Près de 55 millions de turcs se sont rendus ce dimanche aux urnes pour voter lors d’un référendum crucial, qui renforce les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan. Après le dépouillement final des bulletins de vote, le «oui» devance le non avec 51%. La Turquie passe ainsi du système parlementaire au système présidentiel. Sur le territoire turc, l’électorat des deux grandes villes du pays, Ankara et Istanbul avait deux positions différentes. A Ankara le « oui » a mené légèrement et à Istanbul le « non » a tout de même devancé quoique de peu. Quant aux turcs à l’étranger, ils étaient pour la majorité en faveur de cette révision constitutionnelle, essentiellement en Belgique (80%) et en France ( 60%). Dès l’annonce de sa victoire, Erdogan a salué les cadres du Parti de la justice et du développement (AKP), du Parti d’action nationaliste (MHP) et du Parti de la grande unité (BBP). Il a également remercié les dirigeants du Qatar, Djibouti, Hamas et Fatah « qui l’ont aussitôt « félicité » . Ses supporters, de leur côté, sont descendus dans la rue pour fêter la victoire.
Une prière pour remercier Dieu de la victoire du OUI
Toutefois, un grand malaise a été remarqué de manière flagrante dans le camp des Kurdes et de certains partis politiques laïcs tels que le Parti républicain du peuple ( PRP) qui a demandé un nouveau décompte de jusqu’à 60 % des bulletins du référendum. Il a également dénoncé certains « actes illégaux » au bénéfice du camp du oui et un changement de procédure validé à la dernière minute par les autorités. Cette révision constitutionnelle est un grand pas en avant pour que le fondateur du parti islamo-conservateur (AKP) réalise son rêve. Désormais, les deux pouvoirs « clés » à savoir le pouvoir exécutif et législatif sont entre ses mains. Après avoir éliminé ses co-fondateurs du parti et une grande partie de ses opposants (universitaires, intellectuels, militants de gauche, militants kurdes) surtout après le putsch manqué, Erdogan consolide sa situation politique dans son pays. A l’étranger, il mène des guerres sur tous les fronts : soutien des rebelles en Syrie contre le régime de Bachar Al Assad, tension avec la Russie et une quasi-rupture diplomatique avec les leaders d’Europe. Le nouveau statut d’Erdogan pose plusieurs questions. Quel avenir pour les relations turco-européennes? le rêve réalisé d’Erdogan éradiquera définitivement le rêve des turcs d’adhérer à l’Union européenne? Il semble qu’une partie de la population turque ignore aussi l’avenir de leur pays avec Erdogan. Un opposant turc a comparé la situation actuelle en Turquie à « un bus sans freins qui roule à une destination inconnue« .