La forte dépréciation de la livre turque a provoqué une flambée généralisée des prix dont souffrent les classes défavorisées et moyennes, rapporte le site Middle East Eye.
“On ne mange que si on trouve quelque chose. Sinon, on ne mange pas”, déclare Nurcan Yilmaz, veuve et mère de trois enfants, qui décrit son combat quotidien pour survivre alors que l’inflation fait exploser les prix des denrées alimentaires en Turquie. “Au supermarché, je regarde les offres spéciales pour acheter du fromage, des olives ou de la lessive. J’achète mes fruits et légumes au marché, mais après 17 heures, pour trouver des produits à moitié prix qui seront bientôt bons à jeter”, poursuit-elle.
Si Nurcan se trouve dans une telle situation aujourd’hui, c’est à cause de la chute vertigineuse de la livre turque : le 23 novembre, la devise turque a perdu près de 10 % de sa valeur par rapport au dollar. Le dernier plongeon de la monnaie a suivi l’annonce, par la banque centrale turque, d’une baisse de ses taux d’intérêt, et alors que le président Recep Tayyip Erdogan affirmait que la Turquie menait “une guerre d’indépendance économique”. Balayant les critiques de plusieurs économistes et des partis d’opposition, le président turc et le directeur de la banque centrale, Sahap Kavcioglu, poursuivent une politique monétaire peu orthodoxe, fondée sur l’idée que des taux d’intérêt élevés contribuent à faire grimper l’inflation.
*Cercle vicieux
Le mois dernier, le taux d’inflation en Turquie s’établissait officiellement à 19 %, mais nombreux pensent qu’il est en réalité beaucoup plus élevé. La baisse des taux d’intérêt a provoqué une dépréciation de la livre turque, faisant augmenter le prix des importations de biens essentiels – ce qui affecte tout particulièrement le quotidien des classes moyennes et populaires.
“Je gagne environ 1 500 livres [environ 106 euros] en moyenne, mais mon loyer est passé à 2 200 livres [environ 156 euros] il y a quelques mois, explique Nurcan. Pour les mêmes produits, les prix changent d’une semaine sur l’autre au supermarché.”
(Le Courrier international)