La loi de finances 2025 marque un tournant significatif dans la politique fiscale tunisienne en introduisant un nouveau barème pour l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP). Cette réforme, qui devrait entrer en vigueur dès l’année prochaine, vise à ajuster la pression fiscale en fonction des revenus de chaque contribuable et à rendre le système fiscal plus équitable.
Un barème plus progressif
L’une des principales nouveautés de ce nouveau barème réside dans une progression plus marquée des taux d’imposition pour les hauts revenus. Concrètement, les personnes percevant un revenu annuel inférieur à 5 mille dinars seront totalement exonérées d’impôt. Pour les revenus compris entre 5 mille et 10 mille dinars, un taux de 15% sera appliqué, puis de 25% pour la tranche suivante (10 mille à 20 mille dinars). Les taux s’échelonneront ensuite jusqu’à atteindre 40% pour les revenus supérieurs à 50 mille dinars.
Cette réforme aura des conséquences inégales selon les catégories de revenus. Les contribuables aux revenus modestes, inférieurs à 10 mille dinars, bénéficieront d’une baisse significative de leur impôt, voire d’une exonération totale. Les classes moyennes, celles dont les revenus se situent entre 10 mille et 30 mille dinars, devraient également voir leur facture fiscale s’alléger. Par exemple, un contribuable gagnant 30 mille dinars par an paiera environ 450 dinars de moins chaque année.
En revanche, les hauts revenus seront davantage sollicités. Les personnes gagnant plus de 50 mille dinars par an verront leur impôt augmenter de manière significative. Par exemple, un contribuable gagnant 60 mille dinars paiera 550 dinars d’impôts supplémentaires.
Un système plus équitable, mais des interrogations subsistent
L’objectif affiché par le gouvernement est de rendre le système fiscal plus équitable en allégeant la pression fiscale sur les revenus les plus modestes et en augmentant celle sur les plus élevés. Cette réforme s’inscrit dans une volonté de renforcer la cohésion sociale et de soutenir le pouvoir d’achat des ménages.
Toujours est-il que des interrogations se font entendre quant aux conséquences de cette réforme sur l’investissement et la création d’emplois. Une hausse de l’impôt sur les sociétés pourrait décourager les entreprises à investir en Tunisie et à créer de nouveaux postes. Il reste à voir si les bénéfices de cette réforme en termes de justice sociale compenseront les éventuels effets négatifs sur l’économie.
La mise en œuvre de cette nouvelle réforme fiscale ne sera pas sans défis. Il faudra notamment veiller à ce que les nouvelles dispositions soient claires et facilement compréhensibles par les contribuables. Par ailleurs, l’administration fiscale devra s’adapter à ce nouveau système et mettre en place les outils nécessaires pour assurer un recouvrement efficace de l’impôt.
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