noirs

Nous vivons en Tunisie, pays d’Afrique qui aurait visiblement du mal à supporter l’insertion et la cohabitation des noirs dans sa société à cause d’un racisme permanent qui n’hésite pas à se manifester même après un match de football. Il semble paradoxal et même injuste de l’énoncer ainsi, mais il suffit d’observer, de constater et de relier quelques faits entre eux, pour être convaincu des nuisances allant dans ce sens.

En coupe d’Afrique des Nations, une chose est claire. Toutes les défaites n’ont pas le même goût, éliminé le samedi 31 janvier, en quart de finale par la Guinée Equatoriale à Bata (2-1), la défaite des tunisiens a laissé un goût amer et a fait couler beaucoup d’encre et de salive dans le pays.

En effet, les Aigles de Carthage qui menaient au score jusqu’à la 89ème minute ont été rejoints suite à un penalty imaginaire transformé par Balboa permettant ainsi au Nzalang Nacional de s’offrir une prolongation. Subissant de plus en plus les erreurs d’appréciations de l’arbitre, les joueurs de Georges Leekens finissent par concéder un deuxième but sur coup franc, synonyme de qualification pour leur adversaire. La goutte d’eau ayant débordé le vase pour les tunisiens qui n’ont pas tardé à manifester leur colère vis-à-vis des sub-sahariens résidant à Tunis.

« Monsieur, hey monsieur, guinea, guinea, je pisse sur vous et sur Hayatou, je pisse sur vous les africains, vous êtes des racistes, nous sommes supérieurs à vous ».

Ces propos insultants et ahurissants ont été prononcés dans le quartier Lafayette par un supporter tunisien vis-à-vis de deux jeunes étudiants Alexis et Dozilet, respectivement camerounais et ivoirien suite à la défaite des Aigles de Carthage. 

A dire qu’on est en Europe ou en Océanie ici. Lorsqu’un individu parvient à séparer géographiquement, les subsahariens et les maghrébins, cela voudrait d’abord dire que les lacunes dans les programmes scolaires tunisiens sont curieuses, que l’histoire de l’Afrique en générale et de la Tunisie en particulier est ignorée, et enfin que le seuil de l’ignorance de ce pays a probablement atteint le zénith.

Entre agressions, lynchages et vols, le racisme anti-noir gagne du terrain et commence à énerver plus d’une personne. Le journaliste Thameur Mekki s’insurge sur sa page Facebook   en mentionnant les paroles suivantes : «agressions des noirs après le match à Borj Louzir, où réside une importante communauté estudiantine subsaharienne (Gabonais, Congolais, Sénégalais…). Dès la sortie du café à Cité Santé, un groupe de plus de 10 tunisiens a gravement tabassé un jeune noir. Un autre a été cambriolé après avoir été agressé par un autre groupe. Ses agresseurs se sont bagarrés ensuite entre eux après un conflit sur le partage du butin (qui prendra son ordi ?). Les quelques Tunisiens qui se sont interposés ont eux aussi été agressés». M. Mekki conclut ainsi son témoignage en disant : «La facette la plus lâche, la plus idiote et la plus ignoble de notre société se manifeste».

 

En effet, l’adjectif « idiotie » et ses synonymes sont les plus adéquats à utiliser pour justifier ces actes condescendants et ineffables. C’est d’ailleurs de cette façon que le président de la FTCR Moncef GUEDOUAR dans un communiqué de l’association, qualifie ces actes. Selon lui, « La FTCR condamne avec la plus grande vigueur les actes d’agressions commis à Tunis dans la nuit de samedi à dimanche par quelques éléments racistes contre des citoyens sub-sahariens à l’issue du match perdu par l’équipe nationale tunisienne contre la Guinée Équatoriale (…) La persistance de ces actes indignes contraires aux valeurs de la révolution de dignité est inacceptable. Tabassages, agressions, vols, tombereaux d’insultes racistes sur facebook, en toutes impunités et tolérés par les gestionnaires de ce site, ne peuvent être acceptés dans la Tunisie démocratique ».

Pour mettre fin à ce fléau destructeur des valeurs de dignité de la révolution du 14 Janvier, Yamina Thabet, présidente de l’association tunisienne de soutien aux minorités, appelle quant à elle « les députés à promulguer une loi pénalisant toute pratique discriminatoire ». Espérons qu’elle soit entendue.

Alexis Ibohn

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