UMA: le long chemin de la concrétisation

Le Secrétariat général de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), la Commission Economique des Nations Unies pour L’Afrique (CEA), et le Centre Africain de Politique Commerciale (ATPC), ont organisé mardi 19 décembre 2017 un Forum maghrébin pour la présentation d’une étude sur « la situation actuelle et les défis du financement du commerce extérieur dans les pays de l’UMA ». Ont pris part à ce forum plusieurs représentants des ministères chargés du commerce extérieur et des finances des cinq pays membres de l’UMA, des banques, du secteur privé ainsi que des experts de la région maghrébine à leur tête le secrétaire général de l’UMA, Taieb Baccouche. La séance inaugurale de ce forum a été marquée notamment par la présence du ministre du commerce tunisien Omar Béhi.

UMA: un niveau d’échanges qui ne correspond pas aux attentes des peuples 
Les échanges commerciaux entre les pays du grand Maghreb ne dépassent pas les 3% du total des échanges de chaque pays avec les pays étrangers tels que les pays européens. Il s‘agit d’un chiffre très faible qui ne répond pas aux attentes des peuples du grand Maghreb et ne se conforme pas réellement au niveau des relations politiques entre les différents pays de cette union. « C’est dans cette optique qu’il faut penser à développer et à promouvoir les échanges commerciaux entre les 5 pays de l’UMA. Ceci ne pourrait être réalisé qu’à travers l’amélioration des entreprises et des services qu’elles offrent notamment les services de financement. Ce forum porte sur la présentation d’une étude sur le financement du commerce extérieur dans les pays de l’UMA. La Banque Maghrébine d’investissement et de commerce extérieur dont le siège est à Tunis et qui entamera ses activités concrètement incessamment,  aura pour objectif de revoir à la hausse la taille des échanges commerciaux entre les différents pays et ce à travers l’amélioration des mécanismes de financement et la facilitation des transactions bancaires au profit des investisseurs des pays du Maghreb arabe », souligne de prime abord le ministre du Commerce, Omar Behi.
et de préciser que pour ce qui est des moyens et efforts déployés par les autorités tunisiennes pour promouvoir les échanges commerciaux avec les différents pays du Maghreb, la Tunisie est ouverte à tous les échanges commerciaux.
Concernant la question de la zone de libre échange entre les pays du Maghreb Arabe,  Omar Béhi a précisé que ce projet qui n’a toujours pas vu le jour permettrait de faciliter les échanges de tous types de marchandises. Il a dans ce contexte rappelé que l’Union Européenne était au début une union économique. « C’est pour cette raison qu’il faut augmenter le volume des échanges commerciaux en facilitant la circulation des marchandises ainsi qu’en annulant les obstacles et les mesures rendant difficile le processus des échanges. La Tunisie se penche actuellement sur cette question en vue de faciliter davantage la circulation des marchandises entre les pays maghrébins, » fait-il remarquer.

Dans ce même ordre d’idées, Taieb Baccouche, secrétaire de l’UMA a indiqué dans une déclaration accordée à Réalités Online que le niveau des relations commerciales entre les différents pays du grand Maghreb ne correspond ni aux attentes des peuples ni aux objectifs fixés par le Conseil des chefs des Etats du Grand Maghreb au lendemain de la création de l’Union du Maghreb Arabe en 1989. «Rares sont les objectifs fixés et réalisés durant ces 28 ans. A titre d’exemple la Banque Maghrébine d’investissement et de Commerce extérieur, dont la création a été décidée depuis 1991, n’a vu le jour officiellement qu’en 2015. Cette banque jouera un rôle assez important dans la promotion du niveau des échanges commerciaux »a-t-il affirmé.
Par ailleurs, Taieb Baccouche a ajouté que la convention signée ce mardi 19 décembre 2017 entre le secrétariat de l’UMA et celui du marché commun pour l’Afrique orientale et australe COMESA, permettrait aux pays membres de l’UMA de tirer profit des diverses expériences économiques des 19 pays membres du COMESA et vice versa. « L’objectif de cette convention est d’assurer une certaine implication africaine en mesure de pousser les pays du grand Maghreb à faire preuve de davantage d’intégration. Ceci créera une  nouvelle dynamique à l’ensemble du continent africain et particulièrement sur les pays du Grand Maghreb, » explique-t-il.
Par ailleurs, Taieb Baccouche a assuré que des efforts sont actuellement en train d’être déployés en vue de réaliser le projet tant souhaité de la création d’une zone de libre-échange. « L’intégration des différents pays du Maghreb Arabe dans diverses communautés économiques africaines d’envergure, poussera ces pays à penser sérieusement à mettre en place cette zone de libre -échange dans les plus brefs délais« .

Cibler les obstacles
Pour Abdoul Kane, expert consultant, l’étude sur la situation actuelle et les défis du financement du commerce extérieur dans les pays de l’UMA, qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’action « Boosting le commerce intra africain » maghrébin , a révélé plusieurs problématiques rendant difficile la promotion du niveau du commerce extérieur dans les pays maghrébins.
Il a précisé que l’insuffisance des mécanismes de financement du commerce ainsi que la rareté des institutions régionales qui peuvent fournir des financements à des conditions accessibles sont en grande partie les responsable de la faiblesse dont fait l’objet le commerce intra-maghrébin.
« L’objectif cette étude ou plutôt de cette évaluation ou diagnostic était de voir qu’est ce qui marche bien et qu’est ce qui ne va pas bien et qu’est ce qu’on peut préconiser pour améliorer l’ensemble des constats. Ce diagnostic a permis de mettre en relief la grande différence en matière de capacités régionales de financement dans chacun des pays membres de l’UMA. Ces derniers ne disposent pas des mêmes capacités de financement. L’étude a également permis de constater que l’accès très difficile des PME au financement, est à l’origine du niveau modeste du commerce extérieur. En effet, on exige trop de garanties, chose qui décourage les investisseurs. Ces derniers finissent par se concentrer uniquement sur le marché local au lieu de prendre l’initiative pour aller plus loin » a-t-il expliqué à Réalités Online.

Prêt à financer les projets à intérêt commun

De son coté, le Directeur Général de la Banque Maghrébine d’investissement et de Commerce extérieur (BMICE), dont le siège permanent est à Tunis, Noureddine Zekri, a annoncé que 2 ans après sa création, la banque est aujourd’hui prête à financer les projets à intérêt commun, soit des projets lancés par au moins deux entreprises ou investisseurs représentants deux pays membres de l’UMA , que ce soit sur le plan commercial ou des projets dans les secteurs agricole, industriel, ou de services etc. « La BMICE, avec un capital estimé à 150 millions de dollars, se caractérise notamment par le financement des opérations commerciales, en donnant les garanties nécessaires pour ce type d’opérations. Nous venons d’entamer notre première opération commerciale. Il s’agit d’un projet entre la Tunisie et l’Algérie en coopération avec la banque islamique pour le développement. Nous sommes actuellement en train d’étudier les dossiers de candidatures souhaitant accéder au financement. » a-t-il précisé. Et d’ajouter : « Nous souhaitons plutôt nous spécialiser dans le financement des projets dans le secteur privé et ce, à raison de 90% de l’ensemble de nos opérations. »

Hajer Ben Hassen

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