Un déficit de 13 milliards de dinars à combler

 

Les journées parlementaires qui se sont déroulées à Hammamet les 28 et 29 août ont permis à une centaine de députés de l’ARP d’assister à des conférences et à participer à des débats de haut niveau, portant sur des thèmes d’actualité brûlante d’ordre économique, financier et social.
Les conférences qui ont été très appréciées par tous les présents, ont été faites par des universitaires et des experts : Taoufik Rajhi, Habib Karaouli, Saïd Blal, Fayçal Derbal et Hachemi Aleya. Le thème général était « équilibres budgétaires et impératifs de l’heure », tandis que les thèmes précis ont porté sur le déficit des caisses sociales et les solutions pour y remédier, la situation des finances publiques et les moyens de les améliorer, l’effondrement du taux de change du dinar, le soutien à apporter aux PME afin de préserver leur dynamisme entrepreneurial et leur potentiel de création d’emplois, l’ampleur de l’endettement extérieur et les moyens de l’endiguer…
Les débats ont été qualifiés par les participants comme très intéressants, pleins d’enseignement et très utiles pour la prise de conscience de l’acuité des problèmes et de l’urgence des solutions en vue de l’optimisation des actions parlementaires à l’avenir.
Parmi les principales conclusions auxquelles seraient parvenus les parlementaires aux termes de leurs travaux, il y a la gravité de la situation des finances publiques qui constitue un gouffre financier au niveau global de l’Etat au terme de l’année budgétaire 2016.
En effet, selon Fayçal Derbal, le déficit global serait de 13 milliards de dinars à combler dans les meilleurs délais. Il se décompose en trois volets :
Le déficit du budget de l’Etat pour 2016, initialement prévu pour 3,6 milliards de dinars se soldera probablement par un gouffre de 6,6 milliards de dinars.
Rien que le poste salaires et traitements des fonctionnaires, il a augmenté de 53% en 2016 par rapport à 2015.
L’inflation des dépenses de fonctionnement plombe le budget de l’Etat aux dépens de l’investissement public générateur du développement.
Le déficit global des caisses sociales nationales CNRPS, CNSS et CNAM qui résulte d’un cumul de plusieurs années et qui va crescendo s’élève à 3 milliards de dinars dont pour la seule année 2016 : 484 MD pour la CNRPS ; 100 MD pour la CNAM ; 588 MD pour la CNSS.
Le déficit des sociétés nationales, accumulé depuis le déclenchement de la Révolution, s’élève à près de 3,4 milliards de dinars.
Il s’agit de crédits bancaires non remboursés, de déficits cumulés sur plusieurs années, de non-paiement de la CNSS et de subventions accordées par le budget de l’Etat.
Pour le gouvernement Youssef Chahed, ce n’est pas « mission impossible”, les solutions existent, leur mise en application implique une dose certaine de courage politique, d’audace financière et de rigueur dans la mise en application de la loi et de la réglementation en vigueur.
L’Etat dispose d’un ensemble de biens confisqués : terrains, immeubles, sociétés et entreprises économiques actives, fonds de commerce, participations au capital etc. Or peu de biens ont été cédés, les autres plus ou moins mal gérés sont en train de se déprécier.
On ne comprend pas pourquoi l’Etat tarde à les céder, alors que nous avons des déficits urgents à combler.
L’Etat détient des participations minoritaires dans six banques tunisiennes privées : ces participations ne lui permettent en aucune façon d’influencer la gestion ou d’intervenir dans la politique pratiquée par le management de la banque.
Par contre, la mise en vente de ces actions à travers la bourse pourrait rapporter des sommes rondelettes au trésor public, d’autant plus que le marché financier est demandeur et que les acheteurs privés tunisiens et étrangers ne manquent pas.
Il ne s’agit pas de vendre la STEG, la SONEDE, l’ETAP ou TUNISAIR, la CPG ou encore le Groupe chimique, mais des entreprises actives dans des secteurs non stratégiques mais concurrentiels et qui ne rapportent pas des bénéfices mirobolants pour le trésor public, par exemple Carthage Cement, Ciments de Bizerte,…
Il faut reconnaître qu’il y a des lobbies puissants qui font obstacle à toute tentative de réforme qui va à l’encontre de leurs intérêts, mais le gouvernement n’a pas le choix, il doit être déterminé pour réussir à relancer l’économie et à sauver le pays de l’effondrement et de l’anarchie.
Une grande partie de ceux qui gagnent beaucoup d’argent ne paient pas d’impôts, le gouvernement dispose de tous les moyens pour lutter contre la fraude fiscale et faire payer proportionnellement à leurs revenus réels. Personne ne doit être au dessus de la loi.
Les signes extérieurs de richesses ne manquent pas pour sévir.
Cela peut rapporter beaucoup et rétablir un tant soit peu de justice fiscale outre le fait qu’il s’agit d’un devoir national.

Related posts

Le danger et la désinvolture 

Changer de paradigmes

El Amra et Jebeniana