La purge se poursuit en Turquie après la tentative de putsch déjouée en juillet dernier. Une fois encore, la régime d’Erdogan s’est attaqué à la presse, et c’est Cumhuriyet, un quotidien d’opposition, qui est la cible. Murat Sabuncu, son rédacteur en chef, a été placé en détention préventive par un tribunal d’Istanbul, selon l’agence de presse Anadoul. Il rejoint ainsi neuf autres de ses collaborateurs.
Murat Sabuncu est accusé par les autorités de mener des « activités terroristes », en lien avec la rébellion kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le prédicateur Fethullah Gülen considéré par Ankara comme l’instigateur du putsch du 15 juillet dernier.
Fondé en 1924, Cumhuriyet a multiplié ses enquêtes embarrassantes pour le pouvoir turc. Le quotidien a révélé, en 2015, vidéo à l’appui, que les services secrets turcs avaient fourni des armes à des rebelles islamistes en Syrie, ce qui lui avait valu les foudres de Recep Tayyip Erdogan. Le dirigeant turc avait alors déclaré que le journal allait « payer le prix fort ».
Cette nouvelle arrestation s’inscrit donc dans le cadre d’une vaste opération visant le secteur médiatique en Turquie. Selon l’Association des journalistes de Turquie, 170 entreprises de presse ont fermé leurs portes, 105 journalistes sont placés en détention et 777 cartes de presses ont été annulées depuis la mise en échec du putsch.