« Pour l’activation des mécanismes législatifs et structurels de la protection des forêts », c’est sous ce thème que l’Association Kalem a choisi de commémorer les tristes faits des incendies des forêts survenus l’an dernier.
En effet, l’association a organisé aujourd’hui, mardi 23 juillet 2024, une conférence de presse durant laquelle les résultats d’un rapport portant sur les incendies déclenchés dans les forêts tunisiens ont été exposés et analysés.
Réparties en deux grands volets, le rapport en question s’est penché sur l’aspect scientifique et écologique d’un côté et sur le contexte juridique et institutionnel de l’autre. A ce dernier titre, les plus importantes lois nationales et internationales portant sur le sujet ont été passées en revue.
Le rapport a mis en exergue les chiffres recensés quant aux incendies forestiers où la série des incendies survenue en 2023 à Melloula ont détruit près de 400 Hectares en une année. Cependant, le rapport s’est attardé sur la région de Jendouba. Et ce, dans la mesure où il s’agit de la région qui a été le plus affectée tant de multiples terres forestières à Jendouba ont été ravagées par le feu durant plusieurs années successives. De fait, durant l’an 2019 le feu a détruit plus de 3200 Hectares. En la seule année 2020, on a compté quelques 148 incendies dans la région et plus de 3500 Hectares ont été réduits en cendre en 2021.
Ceci dit, le même rapport a démontré que durant la seule année de 2023, la Tunisie a enregistré au total 436 incendies dans les forêts, ce qui a causé la destruction de 5687 Hectares de notre richesse forestière en une année. Cependant, entre l’année 2016 et l’année 2023, la totalité des zones forestières ayant été dévorées par le feu des incendies, ont causé la destruction d’environ 56 000 Hectares ! Surface qui représente 4.7% de la totalité des surfaces forestières du pays! Dans ce même ordre d’idées, l’on a mentionné que plus de 40% des surfaces forestières en Tunisie se font classer comme de « qualité médiocre » tant les plantations sont majoritairement sous forme d’arbustes de petites taille.
Par ailleurs, note le même rapport, et d’un point de vue économique et d’agriculture, les pâturages forestiers fournissent 20% des besoins en nourriture des troupeaux animaliers et participent à raison de 14% dans la production énergétique en Tunisie. Les revenus générés par les forêts s’élèvent à 220 millions de dinars, c’est-à-dire que près d’un million de la population tunisienne dépend, de façon directe ou indirecte, de ce qu’offrent les forêts comme production ou comme revenu.
A ce propos, l’Association Kalem a noté avoir choisi de passer en revue les conséquences des incendies qui ont eu lieu durant ces dernières années dans la mesure où il s’agit d’un problème de taille. Outre leurs répercussions néfastes sur l’agriculture et des revenus économiques, les incendies des forêts se retentissent sur l’environnement et sur l’atmosphère. Leur impact est mis en cause dans les perturbations climatiques et météorologique du pays.
Dès lors, le choix de présenter ce rapport en guise de première commémoration des tristes faits de Melloula, précise Kalem, émane d’une conscience profonde de l’importance du sujet et de leur volonté à trouver les solutions adéquates à même de contrer ces incendies à graves répercussions. D’où le deuxième volet du rapport qui s’est penché sur les plus importantes recommandations écologiques. De fait, il s’agit notamment de la mise en place d’une charte nationale pour la gestion des incendies, de la création d’un Observatoire nationale qui soit responsable de la gestion des incendies forestiers, de la création d’une base de données détaillées et actualisées sur ces incendies. Et ce, tout en développant les compétences requises chez les citoyens et auprès des composantes de la société civile locale afin de garantir une gestion plus efficace de ces incendies.
Dans ce cadre, Dhouha Yahiaoui, responsable du service écologique et environnementale au sein de l’Association a révélé à Réalités Online que la raison de cette conférence est d’exposer les résultats du rapport scientifique, de déclarer les chiffres et par ricochet attirer l’attention sur l’importance du sujet. « Il est triste que 40% de nos forêts soient considérés comme de mauvaise qualité parce qu’on est capable d’améliorer la qualité de l’implantation ! Il est tout aussi triste que 56 000 hectares de plantation forestière soit réduits en cendres en seulement huit ans à cause des incendies ! Il est triste que ce secteur soit marginalisé alors qu’il fournit 14% des besoins énergétiques du pays et 20% des besoins des animaux de pâturage. Les vivres d’un million de Tunisien sur une totalité de douze millions est assuré par ce secteur ! C’est pour toutes ces raisons réunies que nous avons tenu ce rendez-vous informatif aspirant à ce que, désormais, ce secteur forestier ait toute l’attention et tout l’intérêt qu’il mérite. Et parmi nos plus grandes aspirations figure l’amendement de la Constitution de 2022. Parce que nous avons hélas comparé les deux Constitutions de 2014 et de 2022 et avons hélas constaté une régression des acquis écologiques et environnementaux. Nous demandons aussi un amendement du Code des forêts en tenant compte de l’avis des experts et des activistes de la société civile à ce sujet. Nous aspirons aussi à ce que le programme éducatif comprenne une éducation écologique et environnementale et qu’il y ait un programme spécifique à même de contrer la survenue des incendies et qui offre une formation en matière de gestion des catastrophes naturelles notamment la gestion des incendies.
Dhouha Yahiaoui : « Il existe deux raisons au déclenchement des incendies. Les premières sont des causes naturelles qui sont dues à la sécheresse et au manque d’eau. Et les deuxièmes raisons mettent hélas en cause la responsabilité humaine. Et l’homme est responsable dans plus de 90% des cas »
Abir CHEMLI
@ Crédit Photos Jalel Ferjani/ Réalités Online