Un pacte national sur la productivité

Le chef du gouvernement Mehdi Jomâa, a annoncé dans une récente interview que l’administration tunisienne fonctionnait au ralenti depuis trois ans. Le secteur privé n’a pas été épargné. Le nombre de grèves et de sit-in a battu tous les records. D’un autre côté, sur une échelle de 10, l’indice de productivité en Tunisie est de 2 points seulement. «Il faut revaloriser le travail en Tunisie», tel est le souhait de tous.

 

Pour y arriver selon l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE) il faut instaurer un pacte national sur la productivité dans le contrat social tripartite qui vient d’être signé entre l’UTICA, l’UGTT et le gouvernement. Sachant que les facteurs de production, en matière d’investissement et de recrutement risquent de demeurer inchangés durant quelque temps, à cause de la crise économique actuelle. La productivité reste l’élément sur lequel on a le plus de marge de manœuvre. Selon l’IACE, «la productivité se mesure par la production additionnelle par unité supplémentaire d’une ressource productive quelle qu’elle soit, (équipement, main d’œuvre, etc.). De ce fait, on parle de gain de productivité du capital qui découle d’un investissement additionnel, qu’il soit matériel ou immatériel, d’une nouvelle technologie, d’un investissement additionnel en recherche et développement ou à défaut d’un meilleur usage des équipements existants. On peut également évoquer les  gains de productivité découlant du facteur travail en tant que main-d’œuvre contribuant directement par leur force physique à la croissance de la production ou en tant que capital humain concourant plus par sa compétence et son savoir-faire. Il convient également de préciser que la productivité peut dériver d’un meilleur management ou d’une organisation plus performante ou d’une contribution plus efficiente des moyens humains à réaliser les objectifs de production». L’IACE appelle les parties prenantes à négocier un pacte autour de la productivité, un élément fondamental pour redresser la croissance. Le pacte consisterait selon l’IACE, «à ce que les autorités  sensibilisent les Tunisiens, qu’ils soient entrepreneurs ou salariés des secteurs public et privé, à respecter les termes d’un accord selon lequel chaque partie s’engage à améliorer la productivité en contrepartie d’une révision des salaires sur la base des résultats de la croissance qui sera générée». L’accord consisterait selon l’IACE «à soutenir la croissance à travers une relance de l’offre, dont les bénéfices peuvent se manifester aux travailleurs par un maintien ou une amélioration des postes d’emploi, une stabilité bénéfique du niveau général des prix, ce qui pourrait influencer positivement le pouvoir d’achat des consommateurs. Cette relance de la croissance pourrait engendrer également de meilleures recettes aussi bien pour l’entreprise que pour l’État.»

 

Le secteur public et la productivité

En même temps «l’État, entrepreneur public, doit mettre en œuvre un programme de redressement en faveur de la productivité dans les principales entreprises publiques, dont les activités sont en lien direct avec les performances du secteur privé. Il y a la STEG, dont l’amélioration de la productivité doit permettre de compenser les mesures prévues d’augmentation des coûts de l’énergie qui vont affecter la compétitivité des entreprises. Le Groupe chimique tunisien, afin de relancer le niveau de production du phosphate et ses dérivés qui contribuent de manière directe et importante aux équilibres budgétaires du pays. Le secteur des transports et de la logistique, avec en particulier l’amélioration urgente et nécessaire des conditions d’exploitation du port de Radès, dont les surcoûts liés aux mauvaises performances affaiblissent la compétitivité de nos entreprises, ou encore le secteur bancaire dont la contribution à l’économie et à l’investissement n’est pas à la hauteur des niveaux requis.»

 

Expérience européenne

Pour encourager la productivité, la France a signé un pacte avec les entrepreneurs. À ce titre, pour favoriser et débloquer la croissance, un accord a été établi  au début  de l’année courante entre les différents partenaires sociaux, dénommé «pacte de responsabilité».  Ce pacte se donne pour principal objectif d’améliorer les conditions de compétitivité des entreprises par un allégement des charges sociales en contrepartie d’un effort en matière d’emploi et de dialogue social. Deux années auparavant, un autre pacte avait été négocié en France. Il s’agissait du programme crédit d’impôt «compétitivité-emploi», constitué de plusieurs leviers de compétitivité déclinés en une trentaine de mesures concrètes. L’Italie a eu également son pacte autour de son déficit public avec des mesures centrées sur un allègement fiscal pour les revenus modestes.

S.K

 

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