
Par Amine Ben Gamra*
L’accélération des dépenses à un rythme (10% par an) dépassant d’un point l’augmentation des recettes propres (9% par an) entraîne d’importantes répercussions aussi bien sur le solde primaire, le solde budgétaire que sur la dette publique durant la période 2011-2022.
Le déficit budgétaire par rapport au PIB passe d’une moyenne de 2,3 % durant la période 2000- 2010 à 5,7% durant la période 2011-2022. Au cours de cette dernière période, la grave crise sanitaire qui a été vécue par la Tunisie et les difficultés endurées quant aux chocs extérieurs et aux aléas, dont notamment le conflit russo-ukrainien et la sécheresse, à l’instar de la communauté internationale, ont entraîné un important rebondissement du déficit budgétaire.
Le taux d’endettement par rapport au PIB s’en trouve fortement augmenté, passant de 39% en 2010 à 80% en 2022.
La masse salariale a atteint 22 milliards de dinars en 2022, soit 49% des revenus du budget de l’État, contre 6,7 milliards en 2010.
Boucler le budget de l’année 2023
Si la Tunisie a tiré un trait sur le prêt du FMI (un crédit de 1,9 milliard de dollars), là aussi, personne dans le gouvernement ne semble avoir la moindre idée sur les possibilités dont dispose le pays pour combler son trou budgétaire et boucler cette longue, très longue année 2023.
Préparer le budget de l’année 2024
Le plus dur sera sans doute de préparer le budget de l’année 2024. Avec un endettement qui a dépassé les 80% par rapport au PIB, des taux d’intérêt qui ne cessent de grimper et ce n’est pas fini, l’étau risque d’être de plus en plus serré.
Au niveau des recettes fiscales, l’assiette se trouve affectée par le repli de la croissance amenant les autorités publiques à relever les taux d’imposition et à augmenter par voie de conséquence, la pression fiscale sur le secteur organisé, augmentant davantage l’attrait du marché parallèle qui prend une dimension préoccupante.
Reste à savoir quels impôts pourraient venir combler ce trou. Cela va passer par la chasse aux niches fiscales ou par la création de nouvelles petites taxes de rendements limités.
Il est recommandé l’encouragement de la mise à la retraite avant l’âge légal, en s’abstenant de remplacer les postes laissés vacants.
Il est également recommandé d’encourager les congés et les mises en disponibilité des fonctionnaires en vue de la création de projets économiques propres.
Aussi, il est grand temps d’œuvrer à l’amélioration du climat des affaires et au rétablissement de la confiance chez les partenaires et les investisseurs afin d’atteindre le carré magique : croissance forte, solde commercial excédentaire, stabilité des prix et plein emploi.
*Expert-comptable
Commissaire aux comptes