Un monument du sport à la croisée des chemins : La Zitouna renaîtra de ses cendres

A quelques encablures de son centenaire, une date charnière qu’elle va fêter en 2027, la Zitouna Sports a toujours mal.
Certes, l’ouverture le 5 juillet dernier d’une salle couverte au bout d’une interminable attente atténue quelque peu des ravages des moments de chagrin et de déprime vécus par cette prestigieuse association, et dont les derniers symptômes furent une série d’actes de vol récurrents du matériel de musculation, chaises et projecteurs…, et surtout l’incendie criminel provoqué le 7 mars 2013 et qui a ravagé archives, trophées et coupes, soit le patrimoine matériel d’une mémoire féconde. Mais la poignée de dirigeants qui continuent à résister aux sirènes de la gloriole restent toujours confrontés à cette infamie qui les prive de la moindre possibilité d’exploiter toute publicité, les dividendes du Sport et Travail, ou de l’Académie que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de la Pépinière.
Malheureusement, les nombreuses correspondances adressées à la Municipalité de Tunis sont tombées dans l’oreille d’un sourd. A croire que celle-ci se soucie comme d’une guigne du sort des centaines de jeunes qui ont choisi la saine pratique d’un sport au lieu de se laisser tenter par la délinquance toujours facile. Pis encore, l’indifférence coupable que rencontre l’association rouge et noire ne peut qu’accréditer les vieux soupçons hérités du temps des « Trabelsia » qu’on veut se débarrasser de la ZS afin de pouvoir récupérer à des desseins lucratifs et de business ces précieux lots de terrains au coeur de la capitale que constituent les locaux du club. Certains agents immobiliers véreux et cupides ont un appétit féroce…
Pourtant, lors de sa visite cette année à la Pépinière, du côté du Belvédère, le Président de la République Kaïs Saïed avait martelé que pareil patrimoine du sport et de l’histoire du pays ne peut en aucun cas être bradé ou abandonné à son triste sort.
Dans l’immédiat, deux actions urgentes se posent au bureau de Rachid Barouni, président-militant de la cause zitounienne qui perpétue depuis des lustres la tradition des fondateurs Mohamed Nechi, Ahmed Kheireddine, Hamadi Ben Azzouz, Taieb Miladi, Jameleddine Bousnina, Ahmed Doraï :

-L’aménagement des terrains extérieurs dont les travaux sont suspendus depuis quelque temps
-Et la multiplication des ressources, actuellement chétives et trop insuffisantes pour gérer les activités de près de 350 licenciés dans plusieurs disciplines : hand, basket, volley, athlétisme, échecs et sports de combat. Pourtant, dans un passé récent, la ZS accueillait près d’un millier de licenciés.

* »Un dernier rempart »
Le budget de 350 mille dinars qui ne ne représente même pas le montant de contrat d’un footballeur moyen de la Nationale « A » dite professionnelle démontre à quel point la survie du club rouge et noir tient du miracle, alors qu’il n’avait eu de cesse de rayonner dans un large rayon névralgique de la Capitale allant d’El Omrane et Jebel Lahmar jusqu’à Sidi El Bahri, La Fayette, Bab El Khadhra et Bab Saâdoun.
« Mon challenge consiste à faire renaitre la Zitouna de ses cendres, martèle le président Rachid Barouni. Malgré tout, nous demeurons fidèles aux valeurs ancestrales du club d’un sport pour le sport dépouillé de ses scories, et permettant de sauver les jeunes des affres de la délinquance, de l’extrémisme, de la marginalisation et de la criminalité. Au fond, notre club s’érige en dernier rempart contre ces périls. Par ailleurs, nous sommes l’une des rares associations qui ont choisi de promouvoir des disciplines autres que le football, en plus du sport féminin« .
Car, il ne faut pas oublier qu’en pleine nuit coloniale, l’association née au 12, rue El Kebda, dans la médina de Tunis, non loin de Bab Souika, lança en1947 une équipe féminine de basket-ball comprenant les sœurs Ben Abdallah, les sœurs Jamel, Leïla Halouani et Ferida Klibi… La ZS reste également le premier club tunisien à compter dans sa direction une jeune fille: Dorra Belkhodja en 1959, puis Ouahida Mennina future Souhabi en 1963.
Last but not least, outre son engagement dans la lutte pour l’Indépendance, la Zitouna a donné aux différentes sélections nationales la bagatelle de 1300 internationaux. Il lui est même arrivé de « prêter » en 1957 ses tenues aux couleurs rouge et noir pour les besoins des sélections nationales aux Jeux panarabes de Beyrouth.
Elle joue aujourd’hui pleinement son rôle d’ascenseur social et d’outil de promotion sociale et de réussite scolaire.
L’expression pleine de nostalgie « Ya hasra » revient dans quasiment toutes les discussions entre Zitouniens. Malgré tout, ce club-symbole refuse de connaitre la mort lente qui ronge d’autres monuments comme Al Hilal, Widad Montfleury, l’Union Sportive Tunisienne… Elle tient bon, et cela relève du petit miracle.
Jusqu’à quand ?

T.Gharbi

Le palmarès de la ZS

*Basket-ball
-Garçons:
1 championnat de Tunisie 1973 et 3 Coupes de Tunisie 1959, 1967 et 1969
-Filles
8 championnats de Tunisie 1974, 1975, 1976, 1977, 1978, 1979, 1980 et 1981; et 13 coupes de Tunisie: 1966, 1971, 1973, 1974, 1975, 1977, 1978, 1979, 1980, 1981, 1997, 1999 et 2004

*Handball
-Filles: 3 championnats de Tunisie 1966, 1970 et 1971, et 2 Coupes de Tunisie 1970 et 1972

*Volley-ball
-2 Coupes d’avant l’Indépendance en 1942 et 1947

*Athlétisme
Plusieurs champions de Tunisie dont Sonia     Aggoun, Sarra Touibi, Kawthar Akremi, Aïda Sallam, Abir Nakhli et….Ali Karabi.

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