Assemblée générale des actionnaires de l’UBCI pour l’exercice 2013 , filiale tunisienne du groupe bancaire français BNP Paribas, s’est enfin tenue le jeudi 5 février 2015. Les commissaires aux comptes en mission d’étudier les états financiers relatifs à l’exercice de 2013 de la banque, viennent de publier leur rapport, après deux premiers rapports émettant des réserves portant notamment sur le contrôle fiscal. C’est dans une ambiance, plutôt, tendue que les travaux de l’Assemblée générale des actionnaires se sont déroulés avec à la clef des échanges verbaux acides entre les actionnaires et les administrateurs de la banque.
Certains vous diront que c’est une première à une Assemblée générale, puisque sous le régime déchu et malgré le fait qu’il s’agisse d’une banque privée, on ne daignait pas lever le pouce et formuler la moindre critique.
Signe des temps, des actionnaires ont même intenté des recours contre certains administrateurs, notamment le directeur général actuel, M. Patrick Poupon et le président du conseil, M. Abderrazak Zouari. Le rendement de la filiale du groupe français BNP Paribas ne satisfait pas et fait même grincer des dents.
Parmi ceux qui ont intenté des recours, Khaled Sellami, gérant de la société Comptoir de bois et de matériaux et grand actionnaire à l’UBCI. Lors de l’Assemblée générale il a fait son show, accaparant la parole pour dénoncer selon lui « des pratiques frauduleuses qui touchent à la gestion de la banque et à son partenaire à savoir BNP Paribas » et même le directeur de la banque, M. Poupon. Khaled Sellami a appelé à l’annulation des conventions techniques signées entre la banque mère et son partenaire français, qualifiées d’illégales selon lui.
Il faut rappeler que les commissaires aux comptes ont formulé des réserves sur ce sujet amenant la Banque centrale de Tunisie à suspendre tout transfert d’argent au profit de BNP Paribas. Une décision qui a obligé BNP Paribas à rembourser 17 millions de dinars à l’UBCI. Interrogé, M. Poupon a précisé qu’il s’agissait d’une indemnité pour manque de respect des procédures lors de l’application des conventions entre l’UBCI et BNP Paribas. Quant à la valeur des dépenses effectuées par la banque contre les services techniques de BNP Paribas, M. Zouari répond que ce sont des dépenses nécessaires pour une meilleure maîtrise des risques et du système informatique. S’il existe une comparaison entre ces mêmes dépenses entre les banques de la place, on pourra dire à ce moment si l’UBCI dépense moins ou plus, a-t-il ajouté. Le rapport des commissaires aux comptes montre que les 17 millions sont un soutien financier exceptionnel de la part de BNP Paribas à l’UBCI. Fayçal Derbel, commissaire aux comptes de la banque annonce que les conventions précédentes sont annulées laissant la place à une nouvelle portant sur les dépenses afférentes aux contrats cadres. Ainsi pour le commissaire aux comptes, il ressort de ladite convention que le montant global des prestations de services informatiques à facturer annuellement au profit du groupe BNP Paribas ne devrait plus dépasser 2,5% du produit net bancaire de l’UBCI relatif à l’année précédente.
Quel résultat pour cette Assemblée ?
Le Conseil d’administration de l’UBCI vient de proposer à l’Assemblée générale ordinaire (AGO), la nomination de Mme Habiba Hadhri en tant que DGA. « La création de ce poste vient renforcer la bonne gouvernance au sein de la direction générale de l’UBCI », affirme le président de l’AGO. Mme Habiba Hadhri ne tiendra peut être pas longtemps dans ce poste puisqu’elle est pressentie pour prendre la place de l’actuel directeur général, M. Poupon, dont le départ reste incertain.
Par ailleurs le Conseil d’administration a proposé aux votes 13 résolutions. Malgré les vives contestations, toutes les résolutions ont été votées à la majorité. Un mystère dont on ne connait pas le dénouement. L’AGO a décidé de distribuer un dividende au titre de l’exercice 2013 de 0,300 dinar, jugé insuffisant par les actionnaires.
Les chiffres
Poupon reconnait le manque de rentabilité de l’UBCI, mais la banque avance, diversifie ses marchés et ses chiffres sont en évolution. La banque bénéficie d’une base fondamentale solide caractérisée par un taux de créances accrochées parmi les plus faibles de la place et un taux de provisionnement parmi les plus élevés du marché.
Une très bonne maitrise des risques en dépit d’une situation économique dégradée. L’UBCI figure toujours parmi les cinq premières capitalisations avec le deuxième meilleur Price to Book Value de la place. La banque a réussi en 2013 à accélérer le rythme de croissance de ses revenus avec une amélioration de la rentabilité. Ainsi, en termes de chiffres, l’UBCI a augmenté les crédits à la clientèle de 4,5%. La banque a réussi à générer un Produit Net Brut (PNB) de 140,8 millions de dinars soit une croissance de 11,4%. Le résultat net d’exploitation s’élève à 27,5 millions de dinars en progression de 45,2%. Quant au résultat net il est de 20,427 millions de dinars, soit une évolution sensible de 64,7%. Grace à une présence renforcée sur les différents marchés de clientèle, l’avenir de l’UBCI semble prometteur.
Najeh Jaouadi