Turquie : « Gagner Istanbul c’est gagner la Turquie »

Ekrem Imamoglu, candidate of the secular opposition Republican People's Party (CHP), makes his victory statement at CHP offices in Istanbul, on June 23, 2019. - The newly elected mayor of Istanbul, Ekrem Imamoglu, said on June 23, 2019, he was ready to work with President Recep Tayyip Erdogan to solve Istanbul's problems after winning a decisive victory over Erdogan's candidate in the re-run mayoral election after they were annulled by the Election authorities that result after Erdogan claimed irregularities in the counting. (Photo by Bulent Kilic / AFP)

Un scrutin municipal mais aux allures nationales. Dimanche 23 juin, le candidat du président Recep Tayyip Erdogan s’est incliné devant le parti de l’opposition CHP d’Ekrem Imamoglu. Une défaite qui fait frémir et dont les répercussions pourraient se voir lors de la présidentielle de 2023.

La victoire de l’opposition enfin reconnue
Après 25 ans sous le joug du parti du gouvernement, AKP, la ville Istanbul est passée du côté de l’opposition. Une victoire en réalité pas si historique puisque le parti d’Ekrem Imamoglu avait déjà réalisé l’exploit en 2003,  un succès refusé par l’AKP qui avait fait invalider le scrutin afin de conserver la municipalité. Mais en juin 2019 impossible de réaliser à nouveau un tel coup, à 20h déjà alors que 30% des votes avaient été dépouillés le candidat de l’opposition enregistrait une avance de 8 points.
Deux mois après le premier scrutin qui avait été annulé pour « irrégularités » par le président, l’ancien Premier ministre et candidat de la formation islamo conservatrice, Binali Yildirim, n’a pas eu d’autres choix que de concéder publiquement Istanbul à Ekrem Imamoglu qui a même été félicité par le chef d’État, Recep Tayip Erdogan dans un tweet. Loin de raviver toute animosité entre les deux concurrents, désormais le maire d’Istanbul a affirmé vouloir travailler en harmonie avec son prédécesseur. « Monsieur le président, je suis prêt à travailler en harmonie avec vous » a-t-il déclaré depuis son QG le dimanche 23 juin après l’annonce de  sa victoire.
Une promesse et un calme qui lui est propre, qui viennent contrecarrer les accusations directes faites par le président à Ekrem Imamoglu,  qui l’accuse depuis la semaine dernière d’être un menteur en relation avec Fethullah Gülen, un prédicateur réfugié aux États Unis et considéré par la capitale Ankara comme un terroriste.

« Je félicite Ekrem Imamoglu qui a remporté l’élection selon les résultats non officiels » –  Tweet du président turc Recep Tayip Erdogan,

« Le temps de la justice est enfin venue  »
Pour les Stambouliotes, la victoire a un goût de justice faite. Alors qu’ils avaient déjà exprimé en Mars dernier leur volonté de porter à la tête d’Istanbul Ekrem Imamoglu, leur souhait avait été sans appel avec l’annulation du scrutin. Une décision « inégale » et « injuste » dénoncée par le candidat du CHP mais qui a finalement profité au candidat dont la cote de popularité n’a cessé de croître depuis 2 mois.
Depuis toute la Turquie, l’issue du scrutin a une résonance nationale. Le nouveau maire d’Istanbul (élu avec 54,03% des suffrages ) Ekrem Imamoglu est plus que jamais un concurrent potentiel et sérieux  à Recep Tayip Erdogan pour la présidentielle de 2023. La « machine à gagner » de l’AKP semble être tombée en panne à la grande joie de la population qui croit à un retour de la démocratie en Turquie.

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